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Tobie Nathan est ethnopsychiatre, essayiste et romancier.

Il est juif égyptien, propulsé en France 1958 à l'âge de 10 ans à Genevilliers. Avant qu'il écrive sur le sujet, il sait de quoi il parle. « nous approchions la ville avec circonspection, animaux apeurés dont on avait déménagé la cage ». « (…) nous, les juifs d'Egypte, étions parmi les premiers réfugiés depuis la guerre »

Après avoir été sollicité en 2014 par le Gouvernement sur la question de la radicalisation, il rencontre une cinquantaine de jeunes partis sur cette voie. Il rend son rapport un an et demi plus tard, mais ne s'arrête pas là, il publie les âmes errantes en 2017.

J'ai aimé les mots, le style d'écriture de Tobie Nathan. il est efficient, vrai, discret, ne parle pas en langue de bois, étaye ses propos sur de nombreuses références bibliographiques et historiques sur un sujet si épineux, rempli de préjugés, de fausses idées. Et puis il y a toutes ses rencontres sur lesquelles il s'appuie, de jeunes issus de tous les milieux qui du jour au lendemain, changent de trajectoire pour basculer vers la radicalité.

L'auteur se fait réfugié de ces âmes errantes et espère à travers cet opus éclairer les autorités et les humanistes et toucher un plus grand nombre : nous.

« Tenter d'écrire l'effet de cette parole, c'est un peu se mettre à son tour sous la dictée des dieux, de Dieu ou des êtres, selon nos convictions. Pour cela, il m'a été indispensable de leur offrir tout l'espace, c'est-à-dire le temps de s'épandre et la place de la résonance, de rechercher la solitude du corps et silence de l'âme. ».

Je n'en dévoilerai pas plus et espère qu'à votre tour vous partagerez cette lecture.

Pari réussi, mon aîné va le lire.

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Très bon livre, instructif. Beaucoup de références a la religion, d'énormes sources spirituelles sans pour autant justifier l'injustifiable .un seul regret, les cas concrets, les exemples sont en trop petit nombre
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Approche très intéressante du sujet de la part de Tobie Nathan qui nous conduit vers une réflexion axée sur le culturel, le religieux, et leurs points de contact avec la famille, la société... L'érudition de l'auteur concernant les diverses traditions nous sert de guide dans son propos. C'est un regard que j'ai trouvé pertinent, en tous cas c'est l'une des approches possibles du phénomène de radicalisation. Je crois que ce n'est pas vraiment un livre de psychologie au sens technique du terme, mais plutôt un livre de sociologie et d'ethnologie. La belle plume de l'auteur (qui n'en est pas à son coup d'essai) rend l'ensemble attrayant, nous invite à ouvrir notre réflexion sur un sujet complexe, et délicat.
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Livre (assez) indispensable touchant une problématique à la fois actuelle et sempiternelle. Une vision humaniste pleine d'intelligence et de respect profond. Un clinique préventive et politique. Prendre le par(t)i de l'intelligence de l'autre. Eviter qu'il ne se fasse happer par des leaders en chasse d' »âmes errantes ».
Tobie Nathan sait de quoi il parle, il a été un « immigré »et est un thérapeute exceptionnel. Faisons en sorte qu'il ne reste pas seul « exceptionnel ». A notre (modeste) mesure.
Un livre qui fait réfléchir, qui se lit facilement (pas d'obscures terminologies théoriques), à mettre dans un maximum de mains. Pour sortir du(prétendu) (réel) (possible) chaos.

Quelques phrases pour étayer un peu :

« La matière sur laquelle s'appuie ce texte est une clinique préventive, qui a cherché en intervenant en amont, à éviter un glissement vers l'action violente. »
« Quarante-cinq ans de pratique clinique auprès des migrants m'ont enseigné un principe : toujours prendre le parti de l'intelligence de l'autre, de ses forces, de ses ressources, jamais de ses manques, de ses failles,de ses désordres. Dans le cas des jeunes gens radicalisés, il nous faudra d'abord constater l'intelligence des êtres et des forces,évaluer la puissance des enjeux et surtout : produire de la pensée. »

