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Ananda Devi est une ethnologue, née sur l'île Maurice de parents d'origine indienne et poète. Entre elle et moi, ça commençait donc très bien. Elle publie ici deux longs poèmes, l'un écrit à l'occasion du décès de sa maman (d'où le très beau titre, « danser sur tes braises »), l'autre où elle évoque ses soixante années.

Dans le premier, l'auteure parle du sentiment de perte, celui dont on ne cesse de faire l'expérience tout au long de la vie, sorte de répétitions pour nous préparer à la plus grande des pertes, celle d'une mère ou d'un père. Elle évoque aussi le difficile rôle d'être fille ou fils, celui d'incarner les rêves et les ambitions que nos parents ont nourris pour nous. Si sa mère était une lionne en cage, elle est une souris en liberté… C'est l'occasion aussi, pour elle, de s'interroger sur les mots, tantôt passerelle, tantôt rempart, et sur l'écriture, perçue ici comme une fuite.

Sa poésie est très sensorielle et très rythmée, alternant passages en prose et écriture en vers. Mais c'est dans « six décennies » que sa poésie se fait très sensuelle. Elle y observe son corps vieillissant, qui porte les marques du temps et qui dit mieux que les mots la vie. Un corps qui réclame encore et toujours sa part de plaisir, qui refuse le long chemin tranquille qui mène à la mort pour vivre intensément et accueillir l'incertain avec une curiosité et un enthousiasme très juvéniles.

Vivifiant et salutaire. Une excellente découverte.
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Opération Masse critique Littératures.
Merci à Babelio et aux éditions Bruno Doucey.

"J'ai compris, en écoutant mon père ce matin-là, à quel point les mythes sont ancrés en nous et nous consolent de danser en permanence sur les braises. Les flammes t'ont portée comme des paumes de chaleur, facilitant le passage à néant, la fragmentation de l'écorce et de la mémoire. Ne restent que des souvenirs allégés, exultés. Pas de lente putréfaction dans l'ombreuse humidité de la terre. Changement de phase immédiat, de la phase solide à la phase vapeur : tu te mêles à l'air que je respire".

Dans ces deux recueils de poèmes en prose, l'auteure d'origine indienne nous fait partager son hommage à sa mère, et sa réflexion sur son propre corps se flétrissant mais conservant pourtant encore tous ses désirs.

Vibrant chant d'amour presque impudique et mélancolique envers une mère adorée (" Si tu étais une lionne en cage, je suis une souris en liberté") et constat amer mais frondeur d'un corps vieillissant dont "le désir n'est jamais dompté", l'écriture est visiblement très travaillée avec des mots choisis avec soin.

Le livre est court mais si dense que plusieurs relectures ont été nécessaires pour pleinement savourer ces textes intenses mais si intimes que je me sentais presque face à une confession.
Il nous ait donné une réflexion profonde sur l'émotion d'une femme abordant le passage vers la véritable solitude intérieure mais aussi la recherche de l'apaisement.

Selon Ananda Devi, "ce chant d'amour, chacun le chante seul. Il ne peut être partagé".
Je la remercie d'en avoir entendu quelques murmures.


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Regroupement de 2 recueils de poésie en prose de la poétesse mauricienne Ananda Devi.

1) Danser sur tes braises
"Tout commence par la perte des eaux". Ainsi débute ce recueil qui parle de la naissance d'un bébé, la séparation d'avec le corps de sa mère une fois le cordon ombilical coupé.
C'est le début d'une séparation qui n'en finira pas.
L'enfant va grandir puis avoir sa propre vie conjugale et parentale, et s'éloignera de sa mère.
Ce recueil très sombre est axé sur la perte dans tous les sens du terme : perte des eaux, perte de ce lien mère/enfant, perte causée par la mort naturelle ou par un suicide.
L'auteur évoque également son besoin d'écrire.

2) Six décennies
Ce recueil-ci évoque le corps de la femme qui change avec le temps, l'apparition des rides, les membres moins vigoureux.
Cela pourrait être une souffrance pour elle mais le regard d'un homme peut tout changer, prouvant que le corps de la femme peut être toujours aussi désirable qu'il l'était dans sa jeunesse.

Ananda Devi se livre sans tabou avec une poésie en prose percutante.
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Je remercie vivement les Editions Bruno Doucey qui m'ont envoyé ce livre dans le cadre du défi Masse Critique. La quatrième de couverture évoque rapidement le thème de ces deux textes, à savoir les relations mère/fille.
J'ai pu découvrir les deux textes d'Amanda Devi, dont je ne connaissais ni le nom ni le style, c'est donc pour moi une double découverte.
Comme c'est la première fois que je découvrais ce style d'écriture, j'ai passé toute la lecture à douter de mes capacités à saisir toutes ses subtilités et métaphores.
L'idée globale que je retiens de ma lecture est un fort sentiment mélancolique, en particulier de la relation de la narratrice à sa mère et des incidences sur sa propre vie de mère. Ceci donne deux textes que j'ai trouvé plutôt difficiles tant cette relation mère/fille est pesante, sans que l'on ne sache vraiment pourquoi.
Il y a bien sûr de belles phrases, émouvantes et/ou marquantes qui nous montrent tout le talent de l'auteur.
Néanmoins, j'ai eu du mal à m'impregner de ces deux textes... Je n'exclu toutefois pas de relire ce livre, pour tenter d'en saisir ses subtilités.
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Deux textes courts qu'il faut sans doute lire et relire.
Tout en poésie, l'auteur évoque ses relations avec sa mère et par suite avec son propre enfant.
La mort de sa mère est un terme. Plus rien ne peut se passer. D'une certaine façon, l'auteur s'identifie à sa mère.
Je ne suis pas sûre de bien rendre compte des intentions de l'auteur. C'est pourquoi, cette fois je privilégie les citations, celles qui m'ont plu, celles qui me marquent.
Merci aux Editions Bruno Doucey que j'aime particulièrement et à Babelio qui m'ont fait découvrir Ananda Devi.
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Première découverte de cette écrivaine mauricienne dont l'écriture forte voire violente m'a parfois émue et souvent déstabilisée dans ma perception des évènements de la vie d'une femme.
Dans le 1er récit on est plongé dans la complexité du lien mère-fille-enfant.
Contradiction des ressentis: la naissance de l'enfant devient l'exploration de la perte, la mort de sa mère devient un moment joyeux et on perçoit tout au long du texte l'incapacité de la fille de répondre à l'attente de la mère.
Dans le deuxième récit c'est le rapport sans concession au corps qui vieillit mais la liberté d'être soi enfin retrouvée et le désir indompté.
A lire et à relire pour s'imprégner du texte dont il me restera des phrases fortes.
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