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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A Téhéran, être convoqué à l'Ershad, le ministère de l'Orientation islamique, n'est jamais bon signe. Surtout si l'on est un journaliste français venu enquêter officieusement sur la réélection très contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Pourtant, à sa grande surprise, Narek Djamshid est missionné à Ispahan pour couvrir un odieux fait divers. Dans l'ancienne capitale des Safavides, un tueur en série étrangle des chanteuses avec leur foulard et dépose sur les lieux du crime un bouquet de tulipes séchées. Deux femmes sont déjà mortes. La très célèbre Roxana, qui chantait autrefois pour le Shah, et Nadia, une jeune étudiante.
Narek se rend donc à Ispahan où il fait la connaissance de Mona, une gynécologue obstétricienne, particulièrement touchée par les meurtres. Elle était une amie d'enfance de Roxana et avait reçu Nadia en consultation. Ainsi que de la sulfureuse Shadi, une chanteuse toxicomane qui ne le laisse pas insensible. Quand elle est enlevée, tout le monde craint pour sa vie. Mais qui est donc cet homme qui traque les chanteuses ? Un Afghan comme les Iraniens aimeraient le croire ou un intégriste qui veut les punir d'avoir donner de la voix quand le chant est interdit aux femmes par la loi islamiste ?

Retour en Iran pour le journaliste français d'origine iranienne Narek Djamshid. Cette fois, il enquête à Téhéran, ou plutôt il se laisse ballotter par les événements, surtout préoccupé par la belle Shadi.
Encore une fois, l'enquête n'est ici qu'un prétexte pour évoquer les vicissitudes de la vie en Iran. Entre corruption et trafic de drogue, les mollahs sont plus prompts à édicter lois liberticides et interdits en tout genre qu'à les appliquer personnellement.
Dans cet opus, on rencontre aussi des femmes en lutte. Par le chant comme Shadi, par des actions sociales comme Mona qui aident les toxicomanes ou les femmes désireuses d'avorter, elles se battent quotidiennement contre les diktats des gardiens de la révolution.
Une incursion intéressante dans la société iranienne qui vaut plus pour le voyage au pays des mollahs que pour l'enquête policière.
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Dans un royaume où les ignorants sont rois,
un homme a volé la voix des femmes.


Que ce soit à Ispahan, à Téhéran ou ailleurs dans la République islamique d'Iran, les hommes de la révolution disent que les bébés filles pleurent plus que les garçons. Les petites filles peuvent en effet se lamenter sur les entraves de leur destinée.

À l'école, on contrôlera qu'elles ne se maquillent pas, même les ongles, et il leur sera interdit de s'épiler avant le mariage. Elles ne s'afficheront pas en rue main dans la main avec un amoureux et ils monteront séparément dans l'autobus. Il leur sera interdit de chanter seules devant une assemblée: dans un choeur, les autres voix protégeront mieux leur pudeur. le mariage verra leur mari disposer de leur fortune même s'il est polygame, ce que la loi n'interdit pas encore. En cas de divorce, la garde des enfants reviendra automatiquement au père. Mais attention, certains mariages pourraient ne durer que quelques heures, le temps d'un prostitution légale. Il serait aussi préférable de subir une mutation transsexuelle plutôt que d'afficher son homosexualité. Et qu'un chrétien tente de séduire une musulmane, il est passible de peines de justice.(1)

Le militantisme actif des iraniennes traduit leur situation dévalorisante. le récit de Naïri Nahapétian n'est, à mon sens, ni un thriller ni un roman policier mémorable, mais un excellent prétexte pour dénoncer cette situation. Enfant, elle a quitté l'Iran pour la France où elle est aujourd'hui journaliste. Son style dépouillé et déterminé convient à ce genre de polar documentaire qui réussit à dévoiler des visages de ce pays. Je ne m'attarde pas sur les détails de l'intrigue somme toute assez convenus. Des femmes qui ont décidé de chanter seules publiquement sont enlevées et assassinées. Trafic, corruption et abus du pouvoir oppressant sont des ingrédients inévitables.

En fin de livre, quatre pages de vocabulaire persan et un aperçu des grandes dates historiques en Iran depuis 1977: concis et pratique, une bonne note pour les éditions Liana Levi.

Soyons positifs: l'accès massif des femmes à l'éducation, leur part de plus en plus active dans la cohésion sociale de la république (11 % de la population active), l'importance de leur rôle dans le développement du pays, laissent penser que leur émancipation n'est qu'une question de temps.

Le Zayandeh Rud, "celui qui donne la vie", le fleuve qui traverse Ispahan, aurait été détourné et asséché par les hommes de la révolution islamique. Que celles qui donnent la vie à Ispahan fredonnent à nouveau le long de ses flots.(2)

(1) Ces atteintes aux droits des femmes dans ce pays sont toutes soulignées dans la fiction de Naïri Nahapétian. Afin de compléter ces informations, je vous invite à consulter le condensé de l'histoire des femmes en Iran sur wikipédia.
(2) Selon France 24, le fleuve coule normalement à Ispahan depuis fin 2011.

