Citations sur L'Évangile selon Youri (84)
Les migrants, vois-tu, venus d'un monde oublié, fondateurs d'un monde à venir, vivent le temps du mythe. Le récit de leur vie a la puissance des légendes antiques.
Esprits de la terre
Enfouie sous le béton
Esprits des arbres
Recroquevillés
Les pieds enserrés
Dans les pots de terre cuite
Esprits des panthères réfugiés
Dans des chats domestiques
Qui baillent sur les genoux
De mémères tassées
Aux anxyolitiques
Esprits des rivières hurlants
Leur impertinence dans les gargouilles
Des fontaines Wallace
Esprits des fous, tous piaffant
Sous la statue de Pinel
A l'entrée de la Salpêtrière
Esprits, Diables, Démons, Dieux
Bafoués, calomniés, humiliés, destitués,
Persécutés, torturés, oubliés
Il est temps de paraître
Je vous le dis, Esprits
Oubliés, refoulés, enchaînés:
Le temps de la délivrance est proche
les dieux apparaissent dans des moments de flottement, entre deux époques ou lorsque deux mondes s’entrechoquent et produisent des hybrides inattendus. Astarté est née avec l’agriculture, Isis avec les hiéroglyphes et Yahwé avec l’alphabet. Quel dieu surgira d’Internet ? Lorsqu’ils arrivent parmi nous, les dieux
Les enfants de l’amour, quel que soit leur destin, gardent dans leurs traits la trace des jours heureux.
La poésie, voyez-vous, est l’espace où les mots agissent sur le monde.
Les oiseaux ont des ailes ; c’est pourquoi ils sont fidèles.
Tout petits, les enfants crient. Leur voix n'est pas celle d'un humain. Elle est puissante, eux si menus, comme la corne de brume d'un paquebot. Ils appellent, on le sait ! Pas leur mère, elle est tout près, pourquoi crieraient-ils si fort ? Non, ils appellent au loin, ceux qu'ils ont aperçus dans l'entre-monde. Ils pleurent d'en être séparés. Ils appellent et attendent la réponse, souvent la nuit, parfois à l'heure du zénith, lorsque les humains, les animaux et les choses perdent leur ombre. Et lorsqu'ils ne crient plus, qu'ils restent silencieux, le regard tourné vers leurs propres profondeurs, regardez bien, ils écoutent. Ce sont les êtres qui leur répondent. Mais la solitude d'un enfant - la vraie ! - lorsqu'il ne crie ni n'écoute, oui, c'est un appel de Dieu.
l’Éclaireur est venu nous enseigner la puissance de l’événement contre l’explication, la statistique, l’acceptation benoîte d’un monde statique. Oui, l’événement ! Comprenne qui peut !
Pourquoi ce nouveau dieu se présente-t-il en enfant ? Peut-être parce que dans le monde qu’il annonce, les enfants seront au moins aussi compétents que les adultes. Un dieu moderne. Car ce monde, le nôtre, ne tardera pas à faire disparaître la distinction entre adulte et enfant, comme il a fait disparaître celle qui existait entre l’homme et la femme. Un dieu pour ce monde-là, un dieu pour les jours à venir…
Après quarante-cinq ans de pratique, je peux le dire en un mot : je ne crois pas à la folie ; je ne crois pas à l’existence d’une maladie, comme la grippe ou le cancer, par exemple, dont les symptômes seraient un désordre des idées ou du comportement. Je sais en revanche qu’il existe des êtres qu’on ne voit pas – il y en a tellement ! Les bactéries, par exemple, nous en portons deux pleins kilos dans nos viscères, les microbes et les virus aussi, bien sûr. Qui donc connaît les stratégies des virus et celles des bactéries ? Et cela, rien que pour les êtres que nous sommes parvenus à identifier, parfois même à photographier. Il y en a des milliers d’autres, des millions, qui nous sont restés inconnus.