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EAN : 9782259203845
228 pages
Plon (10/04/2008)
3.09/5   17 notes
Résumé :
Le philosophe Zénon n'a jamais caché ses origines phéniciennes. A Athènes où il a fondé l'école des Stoïciens, il raconte à son disciple Apollonios la tragédie de sa mère, une Tyrienne prénommée Elissa. La jeune femme accompagne son oncle dans un périple passionnant qui lui permet de découvrir les comptoirs phéniciens qui jalonnent la côté méditerranéenne et la conduit jusqu'à Carthage. A son retour, sa ville natale se retrouve assiégée par l'armée d'Alexandre le Gr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Malgré le pitch séduisant du siège de Tyr antique par Alexandre le Grand (qui s’est déroulé de janvier à août en 332 avant Jésus-Christ), je suis obligé de dire que j’ai trouvé cela mauvais. Tous les ingrédients d’un peplum vintage sont là, mais comme tout est expédié en 200 pages avec une avalanche de stéréotypes voire de clichés, j’ai parfois eu l’impression de lire un roman jeunesse mal fagoté. Oui, je vais réaliser une critique à charge, et je n’aime pas cela du tout !


Le narrateur Zénon, veut raconter à son élève Apollonios l’histoire de sa mère Elissa qui a vécu le siège et la chute de Tyr, perçus comme les points de départ du déclin de la civilisation phénicienne (ce qui fait donc d’elle l’héroïne de l’histoire). J’ai trouvé la mise en place du récit particulièrement forcée : pourquoi le récit démarre en Occident pour faire revenir les personnages au pas de course en Orient juste à temps pour être bloqués et bouclés dans le siège de la cité de Tyr (pour avoir le temps de caser un passage sur Carthage j’imagine ?).
Alexandre est lui le méchant de l’histoire : il est imbu de sa personne, colérique, alcoolique, lubrique, prétentieux, superstitieux et surtout assez puéril… On aurait voulu rédiger une légende noire du personnage, on ne s’y serait pas pris autrement (et les récits indiens et iraniens l’ont vachement mieux fait qu’ici). Mais la morale est sauve, puisqu’ému par le martyr des Tyriens, va devenir un grand dirigeant cosmopolite et tolérant…

Je sais bien que les clichés que l’ont voit peuvent être les préjugés que l’on a, mais jugez plutôt : Elissa est une strong independant woman qui veut rester célibataire pour rester libre, mais elle tombe follement amoureuse du premier beau gosse qu’elle rencontre et se marie avec lui sur un coup de tête, et pour sauvegarder sa fierté elle demande à ce que cela soit lui vienne vivre chez elle et pas l’inverse, du coup elle guette son arrivée à Tyr durant des mois, doute de lui, et le maudit avant de s’enthousiasmer comme une collégienne de 13 ans quand elle reçoit enfin une lettre de sa part en dépit des obstacles dus à la guerre…
Le côté militaire n’est pas mieux traité : ravitaillement, blocus, assauts divers et variés de jour comme de nuit, tentatives de sortie, tentatives d’alliances, négociations de la dernière chance, baroud d’honneur, roi qui se moque du peuple (digne des caricatures de Louis XVI et/ou de Marie-Antoinette durant la Révolution française), vrai patriote prêt à offrir sa vie pour la cause, faux patriote prêt à offrir des vies pour sa cause, les martyrs de guerres, les victimes de guerre… Chaque élément est traité en quelques paragraphes ou en quelques pages (les chapitres sont très courts de aucun d’entre eux ne dure plus que 5-6 pages), et j’ai déjà lu et vu tout ça, et en mieux, dans le livre "Constantinople" de Jack Hight et le film "Fetih 1453" de Faruk Aksoy.

