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EAN : 9782867465871
219 pages
Liana Lévi (02/02/2012)
3.16/5   35 notes
Résumé :


Interdit de montrer ses cheveux. Interdit de s'habiller sans respecter l'uniforme islamique. Et interdit de chanter en public.

Les ayatollahs ne manquent pas d'idées quand il s'agit d'entraver la liberté des femmes. Pourtant, lorsque la grande chanteuse Roxana revient dans la ville de son enfance, après un long exil aux Etats-Unis, certains de ses airs résonnent encore dans les taxis d'Ispahan.

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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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IRAN 2010-2011

Ispahan deux femmes sont successivement assassinées selon le même modus operandi : étranglées avec leur foulard, un bouquet de tulipes en soie déposé à leur côté comme une signature.
Téhéran, le journaliste franco-iranien Tarek Djamshid, de retour au pays trente ans après la chute du Shah, est convoqué aussitôt arrivé en ville par le Ministère de l'Orientation Islamique (l'ershad) qui lui conseille d'aller fourrer son nez du côté de la capitale des Safavides où un serial killer semble sévir: deux victimes du milieu musical iranien, la première Roxana, une ex-star de la pop iranienne des années 70, la seconde Nadia, une jeune musicienne de 19 ans.

A Ispahan la psychose grandit dans la gente féminine. Mona Shiraza, gynécologue obstétricienne dans un dispensaire de quartier défavorisé, est très émue et troublée. Roxana était une amie d'enfance, Nadia était une patiente. Pour cette militante des droits de l'Homme, ces assassinats sont choquants. de plus, elle est hanté par les paroles d'un refrain d'une des chansons de Roxana: « Dans un royaume où les ignorants sont rois, un homme a volé la voix des femmes. Il a emporté leur chant, semé des tulipes sur leur chemin, et la joie s'en est allée. »

La Brigade criminelle, dirigée par Abas Velami qui ne se sépare jamais de sa profileuse, occupée par un trafic d'opium s'en détourne assez vite attirée par ce nouveau fait divers qui fait la une des journaux et, qui devient de plus en plus mystérieux: une troisième artiste s'est volatilisée, disparue, mais le corps n'a pas été retrouvé et pas de traces de bouquet de tulipes.

Dans un Iran conservateur et répressif dirigé par Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), les protagonistes de ce Dernier refrain à Ispahan regrettent les années du mollah réformateur Mohammad Khatami (1995-2005) marquées par l'épanouissement de la société civile ainsi que de la vie culturelle. L'occasion pour Naïri Nahapétian de dévoiler la face cachée de la République Islamique: la présence omniprésente des Pasdarans les gardiens de la Révolution, les détournements d'argent, la corruption, les violations des libertés,la drogue ...

Une plongée dans la condition des femmes en Iran, une vision de leur quotidien quelque soit leur âge, leur origine sociale ou leur diversité culturelle. Une intrigue qui nous mène hors des sentiers battus: découverte du milieu artistique underground avec ses excès (sexe, drogue), visite de services sociaux et, pour toile de fonds les nombreuses étendues de la corruption: détournement du Zayandeh Rud (« celui qui donne la vie ») au profit des « apparatchiks » du régime afin d'irriguer leur propriété, trafic de stupéfiants, tortures dans la prison d'Evin...

J'ai beaucoup apprécié la délicatesse avec laquelle Naïri Nahapétian brosse sa galerie de portraits féminins, en douceur avec tendresse et sensualité. Dans Dernier refrain à Ispahan, Mona est le porte voix de toutes les femmes, leur étendard, elle sera de la partie pour élucider cette affaire.
J'ai aussi aimé me promener dans Ispahan, dans les quartiers des communautés minoritaires, à Djolfa avec les Arméniens mais aussi dans le vieux quartier juif. Un réel plaisir de déambuler dans un Iran qui peut être tolérant.

 Dans un royaume où les ignorants sont rois, un homme a volé la voix des flots. Il a emporté leur eau, semé des tulipes dans leur lit, et la joie s'en est allée...

