Livre (assez) indispensable touchant une problématique à la fois actuelle et sempiternelle. Une vision humaniste pleine d'intelligence et de respect profond. Un clinique préventive et politique. Prendre le par(t)i de l'intelligence de l'autre. Eviter qu'il ne se fasse happer par des leaders en chasse d' »âmes errantes ».
Tobie Nathan sait de quoi il parle, il a été un « immigré »et est un thérapeute exceptionnel. Faisons en sorte qu'il ne reste pas seul « exceptionnel ». A notre (modeste) mesure.
Un livre qui fait réfléchir, qui se lit facilement (pas d'obscures terminologies théoriques), à mettre dans un maximum de mains. Pour sortir du(prétendu) (réel) (possible) chaos.
Quelques phrases pour étayer un peu :
« La matière sur laquelle s'appuie ce texte est une clinique préventive, qui a cherché en intervenant en amont, à éviter un glissement vers l'action violente. »
« Quarante-cinq ans de pratique clinique auprès des migrants m'ont enseigné un principe : toujours prendre le parti de l'intelligence de l'autre, de ses forces, de ses ressources, jamais de ses manques, de ses failles,de ses désordres. Dans le cas des jeunes gens radicalisés, il nous faudra d'abord constater l'intelligence des êtres et des forces,évaluer la puissance des enjeux et surtout : produire de la pensée. »
Migrant, immigré…Les mots sont d'importance :
« J'ai mis longtemps à réaliser que j'étais un immigré. Aujourd'hui, on dit"un migrant", peut-être parce que, si l'on s'en tient à la grammaire, l'"immigré" atteint une destination, alors que le "migrant" poursuit son inéluctable destin de migrer encore, de migrer toujours... Cette fois, la langue a raison il y a de moins en moins d'immigrés, de plus en plus de migrants. »
« ... il est crucial, y compris pour les cliniciens et les travailleurs sociaux,de penser la radicalisation en termes de stratégies politiques. »
« J'ai voulu bâtir une psychothérapie fondée sur le caractère paradigmatique de la migration, précisément ; une psychothérapie qui ne pactise avec aucune des puissances en place, ni avec la pseudo-biologie des distributeurs de comprimés, ni avec la psychanalyse des donneurs de leçons.
J'ai été d'une génération tout aussi radicale que celle des jeunes gens convertis à l'islam djihadiste. J'ai attendu longtemps avant de prendre conscience de cette vengeance impossible qui nous habitait, qui nous laissait un sentiment d'irréalité, aussi. Non ! Les CRS n'étaient pas des SS, bien sûr que non ! Mais nous n'avions aucun SS sous la main… »
Conclusion :Lisez ça.