L’auteur manifeste la louable volonté de redorer le blason de la civilisation phénicienne et lui offrir un destin comparable à ceux des Mésopotamiens, des Egyptiens, des Grecs et des Romains (et en ce qui me concerne, il prêche un convaincu). Du coup il nous fait le catalogue de toutes les découvertes et de toutes les fondations des Phéniciens en faisant du copier-coller d’Hérodote et consorts tout en nous rappelant pas très subtilement à plusieurs reprises que la Phénicie en inventant et en diffusant l’alphabet est la mère de toutes les civilisations. Mais où le bât blesse encore, c’est qu’il reprend aussi tel quel les clichés éculés et péjoratifs de la propagande anti-phénicien et ce n’est pas très ce n’est pas très malin : l’héroïne s'insurge contre la prostitution sacrée et les sacrifices humains (qui je le rappelle n’ont jamais été prouvé en deux siècles de travaux archéologiques, et les rares mentions littéraires viennent d’ennemis des Phéniciens ayant eux-mêmes pratiqués les sacrifices humains…).
Aucun écrivain de romans historiques n’échappe au modernisme : impossible pour un auteur de notre époque de penser comme quelqu’un de cette époque, mais on se serait bien passé d’idées ou d’expressions bien de notre temps (genre les parents de l’héroïne qui lui reproche à l’âge de 20 ans de ne pas être encore, je cite, « casée »).


Un roman court et super facile d’accès pour les very easy readers, mais au final un vaste coup d’épée dans l’eau : le grand roman sur la civilisation phénicienne reste à écrire… Pour moi vite lu et vite oublié, et c’est très bien ainsi. 1,5 étoiles arrondies à 2 pour la bonne volonté manifestée.

PS: la critique d'Oliv est très bien fichue et vaut le détour
Lien : http://www.portesdumultivers..
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C'est une entreprise louable et audacieuse à laquelle s'est attelé l'écrivain libanais Alexandre Najjar : "Phénicia" se veut le premier roman historique francophone portant sur la civilisation phénicienne. Celle-ci est en effet délaissée par les auteurs d'aujourd’hui, bien que ce peuple de commerçants, d'artisans et de navigateurs nous ait, parmi tant d'autres dons, légué son alphabet qui est devenu le nôtre.

Premier constat : "Phénicia" est bien trop court pour rendre compte d'une telle civilisation et d'un événement aussi marquant que la conquête de la Phénicie par Alexandre le Grand. Le contenu est là, mais au final le roman est construit comme une suite de scènes très brèves, assez mal liées entre elles, ne faisant que survoler des situations qui mériteraient d'être cent fois plus approfondies. En outre, l'auteur tombe allègrement dans les deux principaux écueils du roman historique : le côté "encyclopédique" et la tentation de la modernité intempestive.

Sur ce premier point, on a l’impression tenace que chaque dialogue, chaque description, n’est là que pour permettre à l'auteur d'étaler le savoir acquis au cours de ses recherches, comme un élève récite sa leçon. Les lecteurs ne connaissant rien à l'univers phénicien se délecteront sans doute des nombreuses anecdotes et rappels historiques placés dans le récit, même si l'exposé en est fait avec la subtilité d'une charge d'éléphants à Zama. En revanche, pour peu que l'on ait déjà feuilleté la plupart des livres utilisés par Alexandre Najjar pour composer le sien, ces passages déjà connus s'apparentent à du copier-coller d'auteurs plus anciens. Il aurait pu être intéressant de voir ces anecdotes historiques ou légendaires remises dans un contexte un peu plus vivant que nos livres d’histoire ; ce n'est malheureusement pas le cas ici.

Le second écueil tient notamment dans la personnalité de l'héroïne et narratrice. Celle-ci ne se comporte pas comme une femme de l'antiquité orientale mais comme une occidentale du 21ème siècle : assez humaniste pour s'offusquer des sacrifices et du rite de la prostitution sacrée, assez cartésienne pour réfuter les augures et les présages, assez libérée pour décider par elle-même de partir en voyage, se baigner seule en pays étranger et s'offrir au premier venu sur la plage, avant de se voir demandée en mariage comme si cela était l'affaire de deux jeunes gens amoureux et non celui de clans aux mœurs archaïques... Les recherches effectuées par l’auteur sont certes sérieuses, mais on n'apprend pas dans les livres d'histoire à créer des personnages crédibles. Il est vrai que relater la vie d'une femme du 4ème siècle avant notre ère, telle qu'elle devait l’être en réalité et non telle qu'on voudrait qu'elle fût, porterait un rude coup à l'identification des lectrices à l'héroïne de ce roman.

