En Grande-Bretagne, de 1823 jusqu'à la fin du siècle, aucune expulsion et aucun refus d'accueil n'est constaté;
La politique d'asile est portée non par la loi, mais par l'absence de loi.
Les moyens démocratiques visant à maintenir " hors les murs" les nouveaux indésirables se révèlent beaucoup plus efficaces que les politiques violentes et répressives d'autrefois.
Tous les jours au nom des idéaux de justice et de vérité proclamés par la Révolution Française, se fabriquent de nouvelles catégories d'exclus - ceux que l'on appelle les "déboutés" ou les " réfugiés sur orbite" - que les Etats occidentaux refusent de recevoir mais qui ne peuvent être renvoyés dans leur pays d'origine et errent ainsi de pays en pays.
Aujourd'hui, 90% des demandes d'asile sont rejetées.
Un tel bilan aurait rempli d'aise les ministres de l'Intérieur des années trente !
La bureaucratie qui, dans l'ombre, règne sur les ombres.
A partir du moment où l'identification est devenue l'enjeu décisif du droit d'asile, le "pouvoir des bureaux" ne pouvait qu'étendre toujours plus l'empire de ses lois sur des individus dont l'existence dépend désormais d'un simple
" coup de tampon".
Comme le souligne un fonctionnaire du Quai d'Orsay, il faut maintenir les clandestins " dans un climat de précarité et d'incertitude apparentes crées et entretenues par l'octroi de séjour ne dépassant pas trois mois renouvelables pendant une période assez longue".
"La rumeur de ces mesures restrictives ne manquera pas de se répandre assez rapidement jusqu'au lieu d'origine du mouvement d'émigration clandestine et de les décourager."
A partir d'un décret-loi de 1938, on ne juge plus, en France, selon l'idéal républicain, les êtres sur ce qu'ils sont, ni sur ce qu'ils font, ni sur leurs mérites, mais d'après leur origine.
C'est le triomphe de cette manière de pensée dès l'entre-deux guerres qui, à mon sens, explique la facilité avec laquelle le gouvernement de Vichy imposera sa politique de ségrégation, appliquée d'abord aux étrangers, puis aux juifs étrangers, puis à l'ensemble des juifs.
En 1933, le maire du troisième arrondissement de Paris écrit au ministère pour se plaindre des " réfugiés juifs allemands", considérés comme des "déchets humains", véhiculant des maladies de toutes sortes, inassimilables en raison de leur " origine ethnique" et moralement dangereux parce que colportant ... les " théories de Freud".
Il s'inquiète également pour la jeunesse française, du fait que plus de 200 enfants de réfugiés sont inscrits dans les écoles du quartier.