Migrant, immigré…Les mots sont d'importance :
« J'ai mis longtemps à réaliser que j'étais un immigré. Aujourd'hui, on dit"un migrant", peut-être parce que, si l'on s'en tient à la grammaire, l'"immigré" atteint une destination, alors que le "migrant" poursuit son inéluctable destin de migrer encore, de migrer toujours... Cette fois, la langue a raison  il y a de moins en moins d'immigrés, de plus en plus de migrants. »

« ... il est crucial, y compris pour les cliniciens et les travailleurs sociaux,de penser la radicalisation en termes de stratégies politiques. »

« J'ai voulu bâtir une psychothérapie fondée sur le caractère paradigmatique de la migration, précisément ; une psychothérapie qui ne pactise avec aucune des puissances en place, ni avec la pseudo-biologie des distributeurs de comprimés, ni avec la psychanalyse des donneurs de leçons.
J'ai été d'une génération tout aussi radicale que celle des jeunes gens convertis à l'islam djihadiste. J'ai attendu longtemps avant de prendre conscience de cette vengeance impossible qui nous habitait, qui nous laissait un sentiment d'irréalité, aussi. Non ! Les CRS n'étaient pas des SS, bien sûr que non ! Mais nous n'avions aucun SS sous la main… »

Conclusion :Lisez ça.


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Ni misérabilisme – qui dériverait d'un déterminisme social larmoyant –, ni stigmatisation – qui proviendrait d'un culturalisme de mauvais aloi ou du simple racisme –, ni « extraniation » stupéfaite -terrorisée – qui consisterait à reléguer les sujets d'étude dans les rangs des psychopathes ou les influences qui les assujettissent dans le paranormal : ce qui frappe d'abord dans ces pages, c'est l'empathie – qui n'a rien d'une déresponsabilisation ! - que Tobie Nathan rend de son expérience d'écoute de jeunes « des quartiers » en voie ou en danger de radicalisation islamiste. D'emblée et tout au long de l'essai, l'auteur part de sa propre biographie : son expérience de migrant nord-africain, d'enfant des cités, de révolté, de radical non repenti, rêvant de révolution en Mai 68, de Juif de la génération qui se trouvait dans « l'obligation de construire un monde commun avec ceux qui avaient voulu la disparition de [ses] parents » (p. 217). Qui ose aujourd'hui clamer et prouver sa reconnaissance des candidats au djihad et la proximité entre sa propre jeunesse et la leur ?
Et pourtant, l'on ressent à chaque phrase que cette revendication est la condition indispensable à l'intelligence sincère du phénomène, à l'évacuation des stéréotypes – ultimes simplifications, essentialisations et bannissements – dont le but premier est de nous rassurer sur l'altérité de ces gens-là par rapport à nous-mêmes, sur leur éloignement radical de notre mode de vie et des options que nous tenons pour nos valeurs. Alors que le pas est si court – nous démontre l'auteur – entre le terrorisé et le terroriste...
L'intelligence du phénomène ne se contente pas cependant d'un répertoire de cas cliniques. Ils sont bien présents, abondants et opportunément développés à chaque chapitre, mais servent uniquement à exemplifier une argumentation complexe qui se fonde sur des concepts abstraits de nature culturelle, anthropologique, sociologique et psychanalytique. C'est à l'aune de l'originalité de ces concepts que l'on peut mesurer les lumières qu'ils nous apportent.
Ainsi le « Prologue » situe l'auteur et son point d'observation, qui peut sans doute se résumer dans la formule : « L'intelligence est une prière adressée au réel » (p. 27).
Le ch. Ier : « Laïcité et guerre des dieux » développe l'idée que la laïcité naît du constat de l'échec des religions à maîtriser la violence sanguinaire des dieux, laquelle se manifeste notamment par le « rapt d'âmes » et leur sacrifice.
Le ch. 2 : « Le voile, une membrane », étudie philologiquement le mot « 'hijab » dans sa parenté avec le grec « phrenos » et ses connotations relatives à l'hymen et au verbe latin « nubere ».
Le ch. 3 : « Filiation et affiliation » pose comme postulat que les « personnalités prédisposées » au djihadisme sont caractérisées par un double déficit : « appartenance culturelle défaillante à la première génération, filiation flottante à la suivante » (p. 55) : il précise le concept-clef d'« âmes errantes » et démontre comment celles-ci sont les proies de appels ciblés et bien prémédités des organisations djihadistes (cf. Abou Moussab al-Souri).
Le ch. 4 : « Conversion, initiation » en approfondissant ces deux notions, a pour but de les tenir distinctes. Pourtant, « L'introduction à la radicalité islamique n'est pas une simple conversion religieuse […] il s'agit à la fois d'une conversion et d'une initiation » (p. 86).
Le ch. 5 : « Apocalypse » part du parallèle entre la conception cyclique de l'Histoire des sociétés polythéistes et celle linéaire, avec un début et une – voire plusieurs – fins (apocalypses) intimement liée aux monothéismes.
Le ch. 6 : « Haschich et assassins » pose l'hypothèse saisissante que les substances psychotropes, moyens de communication avec les divinités ou divinités elle-mêmes, outre qu'une puissance aient un pouvoir, c-à-d. une intentionnalité. Il est naturellement question de l'addiction au cannabis, si fréquente chez les « âmes errantes » avant la conversion au radicalisme, ainsi que la légende de Hassan ibn al-Sabbah et sa forteresse d'Alamut, dont je découvre qu'elle a été rapportée en Occident par Marco Polo (avant d'être développée par Vladimir Bartol et par Amin Maalouf).
Le ch. 7 : « Terreur » analyse avec beaucoup de subtilité et après avoir récusé le concept de « traumatisme », les notions de « terreur » de « frayeur » et de « peur ». Il est question des Janissaires ottomans et en conclusion, de la manière dont devrait s'effectuer une prise en charge efficace des jeunes radicalisés, par psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux, qui sont peu habitués à « démonter » les stratégies de « capture d'âmes ».
Le ch. 8 : « Les enfants abandonnés sont des êtres politiques » revient et développe le lien entre syndrome abandonnique et vocation prophétique, à partir d'Oedipe, de Jésus, de Mahomet, et des cas cliniques rapportés.
Le ch. 9 : « L'étrangeté des enfants de migrants » développe les conséquences du constat aussi paradoxal qu'heuristique que « Les enfants de migrants ne souffrent pas d'un déficit, mais d'un excès d'intégration » (p. 189).
Le ch. 10 : « Générations » qui se place sous l'exergue du célèbre aphorisme de Raul Vaneigem : « Une société qui abolit toute aventure fait de son abolition la seule aventure possible. » explore les implications générationnelles du surgissement des conflits, en particulier en relation avec la possibilité d'une « vengeance » par rapport à un crédit que la génération précédente n'a pas su recouvrer (cf. Mai 68 par rapport à la Shoah et implicitement, cette génération-ci par rapport aux guerres de décolonisation).
Enfin l'« Epilogue » est un nouvel appel méthodologique à la « lecture », et une précision du sens littéral que ce concept revêt dans la Torah et dans le Coran. Les jeunes radicalisés se sont fait « signes » : « Je suis persuadé, dit Nathan, qu'il faut "lire" leur parole, et plus encore leur comportement, comme des signes. » (p. 241)

