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Rarement un livre m'aura laissé aussi perplexe. Sa lecture dont je ne saurais dire si elle m'a plu ou pas s'est étalée sur un temps élastique. D'abord lentement, péniblement tant il me mettait moi aussi le coeur à l'étroit, puis à l'abandon pendant de longs mois, attendant que je m'aguerrisse avec des lectures encore plus âpres ou que je sois capable de mettre la distance nécessaire entre lui et moi, je l'ai repris assez avidement, à mon grand étonnement. Mais ce qui n'en finit pas de me laisser perplexe, c'est que ce livre n'a jamais vraiment promis d'être agréable ou facile à lire. Il ne coule pas comme du miel. Sa lecture produit exactement l'effet recherché par son auteur dont le talent n'est plus à démontrer. Dès lors, il me semble que je ne peux pas reprocher à ce livre d'être loyal à son intention. Je trouve même assez courageux de la part de l'auteur de ne pas avoir cherché à écrire un livre plaisant.
Une lecture, donc, qui perturbe, intrigue et met mal à l'aise. On a du mal à saisir le sens de cette histoire tout en symboles. Nadia et son mari Ange, respectables instituteurs vivant leur métier comme un sacerdoce sont en proie à l'opprobre de toute la ville. Pourquoi un tel acharnement qui tourne à l'agression sur la personne d'Ange ? Ce que perçoit Nadia est-il réalité ou délire paranoïaque ? Rapidement, le couple est confiné dans son appartement bordelais, visité et soigné exclusivement par un voisin qui leur impose sa présence envahissante, les engraissant de mets toujours plus riches. Cependant, dans la succession des faits anormaux qui se produisent, c'est bien Nadia, la narratrice qui est en cause. Elle comprend qu'elle doit partir mais un épais brouillard envahit la ville et modifie tous les repères... Ceux du lecteur le sont également. Vaillamment, il doit tenter d'interpréter les signaux placés ici et là comme des fanaux dans l'étrangeté d'un texte rédigé d'une plume habile, façonnée au ciseau. Une lecture exigeante, sans confort, sans douceur, mais qui sait donner du grain à moudre, un matériau pour réfléchir et ressentir.


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Ce texte nous promène sous les pas pesants et perdus d'une institutrice cinquantenaire qui ne sait plus où elle habite.... ou qui le sait trop...
On se pose beaucoup de questions :
Qu'est ce qui lui arrive? Délire de persécution ? Victime d'exclusion ? les deux, sans doute. Réel ? Rêve ? Fantastique ? Délirium ?
Nous voilà plongés au coeur de la part d'ombre d'une femme qui souffre à un tournant de sa vie : ses cinquante ans?
Métaphore terrible, elle ne parle que de sa ménopause, d'autres y voient une grossesse, mais quelle grossesse... silence épouvanté, approche de l'immonde, de l'horreur absolue, délire encore dans lequel elle se glisse pour finalement accoucher en cachette de cette bête qu'elle portait en elle et qui la rongeait..Quelle bête? Cause de tous ses maux, de tous ses échecs, faute sans doute inavouable, tellement indicible qu'elle ne nous est pas dite...
La honte ? Honte sociale ?
La haine de soi et des autres, les jugements et le mépris qui détruisent les êtres et les relations, quelles qu'elles soient : amoureuses, filiales, sociales, amicales...Et tout cela dans un Bordeaux brumeux, tentaculaire,qui symbolise le parcours de vie de Nadia. Elle est née aux Aubiers, a renié son quartier, ses parents, ses origines, allant jusqu'à changer sa voix, son accent, ses gestes... elle s'est donc appliquée à paraître habitante digne de la rue Fondaudège avec son fils et son premier mari, électricien... mais, l'apogée de son accomplissement de femme aura été son mariage avec Ange, enseignant lui aussi et rédacteur d'articles sur la pédagogie, habitant cette fois, la rue Esprit des lois...
Et puis, un jour, le sale regard qu'elle même avait porté sur les siens, et tous ceux qui n'avaient pas fait les mêmes choix de vie qu'elle, s'est retourné contre elle...
Alors elle souffre, elle est perdue, elle ne comprend plus rien, le sol se dérobe sous elle en même temps que son corps se transforme en gonflant d'une chair débordante qu'elle ne reconnaît pas comme la sienne...
Un livre étrange, qui mélange description minutieuse d'une petite vie quotidienne petite bourgeoise bordelaise, au plus près, et irruption du fantastique dans ce trop réel pour être vrai, jusqu'à nous immerger dans des émotions fugaces : dégoût, peur, angoisse, malaise.... Une expérience de lecture rare...
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Récit à une voix, récit angoissant d'une angoisse, déstabilisant parce que la vérité est fuyante, vérité que dit ne pas connaître Nadia, et notre doute, qui sourd même quand nous sommes emportés par la lecture, embarqués avec elle, doute: faut-il croire Nadia ? Est-ce que, consciemment ou inconsciemment elle ne tord pas les faits ?
Et puis, parfois, et de plus en plus - et c'est voulu par l'auteur ou par le personnage - une antipathie envers elle, quand elle méprise le vieil instituteur/écrivain, avant que tout se déclenche, et soupçon que cela expliquerait que le couple déplaise mais sans expliquer la haine qu'elle nous décrit. Envie de prendre son parti quand elle parle durement des filles, après, quand le drame s'est intensifié, parce que cela peut-être réaction d'animal perdu. Et, malgré notre résolution de ne pas appliquer de jugement de bien-pensant confortable, recul devant sa fuite de ce qu'elle a été, son comportement avec ses parents, avec le premier mari.
Nous sommes perdus, comme, avec, contre elle.
Dans la crainte de tout ce qu'elle affronte, dans l'étrange. Dans la reconquête de son moi, de l'amour qu'elle avait pour son premier mari, pour ses parents, amour nié avec violence pour être acceptée par la ville, par Ange tel qu'elle l'imagine. Une passion, épreuve, et le soulagement peut être un peu décevant de l'apaisement final.
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La lecture à la suite d'un deuxième roman de Marie NDiaye confirme mon admiration pour sa prose singulière, percutante et somptueuse. Elle allie ce que je préfère en littérature : des ambiances évocatrices étranges et des développements psychologiques de personnages décalés. NDiaye surprend et remue, comme peu d'auteurs contemporains français.