Reste que "Phénicia" n’est pas trop désagréable à lire malgré ses défauts, et a surtout le mérite de mettre sur le devant de la scène un peuple injustement oublié par la littérature. Et si, au bout du compte, ce "digest" de nos connaissances actuelles concernant les Phéniciens ressemble à un travail de journaliste plus que de romancier ou d'historien, il pourra peut-être servir de support à une véritable fresque phénicienne encore à écrire.
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Très bon roman historique, l'un des rares sur les Phéniciens. Je l'ai d'abord lu en italien, pendant mon séjour à Rome, puis je l'ai relu dans sa version originale en français en poche. Un régal ! On ne s'ennuie pas de la première page à la dernière, l'auteur possède l'art de nous tenir en haleine. Ce qui est frappant, c'est que les deux belligérants étaient très superstitieux et qu'ils ont multiplié les stratagèmes pour se neutraliser, comme dans une partie d'échecs. Ce qui est évident du côté d'Alexandre qui était entouré d'ingénieurs qualifiés l'était moins du côté des Phéniciens, plus navigateurs que combattants.
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Ce roman qui a obtenu le Prix Méditerranée raconte la saga des Phéniciens à travers un épisode héroïque : la résistance des Tyriens assiégés par Alexandre le Grand. Un souffle épique, des séquence cinématographiques, des personnages pittoresques, des réflexions profondes... font de ce roman une réussite. A noter l'alternance des points de vue : un chapitre montre le siège du côté phénicien, un autre du côté macédonien.
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J'ai eu l'impression que dans ce roman historique, le côté roman et le côté histoire ne sont pas assez entremêlés, comme si la trame est un prétexte pour exposer l'histoire de la ville phénicienne de Tyr. Ayant lu deux romans de Najjar jusqu'à maintenant (Phenicia et Kadisha), il me semble que telle est sa méthode: alterner histoire et Histoire. Ce qui n'est pas mal en soi, au fait, car il initie le lecteur d'une manière plaisante au sujet choisi.
Je pense que ce livre est une lecture facile, surtout pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'histoire de la résistance de Tyr à Alexandre : pour les informés, il apporte peu de neuf; côté roman, c'est assez ordinaire.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Pour la première fois depuis longtemps, Alexandre sentit le doute le gagner. Il n'aimait pas cette sensation : elle lui donnait l'impression de ne pas être encore tout à fait maître de son destin, d'être toujours fragile malgré la gloire et les honneurs dont il s'était couvert. Porté par son ambition, il se considérait comme un héritier d'Achille, un héros divin destiné aux plus hauts faits. Rien, jusque-là, n'avait contrarié ses plans, nul n'avait réussi à tenir tête à sa puissante armée : après avoir traversé l'Hellespont, il avait débarqué en Troade, écrasé Darius III au Granique, occupé toutes les villes côtières de l'Asie Mineure et, à Gordion, en un geste symbolique, tranché le nœud qui lui promettait l'empire de l'Asie. Même la maladie qu'il avait contractée à Tarse, après s'être baigné dans le Cydnus, n'avait pas freiné son élan. Tête basse, les mains derrière le dos, il réfléchissait. Etait-il à l'abri de la défaite ? « Aucun bouclier ne protège des coups du sort », lui répétait sa mère.