Je voudrais conclure de façon très inhabituelle, par une vibrante déclaration d'amour pour Tobie Nathan, avec qui j'ai eu le privilège d'échanger quelques mots un soir, à l'issue d'une table ronde qui avait pour thème justement les « profils des djihadistes » : c'est grâce à son écriture et à son activité professionnelle, j'en suis profondément convaincu, et d'abord grâce à sa manière d'être au monde, et à celles qui lui ressemblent, que demeure vivable notre présent par ailleurs si étonnamment méchant.
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Tobie Nathan est professeur de psychologie dont la spécialité est l'ethnopsychiatrie. Il s'occupe des migrants depuis plus de 40 ans et il se qualifie lui même migrant puisqu'il est arrivé en France en 1958.

Depuis trois ans, il accueille, suit, et surtout écoute attentivement les récits de jeunes en danger de radicalisation.

De Tobie Nathan j'avais lu « ce pays qui te ressemble » et j'avais beaucoup aimé, du coup j'ai décidé d'acheter « les âmes errantes » même si je savais que cette fois là ce n'était pas un roman mais plutôt un essai, un recueil d'informations, de questions et réponses, une sorte de documentaire sur papier.

Dans ce livre l'auteur tente de trouver des réponses à la radicalisation, il nous livre son sentiment et nous narre des extraits de rencontres avec ces jeunes qui sont à la limite de basculer et qui basculeront pour certains.

