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Citations sur Trois femmes puissantes (111)

Les transports dévastateurs de Menotti, qui voulait nettoyer, faire propre, avoir du gazon, s'en étaient pris à la haie de charmes, ratiboisée, au vieux noyer, coupé au pied, aux nombreux rosiers, déterrés puis, Menotti s'étant ravisée, replantés ailleurs, et qui agonisaient.
Et Menotti allait, satisfaite d'asseoir par la destruction ses droits de propriétaire, comme si, avait songé Rudy en la voyant rouler ses larges hanches entre deux tas de buis centenaires arrachés, rien ne démontrait mieux la légitimité de sa toute-puissance que l'anéantissement du travail patient, des témoignages du goût simple, délicat, de tous ceux, fantômes innombrables, qui l'avaient précédée dans cette maison et qui avaient planté, semé, ordonné la végétation.
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Et celui qui l'accueillit où qui parut comme fortuitement sur le seuil de sa grande maison de béton, dans une intensité de lumière soudain si forte que son corps vêtu de clair paraissait la produire et la répandre lui-même, cet homme qui se tenait là, alourdi, diffusant un éclat blanc comme une ampoule au néon, cet homme surgi au seuil de sa maison démesurée n'avait plus rien, se dit aussitôt Norah, de sa superbe, de sa stature, de sa jeunesse auparavant si mystérieusement constante qu'elle semblait impérissable.
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Quant aux rares coups de chance, il avait pris l’habitude de les accueillir avec un tel scepticisme, son visage défiant manifestait si éloquemment qu’il n’était pour rien dans le bref passage du bonheur dans leur maison qu’il ne serait venu à l’idée de personne de lui en savoir gré.
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Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye
Il percevait près de lui un souffle que le sien, une autre présence dans les branches. Depuis quelques semaines il savait qu'il n'était plus seul dans son repaire et il attendait sans hâte ni courroux que l'étranger se révélât bien qu'il sût déjà de qui il s'agissait, parce que ce ne pouvait être nul autre. Il n'en éprouvait pas d'irritation car dans l'obscure quiétude du flamboyant son coeur battait alangui et son esprit était indolent. Mais il n'en éprouvait pas d'irritation: sa fille Norah était là, près de lui, perchée parmi les branches défleuries dans l'odeur sure des petites feuilles, elle était là sombre dans sa robe verte tilleul, à distance prudente de la phosphorescence de son père, et pourquoi serait-elle venue se nicher dans le flamboyant si ce n'était pour établir une concorde définitive? Son coeur était alangui, son esprit indolent. Il entendait le souffle de sa fille et n'en éprouvait pas d'irritation.
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Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye
Etait-ce parce que cet homme débraillé avait perdu toute légitimité pour porter sur elle un regard critique ou deçu ou sévère, ou parce que forte de ses 38 ans, elle ne s'inquiétait plus avant toute chose du jugement provoqué par son apparence, elle se dit en tout cas qu'elle se serait sentie embarrassée, mortifiée de se présenter, quinze ans auparavant, suante et fatiguée devant son père dont le physique et l'allure n'étaient jamais affectés par le moindre signe de faiblesse ou de sensibilité à la canicule, tandis que cela lui était indifférent aujourd'hui et que de même, elle offrait à l'attention de son père, sans le détourner, un visage nu, luisant qu'elle n'avait pas pris la peine de poudrer dans le taxi, se disant surprise : Comment ai-je pu accorder de l'importance à tout cela....
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Mais elle avait ignoré que le mal pouvait avoir un regard gentil, qu’il pouvait être accompagné d’une fillette exquise et prodiguer de l’amour – oh, c’est que l’amour de Jakob, impersonnel, inépuisable et vague, ne lui coûtait rien, elle le savait maintenant.
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Ces chevilles alors paraissaient ailées car comment auraient-elles pu, si étroites, si raides, deux vaillants petits bâtons bien droits recouverts d'écorce luisante, transporter aussi vite et légèrement le long corps délié, dense, musclé de la jeune Fanta, comment l'auraient-elles pu, s'était-il demandé avec ravissement, sans le renfort de deux petites ailes invisibles...
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(Khadry)
Khadry savait qu’elle n’existait pas pour eux.
Parce que leur fils unique l’avait épousée en dépit de leurs objections, parce qu’elle n’avait pas enfanté et qu’elle ne jouissait d’aucune protection, ils l’avaient tacitement, naturellement, sans haine ni arrière-pensée, écartée de la communauté humaine, et leurs yeux durs, étrécis, leurs yeux de vieilles gens qui se posaient sur elle ne distinguaient pas entre cette forme nommée Khadry et celles, innombrables, des bêtes et des choses qui se trouvent aussi habiter le monde. Khadry savait qu’ils avaient tort mais qu’elle n’avait aucun moyen de le leur montrer, autre que d’être là dans l’évidence de sa ressemblance avec eux, et sachant que cela n’était pas suffisant elle avait cessé de se soucier de leur prouver son humanité.
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(Rudy et Fanta)
Il ne devait pas, certes, lui parler ainsi, aucun homme n’en a le droit. Mais ce qui l’avait poussé à laisser franchir ses lèvres certains mots que ne doit prononcer un homme dont le plus violent désir est de se faire aimer comme avant, il le revoyait mal, comme si ces phrases terribles (qu’étaient-elles donc, d’ailleurs, exactement ?) avaient explosé dans sa tête, détruisant tout le reste.
Etait-il juste alors qu’il se sentît tellement blâmable ? S’il pouvait seulement, songeait-il, prouver devant son propre tribunal intérieur qu’il avait quelque raison valable de plonger dans une si grande colère, c’est avec plus de mesure qu’il regretterait son emportement et tout son caractère s’en trouverait adouci.
Tandis que sa honte présente, exaltée, tourbillonnante et chaotique, ne faisait que le mettre en rogne.
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(Norah)
La cuisine était la plus petite pièce et la plus malcommode de cette maison disproportionnée et cela aussi, Norah s’en souvenait, elle l’avait inscrit dans l’inépuisable colonne des griefs à l’encontre de son père, sachant bien qu’elle ne lui ferait part ni des graves ni des bénins, sachant bien qu’elle ne pourrait jamais rappeler dans la réalité du face-à-face avec cet homme insondable l’audace dont elle ne manquait pas au loin pour l’accabler de reproches et de ce fait mécontente, déçue par elle-même et plus fâchée encore contre lui de plier le genou, de n’oser rien lui dire.
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