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Mon oncle consultait le ciel d'un œil expert. Il suivait la Petite Ourse pour mieux localiser le navire et ne pas s'égarer au milieu de cette mer immense qui donnait l'impression de ne mener nulle part. Il m'expliqua que, la nuit, il prenait pour repère l'étoile polaire — que les Grecs, qui nous en concédaient la découverte, appelaient « Phoiniké » —, toujours située au nord, et, à midi, le soleil qui se trouvait franc sud. Il m'informa aussi qu'il fondait son orientation sur huit vents particuliers, qui soufflaient des quatre points cardinaux. En se référant au soleil ou à l'étoile du Nord, il pouvait aisément identifier le vent et fixer sa route en conséquence. En le voyant scruter le ciel, je ne pus m'empêcher d'admirer mes concitoyens qui, par tous les temps, sillonnaient les avenues de la mer, et la science dont ils faisaient preuve pour apprivoiser les éléments et trouver leur chemin.
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Alexandre inspecta ses troupes avec fierté. Il y avait là la phalange macédonienne, composée de guerriers dévoués et bien entraînés. Leur équipement était léger : ils avaient, sur l'épaule gauche, un petit bouclier de métal appelé pelta et tenaient à deux mains une formidable lance en bois de cornouiller, la sarisse, mesurant vingt pieds de longueur. Face à l'ennemi, ces unités serraient les rangs et avançaient au coude à coude, formant ainsi une citadelle mouvante, hérissée de fer. A leurs côtés, les hétairoï ou compagnons, vêtus de cuirasses et armés d'un glaive courbe, le kopis, d'une courte pique, le xyston, ou d'une javeline nommée dora. Ils étaient coiffés de casques coniques, comparables aux bonnets phrygiens, munis de couvre-joues sur lesquels étaient gravées barbe et moustaches. Le roi admira les Agrianes, munis de javelots dotés de pointes pyramidales en acier, et les hypaspistes qui formaient l’infanterie légère. Ces portes-boucliers étaient équipés d’épées ou de courtes lances, et coiffés de bonnets de peau ou de feutre. De l’ensemble, se dégageait une impression de puissance et discipline.
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Nos hommes ne trouvaient jamais leur retraite : ils ne trouvaient jamais le repos que lorsque la mort les emportaient aussi brusquement que la houle. Ils avaient fondé Carthage, Utique, Leptis, Hadrumète, créé des comptoirs sans nombre à Motyé, Tharros, Malaga, Massalia, Ibiza, Hippone, Nora, Sulcis, Karalis, Oea, découvert Huelva, Lixus et Gadès, au-delà des limites du mondes, mais ce n’était pas assez. Ils parlaient avec enthousiasme de terres inconnues, dessinaient des cartes aux contours improbables, rêvaient de peuples sauvages et de mines inexplorées. Ils pensaient qu’il leur suffisait, à chaque traversée, de naviguer plus longtemps que la fois précédente pour atteindre des îles vierges.
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Malgré mes rêves d'horizons nouveaux, j'aimais ma cité. Elle ressemblait à un vaisseau immense ancré au milieu de la mer. Depuis des temps immémoriaux, elle pratiquait le commerce, avec l'Egypte, la Perse, Athènes, Juda et les pays d'Israël : elle les fournissait en bois, en étoffes teintées de pourpre, ils lui envoyaient du fer, des aromates et du bétail. On raconte que quand le roi Salomon demanda à Hiram de l'aider à construire le temple de Jérusalem, notre roi lui envoya des navires chargés de bois de cèdre, mais aussi des artisans capables de travailler l'or, l'argent et le bronze. Les maisons royales de Tyr et d'Israël étaient également unies par les liens du mariage : le roi Achab épousa Jézabel, la fille de notre roi, Ittobaal. Mais cette union se termina mal : accusée d'avoir remplacé le culte de Yahvé par celui de Baal, notre princesse s'attira la vindicte des prophètes et fut défenestrée !
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Vidéo de Alexandre Najjar
A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Alexandre Najjar vous présente son ouvrage "Le syndrome de Beyrouth" aux éditions Plon. Rentrée littéraire automne 2021.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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