Il les nomme « les âmes errantes » des jeunes sans racine ou qui ont été déracinés, des jeunes en mal d'identité, des jeunes qui ont besoin de retrouver de l'espoir et d'être reconnus pour pouvoir exister.

Il n'hésite pas à faire le parallèle entre ces jeunes en mal d'identité et son propre parcours, c'est peut-être ce qui lui permet de mieux comprendre et de tenter d'expliquer.

Il revient à la genèse, nous parle de religions, de conversions, de générations, de la société, de la famille et de transmission. Ce n'est pas toujours simple à lire mais Tobie Nathan prend soin de mettre des notes en bas de page pour nous guider.

Le livre est très intéressant et reflète parfaitement notre société actuelle. Je ne suis pas douée en psychologie ou en sociologie mais je trouve l'approche et les explications de Thobie Nathan tout à fait pertinentes et j'adhère pratiquement au message qu'il veut faire passer.

J'aime imaginer que grâce à son écoute et son aide active, il a ainsi évité des dérives, des départs sans retour, il a certainement subi des échecs aussi, il l'écrit d'ailleurs mais ne souhaite pas en parler, ça restera son jardin secret….
Lien : https://wordpress.com/view/j..
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Une pure merveille d'intelligence, de sensibilité, et de bienveillance envers l'humain, comme tous les essais de Tobie Nathan.
Livre après livre, je reste éblouie par sa finesse d'analyse. Et sa capacité à réfléchir en dehors des sentiers battus.
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j'avoue que j'ai du mal à le chroniquer. Trouver sur un bureau, mais pas empruntable, qu'importe je l'acheté, rentrer 2017 : "Les âmes errantes" de Tobie Nathan. Présenter peut être très brièvement l'auteur ? Né au Caire, issues des juifs du Maghreb, obligé de partir avec rien, arrivé en franque par hasard. Représentant majeur de l'ethnopsychiatrie en France, professeur d'université, psychologue, psychanalyste, écrivain....et j'en passe. Ce livre parle de ses rencontres avec des jeunes radicalisés. Je me suis dis, tenons nous au courant de ce phénomène, mais épargnons nous les bios. Lisons UN maître. Alors tout d'abord j'ai découvert un véritable écrivain qui manie la langue française avec brio. Ensuite d'emblée il pose les bases qui nous permettent de comprendre, de continuer à lire. Ces jeunes ne sont pas malades, et ils sont coupables de leur action. ça c'est posé. ensuite en effet on peut réfléchir et lui il sait réfléchir. Passé votre chemin si vous voulez des histoires a dormir debout, du gore, de l'horreur, des fins heureuses, des solutions toutes faites. Ces cas cliniques ne sont que des vignettes cliniques. Pour aborder beaucoup de concepts, de problématiques. parfois au milieu on en trouve une ou deux qui nous concerne. il n'apporte aucune solution, pas de happy end. Mais beaucoup de questions peut être à creuser ? ce livre ne se résume pas, il se lit. il plaît ou pas.
Moi je sais que j'ai découvert un auteur. je vais vite commander "quand les dieux sont en guerre". je précise que ce livre est classé roman...c'est tout sauf un roman, c'est un essaie. il est très abordable. j'ai adoré le titre. car nous sommes finalement beaucoup d'âmes errantes. c'est un de mes coup de coeur 2017.
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Enfin une première critique ... Je vais essayer de m'y remettre Kévin, je vais t'époustoufler encore ;)

Bon ben désolée pour l'auteur, psychologue éminent sans nul doute, mais je n'ai pas du tout aimé son livre.
Pourtant le point de départ était vraiment sympa, se dire que toutes ces âmes de futurs partants pour la Syrie ou autre n'étaient que des gens en errance faute de pouvoir se rattacher à des racines qui leur étaient propres, c'était vraiment un point de vue intéressant et l'idée de mettre en lumière des cas particuliers était encore meilleure. Mais le contrat n'est pas rempli selon moi, ce n'est pas clair et pourtant sensiblement toujours pareil. Je n'ai pas réussi à entrer dans son écriture, on ne comprends pas vraiment les cas cliniques, cela reste vague, l'idée semble revenir mais elle reste impénétrable. Je n'ai pas accroché, je n'ai pas compris, je ne l'ai pas fini.
Dommage.
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