C'est un roman. Mais c'est aussi un retour sur l'histoire du Liban. L'intérêt ? La période visée est différente de celle que l'on trouve dans nombre de livres sur le pays du cèdre. Et c'est centré sur un personnage imaginaire.
Ici, on commence par du "classique", un bref retour en arrière simple et peu exhaustif, plantant juste un décor de la guerre civile initiale du Liban, celle des Kataeb chrétiens, des druzes de Joumblatt, des miliciens chiites d'Amal et des fédayins palestiniens venus de l'autre côté de la frontière... La mère de toutes les guerres de là-bas.
C'est la première partie et elle sert à dessiner la mentalité de l'héroïne chrétienne du roman : Amira (princesse en Arabe) mais pas plus, car après ses exploits de combattante, elle est envoyée par son père inquiet étudier la paix et la sérénité en France...
Break de vingt ans et retour de la narratrice aux deux cultures à Beirut. C'est la deuxième partie, couvrant la période 2000-2019. C'est le moment le plus intéressant car le plus moderne et le moins exploré en littérature de ce récit à moitié fictionnel. Avec la lente descente aux enfers. En acmé, deux évènements l'un mondial, la destruction des tours étasuniennes :
« - Ces attentats marquent un tournant, nous dit-elle. « L'Arabe » va devenir une nouvelle accusation, un bouc émissaire…
- On va vous coller toutes sortes d'étiquettes, renchérit Thierry. Vous serez taxés de terroristes, intégristes, de criminels, de tueurs d'innocents…
- C'est vrai, reprit-elle, l'air perplexe. Nous serons désormais coupables jusqu'à preuve du contraire. »
Le deuxième étant l'assassinat de Rafic Hariri comme marqueur local de l'inéluctable naufrage du rêve Libanais.
« Hariri mort, c'était une page qui se tournait dans l'histoire du Liban moderne. On pouvait l'admirer ou le critiquer, mais on ne pouvait méconnaître ni sa volonté de moderniser le pays ni sa capacité à mobiliser la planète en cas de coup dur. »
Pour quiconque connaît ce pays, on retrouve alors tous les traumatismes qui se sont succédés : le scandale des déchets, celui de l'électricité, de l'argent des donateurs qui s'évapore... le filigrane de tout cela : une classe dirigeante totalement corrompue.
Jusqu'à la troisième partie qui couronne l'effondrement : 2020 , Covid et explosion du port. Je passe sur les causes évoquées par l'auteur, elles sont seulement hypothétiques mais ce n'est pas l'important. L'important c'est le résultat. Ce pays n'existe presque plus, n'a plus d'eau courante, plus d'électricité, plus de médicaments, plus d'avenir pour sa jeunesse, une population éduquée en fuite et le reste en train de mourir à petit feu...
Un roman donc, mais qui raconte un morceau de l'histoire d'une culture qui se voulait proche de nous. Avant.
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Direction le Liban, avec Amira. Son père l'oblige à quitter son pays, mais elle y reviendra des années plus tard. Partie soldat-étudiante, elle y revient journaliste. L'auteur nous raconte l'histoire du Liban des dernières décennies, jusqu'a l'explosion spectaculaire du port de Beyrouth. le Liban, son effondrement social, économique, ses conflits et sa classe politique corrompue et incompétente. Beau voyage, intéressant, plus descriptif que sensible, sur ce peuple résilient ; comme s'il était plus difficile de s'attacher lorsque le combat est permanant. Amira est forte, et c'est rien de le dire tant elle en vit des événements.
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Écrivain et avocat libanais, il a deux amours et deux combats: son pays et la langue française, qu’il met à l’honneur dans son nouveau roman, Le Syndrome de Beyrouth.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
J’aimais les cours d’arabe, de français et d’histoire-géo, mais je détestais les mathématiques et me demandais à quoi pouvait servir le théorème de l’hypoténuse de Pythagore à une jeune fille qui se destinait à devenir avocate ou journaliste, deux métiers qui avaient en commun l’amour des mots et la recherche de la vérité. Mais la guerre me rattrapa et, dans un premier temps, m’empêcha de réaliser mes ambitions. Car la guerre est l’éteignoir des rêves.
Pour justifier mon absence du domicile familial, j’ai fait croire aux miens que je passais l’été chez une cousine qui a bien voulu jouer le jeu. Mon père n’y a vu que du feu. À quoi bon lui dire la vérité ? Il m’aurait empêchée d’aller plus loin dans mon engagement, oubliant qu’il avait fait de même à mon âge.
Le syndrome de Beyrouth, [c’est] celui de la "résilience" qui nous transforme en boxeurs prêts à encaisser tous les coups, à être tuméfiés et amochés, tant que nous nous relevons chaque fois qu’on mord la poussière. (p. 288).
Pour mon père Sélim, être grec-orthodoxe était un titre de noblesse, dont il était fier. À ses yeux, cette communauté, qui avait subi toutes sortes de persécutions, notamment en Grèce, était composée de « battants » – d’où sa volonté de nous voir combatifs dans la vie et animés par la foi.
A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Alexandre Najjar vous présente son ouvrage "Le syndrome de Beyrouth" aux éditions Plon. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2542178/alexandre-najjar-le-syndrome-de-beyrouth
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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