Je voudrais qu'une jeune fille fût une herbe dans un bois, et non une plante dans une caisse.
VALENTIN.
Soit. Regardons-la bien tous les deux. Elle va passer entre ces deux touffes d’arbres. Si elle tourne la tête de notre côté, je l’aime ; sinon, je m’en vais à Paris.
VALENTIN.
Soit. Regardons-la bien tous les deux. Elle va passer entre ces deux touffes d’arbres. Si elle tourne la tête de notre côté, je l’aime ; sinon, je m’en vais à Paris.
VAN BUCK.
Tu as de singulières idées sur l’éducation des femmes. Voudrais-tu qu’on les suivit ?
VALENTIN.
Non ; mais je voudrais qu’une jeune fille fût une herbe dans un bois, et non une plante dans une caisse.
VALENTIN.
Puisque vous y tenez, mon oncle, et que vous parlez sérieusement, sérieusement je vais vous répondre : prenez du pâté, et écoutez-moi.
Ah ! Ciel ! que ne suis-je à Anvers, assis devant mon comptoir, sur mon fauteuil de cuir, et dépliant mon taffetas ! Que mon frère n’est-il mort garçon, au lieu de se marier à quarante ans passés ! Ou plutôt que ne suis-je mort moi-même le premier jour que la baronne de Mantes m’a invité à déjeuner !
Ah ! qu’on a bien raison de dire qu’une première faute mène à un précipice ! Qui m’eût pu prédire ce matin, lorsque le barbier m’a rasé et que j’ai mis mon habit neuf, que je serais ce soir dans une grange, crotté et trempé jusqu’aux os ! Quoi ! c’est moi ! Dieu juste ! à mon âge, il faut que je quitte ma chaise de poste où nous étions si bien installés, il faut que je coure à la suite d’un fou à travers champs en rase campagne ! Il faut que je me traîne à ses talons, comme un confident de tragédie, et le résultat de tant de sueurs sera le déshonneur de mon nom !
Faites-moi nommer premier ministre et vous verrez comme je ferai mon chemin.
Je voudrais qu'une jeune fille fût une herbe dans un bois, et non une plante dans une caisse.
Demande aux forêts et aux pierres ce qu’elles diraient si elles pouvaient parler. Elles ont l’amour dans le cœur et ne peuvent l’exprimer. Je t’aime ! voilà ce que je sais, ma chère ; voilà ce que cette fleur te dira, elle qui choisit dans le sein de la terre les sucs qui doivent la nourrir ; elle qui écarte et repousse les éléments impurs qui pourraient ternir sa fraîcheur !