Une intéressante biographie à l'iconographie riche et diversifiée, qui nous offre certaines oeuvres moins connues de cette artiste polonaise, star de l'entre-deux guerres…
Cette publication des éditions Taschen va s'envoler vers une amie-peintre… Pour en garder une trace, je rédige ces quelques lignes. Une artiste singulière à la personnalité complexe, sulfureuse et mystérieuse…amante, un temps, du poète, romancier, dramaturge, Gabriele D'Annunzio….
J'ai choisi de transcrire deux extraits tirés des témoignages de sa fille, Kizette, qui donne un infime aperçu de la personnalité complexe et exigeante de cette artiste.
« Tamara, superbe fauve lâché dans la capitale- qui est encore pour peu de temps celle des arts- révèle peu à peu, ce que sa fille appelle son « instinct de tueur ». Kizette en témoigne dans son livre : « Elle avait un code, et c'était un code pour les années 20. Seuls l'intéressaient ceux qu'elle appelait les meilleurs : les aristocrates, les riches et les grands esprits. Elle avait le sentiment, propre aux gens de talent, qu'elle méritait tout ce qu'elle croisait sur son chemin, ce qui la laissait assez libre pour ne voyager qu'avec ceux qui pouvaient l'aider ou nourrir son ego d'une manière ou d'une autre. Elle vivait rive gauche, où se devait de vivre un artiste, et détestait tout ce qui était bourgeois, médiocre et « joli ». Elle portait des toilettes de luxe pour éblouir son public et entretenait le mystère autour de son passé. Elle cultiva l'incertitude à loisir autour de son âge, de sa vie en Pologne et en Russie, et même de sa famille. La fille polonaise de bonne famille, l'enfant mariée, l'émigrée, la jeune mère s'effaçaient derrière ses toiles comme derrière autant de paravents dans une loge de star » (p.40)
« Au début de ma carrière », raconte Tamara à sa fille Kizette, « je regardais autour de moi pour ne découvrir que la destruction la plus totale de la peinture. La banalité dans laquelle l'art avait sombré m'inspirait du dégoût. J'étais révoltée ; je recherchais un métier qui n'existait plus. Je travaillais très vite avec un pinceau souple. J'étais en quête de technique, de métier, de simplicité et de bon goût. Mon but : -Ne pas copier- Créer un nouveau style, des couleurs lumineuses et brillantes, retrouver l'élégance dans mes modèles » (p. 43)
Nous apprenons au fil cette lecture que c'est son professeur,
André Lhôte qui lui a fait « découvrir et aimer Ingres, ce peintre érotique malgré lui, déguisé en grand classique, et tout aussi ambigu qu'elle », et nous pouvons voir quelques parallèles de peintures, réinterprétation de l'univers d'Ingres… par
Tamara de Lempicka.
Hormis ses tableaux les plus connus… j'ai une très grande préférence pour certains de ses portraits, infiniment expressifs et bouleversants, comme « L'Homme à la guitare » ( 1935 / Beauvais, Musée départemental de l'Oise), « La Mère supérieure » (1939 / Nantes, Musée des
Beaux-Arts), mais aussi de forts émouvants portraits de sa fille, « Kizette au balcon » (1927 / Paris, Musée National d'Art Moderne)
Publication complétée par une chronologie détaillée de
Tamara de Lempicka (1898-1980) qui nous apporte quelques précisions biographiques supplémentaires