Une lecture agréable, plaisante, à l'image de son auteur, rencontrée au Festival Toulouse Polars du Sud . On y ressent l'attachement pour son pays d'origine qu'elle a quitté à l'âge de 9 ans.
Une nouvelle voix qui nous permet d' en écouter beaucoup d' autres.
Un polar au parfum oriental.

Quant à moi, je n'ai plus qu'à prendre la direction de Téhéran pour rejoindre le reporter Tarek Djamshid pour sa première affaire Qui a tué l'ayatollah Kanuni?
Un autre polar au pays des mollahs.

A savoir qu'une chronologie succincte agrémentée d'un lexique des termes arménien et persan accompagnent le lecteur pour mieux situer le contexte dans lequel évoluent les protagonistes.
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A Téhéran, être convoqué à l'Ershad, le ministère de l'Orientation islamique, n'est jamais bon signe. Surtout si l'on est un journaliste français venu enquêter officieusement sur la réélection très contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Pourtant, à sa grande surprise, Narek Djamshid est missionné à Ispahan pour couvrir un odieux fait divers. Dans l'ancienne capitale des Safavides, un tueur en série étrangle des chanteuses avec leur foulard et dépose sur les lieux du crime un bouquet de tulipes séchées. Deux femmes sont déjà mortes. La très célèbre Roxana, qui chantait autrefois pour le Shah, et Nadia, une jeune étudiante.
Narek se rend donc à Ispahan où il fait la connaissance de Mona, une gynécologue obstétricienne, particulièrement touchée par les meurtres. Elle était une amie d'enfance de Roxana et avait reçu Nadia en consultation. Ainsi que de la sulfureuse Shadi, une chanteuse toxicomane qui ne le laisse pas insensible. Quand elle est enlevée, tout le monde craint pour sa vie. Mais qui est donc cet homme qui traque les chanteuses ? Un Afghan comme les Iraniens aimeraient le croire ou un intégriste qui veut les punir d'avoir donner de la voix quand le chant est interdit aux femmes par la loi islamiste ?

Retour en Iran pour le journaliste français d'origine iranienne Narek Djamshid. Cette fois, il enquête à Téhéran, ou plutôt il se laisse ballotter par les événements, surtout préoccupé par la belle Shadi.
Encore une fois, l'enquête n'est ici qu'un prétexte pour évoquer les vicissitudes de la vie en Iran. Entre corruption et trafic de drogue, les mollahs sont plus prompts à édicter lois liberticides et interdits en tout genre qu'à les appliquer personnellement.
Dans cet opus, on rencontre aussi des femmes en lutte. Par le chant comme Shadi, par des actions sociales comme Mona qui aident les toxicomanes ou les femmes désireuses d'avorter, elles se battent quotidiennement contre les diktats des gardiens de la révolution.
Une incursion intéressante dans la société iranienne qui vaut plus pour le voyage au pays des mollahs que pour l'enquête policière.
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Dans un royaume où les ignorants sont rois,
un homme a volé la voix des femmes.


Que ce soit à Ispahan, à Téhéran ou ailleurs dans la République islamique d'Iran, les hommes de la révolution disent que les bébés filles pleurent plus que les garçons. Les petites filles peuvent en effet se lamenter sur les entraves de leur destinée.

À l'école, on contrôlera qu'elles ne se maquillent pas, même les ongles, et il leur sera interdit de s'épiler avant le mariage. Elles ne s'afficheront pas en rue main dans la main avec un amoureux et ils monteront séparément dans l'autobus. Il leur sera interdit de chanter seules devant une assemblée: dans un choeur, les autres voix protégeront mieux leur pudeur. le mariage verra leur mari disposer de leur fortune même s'il est polygame, ce que la loi n'interdit pas encore. En cas de divorce, la garde des enfants reviendra automatiquement au père. Mais attention, certains mariages pourraient ne durer que quelques heures, le temps d'un prostitution légale. Il serait aussi préférable de subir une mutation transsexuelle plutôt que d'afficher son homosexualité. Et qu'un chrétien tente de séduire une musulmane, il est passible de peines de justice.(1)

