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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est en 1939 que Nabokov, ressentant les premiers frémissements de « Lolita », met par écrit, sous la forme d'une nouvelle écrite en russe comme tous les romans de cette époque, une « pré-Lolita », qu'il considère comme un échantillon de son oeuvre maîtresse. La nouvelle, assez courte, a pour titre Volchebnik (le magicien), traduit en français par « L'enchanteur ».
Insatisfait de ce texte, Nabokov l'abandonne, puis l'oublie complètement. Il pensait l'avoir perdu quand, en 1959, celui-ci apparaît de nouveau tandis que Véra et lui sont en train de rassembler des documents, et que, le redécouvrant, il trouve le texte très beau et souhaite le publier. Débordé entre temps par quantité de projets plus urgents, il oublie cette publication et « L'Enchanteur » ne paraît qu'en 1986, après sa mort, dans une traduction anglaise de son fils, Dmitri Nabokov, augmentée d'une postface écrite de sa main.
« L'Enchanteur » fait donc partie de la prose magnifique écrite en russe par Nabokov. Tout commence par une introspection. le protagoniste se demande comment qualifier son attirance poignante pour les petites filles : une maladie ? un crime ?... Dans son monde enchanté, à mi-chemin entre le jardin édénique et le tricotage machiavélique, il déambule, à travers un suspens de plus en plus glaçant, entre l'inventaire critique et la mise en oeuvre de ses pulsions. le lecteur, quant à lui, est saisi par l'envoûtement que lui procure l'extraordinaire lyrisme de la langue, entre enchantement et bouffonnerie.

http://www.christinamirjol.com/

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On se demande, à la lecture de cette longue nouvelle, qui est l'enchanteur censé voler de page en page à la poursuite d'un bonheur interdit ; ce vieil homme amoureux d'une nymphette ou l'auteur lui-même, génie des mots, magicien de la langue, qui d'un coup de baguette magique - ou de crayon - transforme le lugubre en poésie virevoltante, le sordide en prose colorée, ludique et géniale. Loin de n'être qu'un simple "brouillon" de sa future 'Lolita', cette histoire européenne décrit un autre univers nabokovien, et surtout, une autre fin, peut-être plus morale. On en retiendra le génie littéraire phénoménal de son auteur, son sens du détail infime qui offre toujours à ses rêveries un lyrisme déchaîné ; un monde réel qui n'existe que dans nos imaginaires.
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du grand, du très grand Nabokov !

Rarement il nous a été donné de nous trouver emporté en tant que lecteur dans la tête d'un homme pris de folie avec une si obsédante proximité, dans un récit aussi intensément paroxysmique et dans la description explicite et presque palpable d'une déviance malheureusement trop peu rare : la pédophilie.

Cette nouvelle a été écrite en 1939, mais n'a été publiée qu'en 1986, bien après le scandale de Lolita (1959) et la mort de son auteur (1977). Les nymphettes à venir percent déjà sous l'enfant de ce récit implacable.

Comment, à partir de fulgurances poétiques et d'émotions esthétiques ressenties au spectacle d'une enfant faisant du patin à roulettes dans un jardin public, un homme, de trente ans son aîné, peut-il en arriver à ne plus agir que sous l'emprise d'une obsession irrépressible, sans cesse dévorante et finalement destructrice ?

Nabokov, par l'envoûtement de son talent, en combinant un érotisme poétique avec un humour frisant parfois la farce, nous entraîne par une savante et progressive dérive du charme éprouvé de l'innocente beauté d'une fillette jusqu'à l'horreur d'un viol prémédité. Il sonde et décrit ainsi en quelque sorte le caractère inéluctable de la mécanique de la folie. Il y a du fantastique dans les nouvelles de Nabokov, mais, en même temps, il nous offre toujours un aspect très réaliste dans ses utopies. Je le pensais il y a deux ans (voir La Vénitienne et autres nouvelles), je le confirme aujourd'hui.

Passée au travers des mailles de deux traductions (du russe vers l'anglais, puis de l'anglais vers le français) l'écriture de Nabokov apparaît ici dans toute sa splendeur, malgré --ou à cause de ?-- l'effrayante et ténébreuse immoralité du sujet traité. Quelle merveille cela doit-il être en russe !
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