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Citations sur Les désarrois de l'élève Torless (69)

"Immanquablement, ce que nous avons vécu l'espace d'un instant comme un tout et sans nous poser aucune question devient incompréhensible et confus dès que nous voulons l'enchaîner par la pensée pour nous en assurer la propriété. Et ce qui paraît considérable et mystérieux tant que nos mots ne font qu'essayer de le cerner de loin, se simplifie et perd tout pouvoir d'inquiéter dès qu'il pénètre dans l'espace de nos tâches quotidiennes".
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"Mourir ne nous est pas aussi étranger que tu le crois : nous mourons tous les jours, dans les profondeurs sans rêves du sommeil".
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Il gardait le souvenir d'une violente tempête intérieure à l'explication de laquelle les motifs qu'il trouvait encore en lui étaient loin de suffire. "Il faut donc que ç'ait été quelque chose de trop nécessaire et de trop profond, conclut-il, pour être jugé par la raison et les concepts..."
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[...] Törless devait devenir plus tard, une fois surmontée l'épreuve de l'adolescence, un jeune homme très fin et très sensible [...]
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- Mourir n'est qu'une conséquence de notre manière de vivre. Nous vivons d'une pensée à une autre pensée, d'un sentiment à un autre. Nos sentiments et nos pensées, au lieu de couler comme un fleuve paisible, nous "passent par la tête", nous "envahissent" et nous quittent: illuminations, éclairs, intermittences. En t'observant bien, tu t'aperçois que l'âme n'est pas une substance qui change de couleur par transitions nuancées, mais que les pensées en jaillissent comme des chiffres d'un trou noir. Tu as telle pensée, tel sentiment, et tout d'un coup d'autres les remplacent, surgis de rien. Si tu es très attentif, tu peux même saisir, entre deux pensées, l'instant du noir absolu. Cet instant est pour nous, une fois saisi, tout simplement la mort. Notre vie ne consiste en effet qu'à poser des jalons et à sauter de l'un à l'autre, franchissant ainsi chaque jour mille et mille secondes mortelles. Dans une certaine mesure, nous ne vivons que dans ces pauses entre deux bonds. Voilà pourquoi nous éprouvons un effroi si grotesque devant la dernière mort qui est ce que l'on ne peut plus jalonner, l'abîme insondable où nous sombrons. Pour cette manière-là de vivre, elle est vraiment la négation absolue. Mais elle ne l'est que dans cette perspective, que pour celui qui n'a jamais appris à vivre autrement que d'instant en instant. J'appelle cela le mal du sautillement; et tout le secret, c'est de le vaincre. Il faut apprendre à éprouver sa vie comme un long glissement calme. Au moment où l'on y parvient, on est aussi près de la mort que de la vie. On ne vit plus, selon nos critères communs, mais l'on peut davantage mourir, puisque avec la vie on a suspendu aussi la mort. C'est le moment de l'immortalité, le moment où notre âme, sortant de la prison du cerveau, pénètre dans ses merveilleux jardins.
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Dans une certaine mesure , il se sentait écartelé entre deux mondes : l'un solidement bourgeois , dans lequel tout se passait selon la raison et la règle ainsi qu'il en avait pris l'habitude à la maison ; l'autre , romanesque , peuplé d'ombres , de mystère , de sang , d'évènements absolument imprévisibles. Il semblait que ses deux mondes fussent incompatibles.
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« II n'y a rien d'autre à faire, mon cher Törless ; les mathématiques sont un monde en soi, et il faut y avoir vécu très longtemps pour en comprendre tous les principes. »
Quand le professeur se tut, Törless se sentit soulagé ; depuis qu'il avait entendu se refermer la petite porte, il avait eu l'impression que les mots s'éloignaient de plus en plus... vers l'autre côté, vers le lieu sans intérêt où l'on rangeait toutes les explications justes, mais insignifiantes.
Toutefois, étourdi par ce torrent de paroles et le sentiment de son échec, il ne comprit pas tout de suite qu'il était temps de prendre congé.
Aussi le professeur chercha-t-il, pour en finir, un argument décisif.
Il y avait sur un guéridon un volume de Kant, un de ces livres qu'on aime à laisser traîner avec une feinte négligence. Le professeur le prit pour le montrer à Törless.
- Vous voyez ce livre : c'est de la philosophie. Il traite des raisons qui déterminent nos actions. Supposé que vous puissiez vous retrouver dans ses profondeurs, vous vous heurteriez, là aussi, à ces axiomes nécessaires qui déterminent tout sans qu'il soit possible de les comprendre à moins d'un effort particulier. Tout à fait comme en mathématiques. Cela ne nous empêche pas d'agir continuellement d'après ces axiomes : ce qui prouve à quel point ils sont importants. Mais (ajouta-t-il avec un sourire en voyant que Törless avait ouvert le livre aussitôt et entreprenait de le feuilleter), gardez ça pour plus tard. Je ne voulais que vous donner un exemple dont vous puissiez vous souvenir ; pour le moment, ce serait un peu ardu pour vous.
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Une petite gare sur la ligne de Russie.
A perte de vue dans les deux sens, quatre voies parallèles s'allongeaient en lignes droite sur un large remblai couvert de ballastre jaunâtre ; à côté de chaque voie, comme une ombre sale, la trace noire inscrite sur le sol par les jets de vapeur brûlante.
La route qui montait vers le débarcadère de la gare, une bâtisse basse, peinte à l'huile, était large et défoncée. Ses bords se seraient confondus avec le terrain bourbeux d'alentour si ne les avaient jalonnés deux rangées d'acacias dressant tristement de chaque côté leurs feuilles desséchées, suffoquées par la poussière et le charbon.
Etatit-ce le fait de ces couleurs tristes, était-ce la lumière du soleil couchant, blême, faible, épuisée par la brume, les choses et les êtres avaient un tel air d'indifférence, d'insensibilité machinale, qu'on les aurait cru échappés d'un théâtre de marionnettes. A intervalles réguliers, le chef de gare sortait de son bureau, tournait la tête toujours selon le même angle, dans la direction des signaux qui s'obstinaient à ne pas annoncer l'arrivée de l'express retardé considérablement à la frontière ; puis il tirait sa montre, avec toujours le même mouvement de bras, il hochait la tête, et il disparaissait de nouveau, comme font ces petits personnages d'anciennes horloges, quand sonnent les heures.
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