Le militantisme actif des iraniennes traduit leur situation dévalorisante. le récit de Naïri Nahapétian n'est, à mon sens, ni un thriller ni un roman policier mémorable, mais un excellent prétexte pour dénoncer cette situation. Enfant, elle a quitté l'Iran pour la France où elle est aujourd'hui journaliste. Son style dépouillé et déterminé convient à ce genre de polar documentaire qui réussit à dévoiler des visages de ce pays. Je ne m'attarde pas sur les détails de l'intrigue somme toute assez convenus. Des femmes qui ont décidé de chanter seules publiquement sont enlevées et assassinées. Trafic, corruption et abus du pouvoir oppressant sont des ingrédients inévitables.

En fin de livre, quatre pages de vocabulaire persan et un aperçu des grandes dates historiques en Iran depuis 1977: concis et pratique, une bonne note pour les éditions Liana Levi.

Soyons positifs: l'accès massif des femmes à l'éducation, leur part de plus en plus active dans la cohésion sociale de la république (11 % de la population active), l'importance de leur rôle dans le développement du pays, laissent penser que leur émancipation n'est qu'une question de temps.

Le Zayandeh Rud, "celui qui donne la vie", le fleuve qui traverse Ispahan, aurait été détourné et asséché par les hommes de la révolution islamique. Que celles qui donnent la vie à Ispahan fredonnent à nouveau le long de ses flots.(2)

(1) Ces atteintes aux droits des femmes dans ce pays sont toutes soulignées dans la fiction de Naïri Nahapétian. Afin de compléter ces informations, je vous invite à consulter le condensé de l'histoire des femmes en Iran sur wikipédia.
(2) Selon France 24, le fleuve coule normalement à Ispahan depuis fin 2011.