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Belle découverte avec cette auteure iranienne, roman qui dépasse parfois la fiction.
Le chant est aussi un moyen d'expression que le serial-killer condamne par ses crimes en déposant des tulipes représentant la révolution islamique. Par le biais de ce policier, l'auteur nous laisse un message sur la liberté d'expression bafouée et réprimée dans son pays.
Naïra Nahapétian nous dénonce les conditions des femmes iraniennes dont l'application de la charia régentée par des islamistes radicaux.
Peut-être, me diriez-vous que le scénario est en somme très classique.
Et effectivement, il l'est mais là où je le trouve intéressant : l'auteur nous propose un lexique ainsi qu'une brève chronologie de son pays.
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Deux chanteuses disparaissent à Ispahan. C'est qu'au pays des Mollahs, on ne plaisante pas avec la morale religieuse… du moins en apparence, car à y regarder de plus près, l'hypocrisie règne.
Si l'intrigue policière ne présente pas d'intérêt particulier, et se révèle assez poussive, elle n'en présente pas moins le mérite de montrer les dessous d'un pouvoir iranien incapable de canaliser une soif de liberté de ses habitants, et surtout de ses habitantes .Cette société asservie depuis plus de trente ans use de mille et une astuce pour contourner des lois imbéciles, discriminatoires, contraires aux règles élémentaires d'humanité ; des lois qui sont remises en questions jusqu'au coeur même du pouvoir et de la haute administration. Tout un pan de la jeunesse s'adonne aux vices de l'occident dénoncés, et sévèrement réprimandés par des mollahs complices et corrompus.
Les iraniens sont à bout de souffle ; les dernières révoltes de 2009 en sont la preuve.
Naïri Nahapétian, sait de quoi elle parle. Ella a choisi le registre «plus léger » du polar pour s'exprimer, et dénoncer plus librement une situation dont on espère bientôt la fin. Les dictatures, quelles qu'elles soient finissent pas tomber ; mais chacune à son rythme, et à sa manière….




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Amateurs de thrillers à la mode de Chattam, passez votre chemin, Naïri Nahapétian n'écrit pas pour remplir son compte en banque en exploitant votre fascination pour les psychopathes dépeceurs de cadavres, tortionnaires sataniques et autres collectionneurs d'organes féminins.

Avec ce polar elle nous parle de son pays natal et, si le procédé n'est pas nouveau, il s'avère efficace.
L'intrigue n'a rien d'extraordinaire mais elle guide parfaitement le lecteur de Téhéran à Ispahan à la découverte de cet Iran contemporain peu connu et souvent fantasmé.

L'auteure nous dévoile un peu du quotidien des Iraniens mais focalise son propos sur le népotisme quasi maffieux de l'appareil d'état, l'instrumentalisation de l'Islam et "l'apartheid" qui régit les rapports homme/femme hors et dans l'espace public.
Sur la condition féminine, Naïri Nahapétian confirme le tableau dépeint par Chahdortt Djavann dans l'accablant "Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !".

On pourra regretter quelques maladresses et simplicités dans la construction dramatique de l'intrigue mais la pertinence du témoignage n'en est pas altérée.

A lire
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L'auteure nous emmène en Iran. 2009. Roxana, une jeune chanteuse, est retrouvée morte dans le théâtre où elle répétait. Près d'elle, une tulipe rouge. Mona, sage-femme, veut comprendre les raisons de la mort de son amie. D'autant qu'une jeune femme, elle aussi chanteuse, vient lui demander son aide. Narek, journaliste né à Téhéran, est chargé de couvrir l'affaire. Qui veut ainsi réduire les femmes au silence ?
Un roman policier de lecture agréable qui présente surtout l'intérêt de nous plonger dans la société contemporaine iranienne à travers la condition féminine.
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« Dans un royaume où les ignorants sont rois, un homme a volé la voix des femmes. Il a emporté leur chant, semé des tulipes sur leur chemin et la joie s'en est allé ». Ce refrain chanté par Roxana, une célèbre star iranienne, signe les meurtres d'un serial killer de femmes qui sévit en plein coeur d'Ispahan alors que le régime répressif d'Ahmadinejad resserre un peu plus encore son filet. Narek, un jeune journaliste franco-iranien tente de résoudre l'énigme.
Ce ressort dramatique sert de point départ pour nous entraîner dans les coulisses d'une société où la musique, la drogue, le sexe, le fric, en un mot presque tout, doit être dissimulé. L'auteur utilise ce genre littéraire pour souligner non seulement l'obsession du régime pour le corps des femmes et la névrose de ces dernières qui, derrière leur voile, s'adonnent sans compter à la chirurgie esthétique, mais aussi dénoncer la corruption qui règne à tous les étages, les trafics en tout genre ou encore la violence envers les réfugiés afghans.
Des chapitres courts et un vocabulaire simple tricotent un polar classique par son mécanisme, mais efficace grâce à une tension qui monte en gamme, intéressant pour son contenu géopolitique et enfin attachant par ses personnages principaux. Entre les lignes, on y retrouve également une certaine ironie, l'humour restant pour certains Iraniens l'ultime politesse du désespoir. En conclusion, un bon moment de lecture et une belle découverte.
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Surtout intéressant pour son côté documentaire, ce roman policier, agréable à lire, nous fait découvrir les aspects méconnus de la vie quotidienne du peuple Iranien et surtout de ses femmes.
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Autant j'ai énormément apprécié le premier ouvrage de Naïri Nahapétian, autant celui-ci, je le trouve un peu plus faible. C'est très bien écrit avec un style très fluide mais je trouve que l'intrigue est un peu faible. L'auteur décrit bien les interdits de la société iranienne (homosexualité, transexualité, relations homme-femme, les mariages consentis entre homme et femme pendant quelques heures etc.) et pointe du doigt les contradictions auxquelles fait face le régime corrompu. Cependant, je suis restée sur ma faim en ce qui concerne les motivations du tueur !!!
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