- Regardes-la bien. C'est l'épée de Spartacus. Depuis treize ans, je ne passe un jour sans venir la regarder. Il me l'a donnée au moment où nous nous sommes séparés, avant la bataille. Elle a été faite avec des chaînes, comme celle de tous ses soldats, car il faisait forger les armes de ses hommes avec les chaînes des esclaves qu'il délivrait. Comprends-tu ce que cela signifie ?
De là, on passait à Subure, les bas-fonds de la ville, domaine des brigands et des prostitués des deux sexes, dont la rue principale était surnommée "la rue aux Putains", ce qui en disait plus long que tous les discours.
- Titus, je n'aurais pas dû !
- Delicia, comment peut-tu dire cela? Jamais je n'avais connu une chose pareille auparavant.
- Je suis sûre que c'est ce que tu dis à toutes celles qui viennent ici. Tu as la pire réputation de Rome. Tu payes l'impôt sur les célibataires et tu t'en vantes!
- A te regarder, j'ai envie de faire cette économie.
- Je suis mariée, Titus...
- Il vaut mieux mourir libre que vivre dans les fers. As-tu idée de ce qu'est la vie d'un gladiateur ?
- C'est un sort cruel, mais c'est la destinée.
- La cruauté se combat, Flaminius, la destinée se change...
Qui était cette femme, à la fois sanguinaire et respectueuse de la vie d'autrui?
- Se battre est à la portée de tout le monde, c'est une question d'entraînement, même vaincre est facile. Mais mourir, bien mourir, voilà ce qui est difficile! Je vais t'apprendre à mourir...
Le gladiateur, c'est ton frère d'armes, mais c'est peut-être aussi ton futur meurtrier. Tu l'aimes, mais tu ne peux pas t'empêcher de la haïr. Et si c'est toi qui gagnes, tu souffres encore plus. Tu enfonces ton épée dans sa gorge en pleurant.
A la veille du jour où tant d'hommes et de femmes allaient perdre la vie, la caserne de Pompéi se donnait avec ferveur, avec rage, avec désespoir, au seul dieu qui ose combattre la mort et qui est capable de triompher d'elle un bref instant: l'amour.