Lien : http://marque-pages.over-blo..
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Lu dans le cadre du comité de lecture de la Médiathèque de Bandol, je ne peux que recommander l'acquisition de ce thriller palpitant, qui, originalité, se situe en Iran "pays sous embargo international" donc en profite pour dénoncer les nombreuses censures édictées par la République islamiste (pas toujours connues du grand public).
Roxana "l'une des plus belles voix d'Orient" après s'être exilée aux Etats-Unis suite à la révolution, est revenue sur Ispahan pour préparer un "concert clandestin". Dans cette ville conservatrice,où il "est interdit aux femmes de chanter en public" (car le son de leur voix peut "éveiller la sexualité masculine") elle se fait assassiner.
Le meurtrier est sans doute un sérial killer car il établit un étrange rituel basé sur un refrain et que, de plus, un autre meurtre se produit.
Outre l'analyse psychologique très fouillée des personnages d'où émergent Narek, le journaliste ressortissant français, chargé de l'enquête par son magazine; Mona la sage-femme (ex amie de Roxana) qui reçoit des opposants dans son dispensaire, David le pianiste; Darya, fille de Roxanna qui cache ses pensées sous son tchador; Shadi "la musicienne underground" séductrice aux pupilles dilatées; Vladimir son amant trafiquant d'alcool; le général Ghomi, dur de dur; ce roman policier dépayse et nous entraine dans des milieux différents (drogue,musique,mileu policier répressif...) qui sont souvent ceux des passe-droits. A noter aussi l'angoisse qui monte crescendo avec meurtres,allusions aux viols et tortures en prison,enlèvement...qui maintiennent l'intérêt du lecteur.
Après lecture, on se dit qu'il est bon de vivre en France où l'on peut chanter,utiliser un portable,écrire des SMS,s'habiller à son gout,s'épiler,se maquiller,où il n'existe pas de ségrégation sexuelle....! Ce thriller serait-il engagé?
Naïri Nahapétian, dont le premier roman Qui a tué l'ayatollah Kanuni? a été salué par les médias (Le Monde, Le Point,Le Parisien..) et publié en plusieurs langues, effectue des "reportages pour des périodiques français"; Dernier refrain à Ispahan est assurément un nouveau best-seller.
Bravo!
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Belle découverte avec cette auteure iranienne, roman qui dépasse parfois la fiction.
Le chant est aussi un moyen d'expression que le serial-killer condamne par ses crimes en déposant des tulipes représentant la révolution islamique. Par le biais de ce policier, l'auteur nous laisse un message sur la liberté d'expression bafouée et réprimée dans son pays.
Naïra Nahapétian nous dénonce les conditions des femmes iraniennes dont l'application de la charia régentée par des islamistes radicaux.
Peut-être, me diriez-vous que le scénario est en somme très classique.
Et effectivement, il l'est mais là où je le trouve intéressant : l'auteur nous propose un lexique ainsi qu'une brève chronologie de son pays.
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critiques presse (1)
Lexpress
21 juin 2012
Naïri Nahapétian connaît son sujet sur le bout des doigts et l'aspect documentaire de son roman est, de loin, le plus intéressant. On est, avec elle, dans un pays où les femmes sont soumises à une terrible série d'humiliations mais se dressent telles des Antigone modernes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Ignorant toujours Narek, Shadi s'installa près d'un garçon à la chemise blanche immaculée. Celui-ci lui tendit de minuscules capsules bleues
- Tu dois te demander ce que c'est? murmura Vladimir. Tu as déjà entendu parler des larmes d'Allah?
- Les larmes d'Allah?
- C'est une drogue de synthèse très répandue dans les milieux huppés. On y fume beaucoup d'opium à l'ancienne, associé à des remontants. Les larmes d'Allah, précisa-t-il, sont un excitant.
Vladimir ajouta ensuite avec un drôle de sourire:
- Tu voudrais essayer? Si tu veux, tu m'en parles et je t'arrange ça...
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-Marjan,expliqua le policier,a étudié la psychanalyse à l'université de Téhéran...
-Vous voulez dire la psychologie mon cher Abbas,corrigea la profileuse d'un ton sec.En Iran, nous nous inspirons davantage du comportementalisme que de Freud ou de votre incompréhensible Lacan.Je ne porte que peu de foi à toutes ces questions d'Oedipe.un bon musulman ne saurait tomber amoureux de sa mère!Les règles de la charia sont là pour empêcher de telles perversités...
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À Kerman, le tueur infiltrait des soirées clandestines afin de repérer ses victimes parmi la jeunesse dorée. Il gagnait leur confiance, avant de les assassiner. À Mashad, ville sainte des confins orientaux de l’Iran, le serial killer s’en prenait à des prostituées. La presse l’avait baptisé l’Araignée, car il entraînait ses victimes chez lui pour les violer avant de les étrangler. Le serial killer de Téhéran quant à lui était surnommé la Chauve-souris. C’était un chauffeur de taxi. La nuit, il conduisait ses clientes dans des terrains vagues où il les étranglait avec leur foulard.
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Roxana, l'une des plus belles voix d'Orient ! Ses chansons avaient fait le tour du monde, ses concerts attiraient des millions de personnes. Alors qu'elle venait d'avoir vingt ans, elle avait été reçue par le Shah, avant de dîner à la table de la reine. AU lendemain de son arrivée au pouvoir, l'ayatollah Khomeyni lui avait interdit de chanter, mais ses derniers morceaux résonnaient aujourd'hui encore dans les taxis d'Ispahan. Malgré la censure, ses disques se trouvaient toujours dans les magasins de la ville. Et bien après qu'elle eut quitté l'Iran, sa voix parvenait jusqu'à son peuple.
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Dans un royaume où les ignorants sont rois, un homme a volé la voix des femmes. Il a emporté leur chant, semé des tulipes sur leur chemin, et la joie s’en est allée.
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Videos de Naïri Nahapétian (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Naïri Nahapétian
Naïri Nahapétian vous présente son ouvrage "Quitter Téhéran" aux éditions Bayard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2760247/nairi-nahapetian-quitter-teheran
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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