La Défense Loujine

Le livre n'est pas trés facile à lire, mais il a au moins un qualité, c'est de réussir à peindre le fameux Loujine comme un personnage complètement engoncé dans sa passion des échecs, au point de confondre sa propre vie avec une partie sans fin. Les descriptions des pensées de Loujine sont grandioses, sa démence est racontée avec une précision infinie, noire parfois, diabolique même. Nabokov est un écrivain indéniablement, mais difficile à parcourir.

Les plus grands joueurs d'échecs sont-ils tous des cas à part, des êtres marginalisés par leur passion au point de ne pas pouvoir vivre pleinement en société? J'ai croisé la route de Czentovic et de Monsieur B dans le joueur d'échec de S. Zweig, et je croise maintenant celle de Loujine.

Dès son enfance, Loujine se sent à part, non intégré au monde dans lequel il est sensé vivre, jusqu'à ce qu'il tombe par hasard sur un jeu d'échec et qu'il soit initié.
Les progrès sont fulgurants et lui ouvrent les portes des tournois, d'abord avec un "agent", puis seul, tandis qu'il se coupe davantage de sa famille.
Et, en effet, le jeu ne le quitte plus, que ce soit face à un échiquier ou en imagination, face à un ou plusieurs joueurs.
Alors qu'il a désormais la trentaine, il fait la connaissance d'une jeune femme qui voit au delà de l'image que Loujine donne de lui-même, sale, laid, frustre. Elle seule pense qu'elle peut éveiller Loujine à autre chose.
Mais quand on joue un véritable culte aux échecs, peut-on concevoir sa vie sans? Peut-on vivre sa vie sans la penser elle-même comme une partie d'échec, avec un adversaire en train de préparer une attaque en règle?
Le roman est construit dans une narration à la troisième personne, les paroles sont le plus souvent intégrées à la trame narrative, donnant un aspect dense au corps du texte.
Pour moi, ce n'est pas une lecture qui restera dans les annales, je l'ai trouvé monotone.