J’aimais les cours d’arabe, de français et d’histoire-géo, mais je détestais les mathématiques et me demandais à quoi pouvait servir le théorème de l’hypoténuse de Pythagore à une jeune fille qui se destinait à devenir avocate ou journaliste, deux métiers qui avaient en commun l’amour des mots et la recherche de la vérité. Mais la guerre me rattrapa et, dans un premier temps, m’empêcha de réaliser mes ambitions. Car la guerre est l’éteignoir des rêves.
Pour justifier mon absence du domicile familial, j’ai fait croire aux miens que je passais l’été chez une cousine qui a bien voulu jouer le jeu. Mon père n’y a vu que du feu. À quoi bon lui dire la vérité ? Il m’aurait empêchée d’aller plus loin dans mon engagement, oubliant qu’il avait fait de même à mon âge.
Le syndrome de Beyrouth, [c’est] celui de la "résilience" qui nous transforme en boxeurs prêts à encaisser tous les coups, à être tuméfiés et amochés, tant que nous nous relevons chaque fois qu’on mord la poussière. (p. 288).
Pour mon père Sélim, être grec-orthodoxe était un titre de noblesse, dont il était fier. À ses yeux, cette communauté, qui avait subi toutes sortes de persécutions, notamment en Grèce, était composée de « battants » – d’où sa volonté de nous voir combatifs dans la vie et animés par la foi.