On ne s'y attend pas vraiment, avec cette 1ère de couverture, le ton est donné sur un autre détail par le titre et l'illustration, l'ambiance sera Swing et musicale.
Le personnage et son micro rétro nous rappelle ses grandes chanteuses noires des années 40-50, les sirènes de Jazz et Rythmn and Blues, Ella Fitzgerald, Billie Holliday.
Mais en réalité la surprise que l'on nous cache, c'est que cette héroïne est une cigale.
Nous allons naviguer dans un monde d'insectes et c'est la comédienne
Jeanne Balibar qui nous racontera l'histoire musicale d'Esperanza Carmina Belleza surnommée Zazou.
Cigale.
Les évocations sont immédiates.
Cigale, Fables, Cigale, salle parisienne de concert.
Bref, nous avons, en plus de cette note jazz marquée par l'habillage, déja des images pleins la tête, pour nous les grands.
Carl Norac promet aussi de nous en glisser pleins les oreilles.
De l'enchantement en blue note, du velours sur une voix de cigale, une sélection musicale de fond, Duke Ellington, Lionel Hampton, Cab Calloway et bien entendu la grande Ella.
Bienvenue dans l'ère 20-40 du Swing.
Nous avons les antennes fin prêtes à écouter le CD accompagnant le livre, richement illustré par
Rebecca Dautremer.
Le texte de
Norac est tissé de fils de poésie, les mots aussi jouent de musicalité:
" Dès que sa voix monte, les plantes fleurissent. Les vagues de la mer s'ouvrent, se ferment doucement. Les volets des maisons claquent, jouent les congas sans que le vent ne vienne là, avec son souffle ou sa salsa.
En plus, le chant de Zazou est parfumée..."
" Poutant, malgré les bravos, les paillettes et les sourires, Zazou n'est pas tout à fait heureuse...",
nous dit-on,
" c'est pas une vie de rêver sa vie".
Notre cigale a des regrets, oui, elle a le Blues.
Zazou est follement attiré par la musique qui sort des radios, comme l'est un papillon de nuit par la lumière des ampoules.
Sur son sol de Brésil, dans son coin de Copacabana, Zazou rêve d'Amérique.
La cigale voudrait aussi offrir sa voix.
L'objet livre est très esthétique.
Bien que le récit soit constitué d'extraits du journal intime de Zazou, la présentation du texte nous rappelle plutôt un quotidien avec ses colonnes, journal auquel
Dautremer y aurait ajouté des couleurs.
Nous sommes dans le train-train de New York avant d'y être, avec son info qui file à chaque de rue.
C'est amusant de découvrir deux angles proposés à la lecture, sans images nous sommes pleinement dans l'infiniment petit, tandis qu'assistée par les images de
Dautremer, nous sommes dans un produit hybride qui joue de références multiples, humaines et insectes, qui évoquent l'urbanisme de New York et la ruralité de Rio de Janeiro.
L'illustratrice imposera un univers de fantaisie très travaillé qui ne se contentera pas juste de coller au texte.
Nous avons du beau livre à plusieurs niveaux.
C'est très riche dans de grands raccourcis, très subtile, quant à ses différentes lectures proposées pour des âges différents.
Les plus jeunes retiendront l'initiation au Jazz au pays des insectes, les plus grands, avec l'expérience des adultes, comprendront l'allusion historique au Club de Jazz.
Un papillon indique à Zazou où elle peut tenter sa chancer et chanter au
Swing Café en chuchotant.
Pourquoi?
Allo Wiki?
"Malgré sa popularité grandissante, le jazz et les clubs de jazz ne comptaient pas que des amateurs dans les années 1920. Dès le début du siècle eurent lieu des campagnes destinées à interdire une musique jugée « diabolique », en règlementant très strictement les lieux où les clubs de jazz pouvaient être construits..."
Merci Wiki!
Ce sont les origines du Jazz, c'eut été dommage de s'en priver.
Place au plaisir de lire et au plaisir d'écouter!