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Citations sur David Golder (20)

Moscou... quand il n'était qu'un petit Juif maigre, aux cheveux roux, aux yeux perçants et pâles, les bottes trouées, les poches vides... Il dormait sur les bancs, dans les squares, par ces sombres nuits du commencement de l'automne, si froides... Il lui semblait encore, après cinquante années écoulées, sentir au fond de ses os l'humidité pénétrante des premiers brouillards, épais, blancs, qui collent au corps et laissent sur les vêtements une sorte de givre raide et glacé...
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– Vous n’entendez rien aux femmes, mon cher... Il fallait la gifler. La nouveauté du geste l’eût peut-être retenue... On ne sait jamais avec ces petits animaux-là...

Chapitre XVI
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Ce jour-là on avait soulevé, pour la première fois, le malade sur ses coussins. Gloria, un bras passé derrière ses épaules, le soutenait, le penchait légèrement en avant, tenant de la main droite le carnet de chèques ouvert devant lui. Elle le regardait à la dérobée, durement. Comme il avait changé... Le nez, surtout... Il n’avait jamais eu cette forme auparavant, songea-t-elle, énorme, crochu, comme celui d’un vieil usurier juif... Et cette chair molle, tremblante, avec son odeur de fièvre et de sueur... Elle ramassa le stylo que les faibles mains ouvertes avaient laissé tomber sur le lit, maculant d’encre les draps.

Chapitre XIV
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Madame Marcus entra. Son maigre visage au grand nez dur, en forme de bec, était jaune et opaque comme de la corne ; ses yeux brillants et ronds saillaient fortement sous les sourcils rares et clairs, placés de façon étrange, inégale, très haut.
Elle s’avança sans bruit, à petits pas pressés, rapides, prit la main de Golder et parut attendre. Mais Golder, la gorge serrée, ne disait rien.

Chapitre IV
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Il tourna brusquement la tête vers la grande glace au-dessus de la cheminée nue, regarda un moment avec malaise ses traits tirés, blêmes, marbrés de tâches bleuâtres et les deux plis autour de la bouche profondément creusés dans la chair épaisse, comme les bajoues tombantes d’un vieux chien. Il grogna avec rancune : « On vieillit, quoi, on vieillit... »

Chapitre II
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« Pourquoi est-ce que tu fumes ces sales Gauloises, Golder, riche comme tu es ? » Ses doigts tremblaient très fort. Golder les regardait sans rien dire comme s’il mesurait la vie aux derniers tressaillements d’une bête blessée.

Chapitre I
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David Golder – Irene Nemirovsky

Homme d’affaire juif riche et implacable, David Golder est parti de rien et a connu l’exil. Qu’y a t’il gagné ? Que sa femme n’aime en lui que son argent ? Que sa fille le mène par le bout du nez ? Que cette fortune est au final bien fragile ? Que son coeur finit par le lâcher ?

Rapide dégringolade d’un homme qui s’est trompé de but dans la vie, ce roman dénonce les ravages d’un argent comme seule fin ensoi dans un monde dont le sentiment semble par conséquent exclu.

Irène Nemirovsky mène impeccablement son récit, mais elle n’y va pas de main morte pour camper ses personnages sans toujours de nuance: c’est un premier roman et il est bien possible qu’elle ait des comptes à régler avec sa famille.
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Fixer jusqu’à la mort un horizon inaltérable.
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Elle commença à marcher, de long en large, silencieusement, dans la galerie déserte. Elle savait bien... Elle avait toujours su... Jamais il n'avait mis un sou de côté pour elle... Tout coulait, tout disparaissait d'une affaire à l'autre... Et maintenant ? "Des milliards sur le papier, oui, mais dans les mains, rien, pas ça..." siffla-t-elle avec rage les dents serrées. Il disait : "De quoi t'inquiètes-tu ? Je suis encore là..." Imbécile ! Est-ce que à soixante-huit il ne fallait pas attendre tous les jours la mort ? Est-ce que le premier devoir n'était pas d'assurer à sa femme une fortune convenable, suffisante ? Ils n'avaient rien. Quand il abandonnerait ses affaires, il ne resterait rien. Les affaires... Quand ce fleuve d'argent vivant ne coulerait plus... "Il restera peut-être un million, songea-t-elle, peut-être deux, en raclant bien..." Elle haussa furieusement les épaules. Un million durait six mois au train où ils vivaient. Six mois...et cet homme, par-dessus le marché, ce mourant inutile sur le dos... "J'ai bien besoin qu'il vive encore quinze ans, vraiment, cria-t-elle tout-à-coup d'une voix haineuse, pour tout le bonheur qu'il m'a donné... Non, non..." Elle le haïssait, brutal, vieux, laid, n'aimant rien d'autre au monde que cet argent, ce sale argent qu'il n'était pas même capable de garder ! Il ne l'avait jamais aimée... S'il la couvrait de bijoux, c'était comme une enseigne vivante, un étalage, et depuis que Joyce grandissait, même cela commençait à aller vers elle... Joyce ? Il l'aimait, elle... Et encore... Parce qu'elle était belle, jeune, brillante. De l'orgueil ! Il n'avait que de l'orgueil et de la vanité au fond du coeur ! Elle-même, pour un diamant, pour une bague nouvelle, toujours des scènes, des cris. "Laisse-moi ! Je n'ai plus rien, tu veux que je crève ?" Et les autres ? Comment faisaient-ils ? Tous ils travaillaient, comme lui ! Ils ne se croyaient pas plus intelligents ni plus forts que le monde entier, mais du moins, quand ils étaient vieux, quand ils mouraient, ils laissaient leur femme à l'abri du besoin !..."Il y a des femmes qui sont heureuses..." Tandis qu'elle... La vérité, c'est qu'il ne s'était jamais soucié d'elle... Jamais il ne l'avait aimée... Autrement il n'aurait pas pu vivre une heure tranquille en sachant qu'elle n'avait rien... que le malheureux argent qu'elle avait mis de côté, elle-même, au prix de combien de patience et d'efforts... "Mais c'est mon argent à moi, à moi, à moi, s'il compte que c'est avec ça que je le ferai vivre !...
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– Le Seigneur me l’a donné, le Seigneur me le retire. Que son saint nom soit béni, récita Tübingen à mi-voix, avec cette inflexion monotone et rapide du puritain nourri du texte de l’Écriture dès l’enfance. C’est la loi. À cela, il n’y a rien à faire.
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