La narratrice Nadia, dans la cinquantaine, enseigne au primaire, tout comme son mari. Elle dévoue sa vie à son travail et à ses élèves et, méritante, elle est confortablement installée dans la bourgeoisie bordelaise. Elle inspire le respect, jusqu'au jour où tout bascule. Son mari et elle se transforment en parias, sans comprendre. On les évite, on les insulte, on les agresse même physiquement dans la rue. Pourquoi ?

NDiaye, maîtresse de l'ambiguïté, introduit des éléments fantastiques dans un univers hyperréaliste, ce qui accentue le trouble. Ses allégories soulèvent nombre de questions. À nous lecteurs d'y trouver des réponses. D'abord anxiogène, le récit de Nadia devient entêtant. Il me hante encore plusieurs jours après ma lecture.
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Je dois avouer que je ne sais pas trop quoi penser de cette lecture. En ce qui concerne la forme, l'écriture est fluide et le style imagé donc c'est un livre qui se lit facilement. Par contre, le fond me laisse perplexe.
Je suis (malheureusement) du genre à aimer qu'on m'explique ce qui arrive et là, ce n'est pas le cas alors tout au long de ce livre, je n'ai pas arrêté de me poser des questions : cette femme est-elle folle ? Que se passe-t-il vraiment ? Va-t-on m'annoncer qu'elle a une grave maladie ? Mais non, on ne sait rien à la fin et ça me dérange et le pire dans tout ça, c'est que c'est sûrement fait exprès.
Pour conclure, ce livre est dérangeant mais bien écrit.
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Une amie au Caire m'a confié un jour ce livre. Elle l'avait offert à l'une de ses proches. Celle-ci l'avait abandonné sur sa table de nuit et faisait le tour du lit sans le regarder tant ce livre l'angoissait !
En fait, la narratrice du roman nous amène sur un drôle de bateau : Elle ment ? Elle est folle ? Elle est manipulée ou bien c'est elle qui nous manipule ? Elle est prisonnière d'une réalité ? C'est pour moi une belle expression du fantastique .. l'angoisse et non la peur !
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Nadia, la narratrice, partage le métier d'instituteur avec son mari à Bordeaux. Tout semblait aller pour le mieux pour eux, mais au début du récit, ils ont l'impression d'être rejetés, mis au ban de la société, pour une raison inconnue. Ce couple qui parait exemplaire est victime d'une relégation sociale inexpliquée.
Quelle faute ont-ils commise ? Sont-ils si exemplaires que cela ?
Nous nous enfonçons dans un brouillard opaque qui couvre la ville de Bordeaux. Nadia y perd ses repères, et nous aussi. Ses perceptions sont à la limite du délire paranoïaque.
Marie Ndiaye nous entraîne dans un conte mi-horrifique, mi-fantastique, dans une tragicomédie à l'atmosphère glauque et cauchemardesque.
Comme souvent dans ses livres, les relations entre les parents et les enfants sont difficiles, marquées par la honte et le manque d'amour.
Ce n'est pas le livre de Marie Ndiaye que j'ai préféré, même si beaucoup de choses m'ont plu comme cette litanie sur les états du coeur de Nadia qui traverse le livre. Peut-être a-t-elle voulu mettre trop de choses dans ce livre qui parait moins "resserré" que des romans ultérieurs, comme Ladivine qui en reprend certains thèmes.
A lire tout de même car l'univers de Marie Ndiaye est magique et entêtant.




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Ce livre réussit avec brio à inspirer le dégout, l'écoeurement, l'antipathie, l'incomprehension sans mystère... le style est torturé, désagréable. On peine à le lire, et pourtant on continue. On méprise le personnage principal, on se sent mal et on a envie de rien. de ce point de vue, ça réussit formidablement bien, c'est original et le style est superbement maitrisé.

Moi, j'ai detesté.
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J'ai dévoré ce roman en trois jours, tant ce thriller est haletant et prenant, angoissant tel un mauvais rêve. Les personnages, Nadia et Ange, professeurs cinquantenaires passionnés par leur métier, cultivés et élitistes, sont tantôt proches de nous, tantôt détestables. C'est d'ailleurs la force de l'auteur, de faire vaciller le lecteur entre empathie et dégoût, entre compréhension et incompréhension. du jour au lendemain, ils deviennent persona non grata, sans savoir pourquoi, et plongent dans un cauchemar où se mêlent blessure mortelle, voisin inquiétant et répugnant, ville de Bordeaux qui semble vouloir expulser l'heroïne du roman, Nadia. Un vrai roman fantastique, aussi déroutant qu'un film de David Lynch, admirablement écrit, une écriture que j'aurais pu continuer de suivre pour tenter de comprendre les raisons qui ont fait basculer la vie de Nadia.
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