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Citations sur Riquet à la houppe (181)

Le langage dont se servaient ses parents ne lui posait guère de problèmes. Quand surgissait un ensemble de sons inconnus, la signification ne tardait pas à émerger. Il advint que la dame de ses pensées s’adressa à lui en se montrant du doigt et en prononçant de manière anormalement claire :
– Maman. Ma-man. Maman.
Il pensa qu’il savait son nom depuis longtemps. Pouvait-elle en douter ? Le croyait-elle imbécile ?
Elle le souleva jusque devant sa tête à elle et répéta :
– Maman. Ma-man.
Il avait cette bouche à la hauteur de ses yeux et il assistait au spectacle des lèvres articulant les syllabes. C’était effrayant et absurde. Pourquoi faisait-elle ça ?
Pourtant, sans même qu’il le sache, le mimétisme de son âge l’obligea à grimacer de manière comparable et, à sa consternation, il entendit sortir de sa bouche un « mamama » indépendant de sa volonté.
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Voici comment il théorisa son constat : si la caractéristique masculine était la vulgarité, la caractéristique féminine était l’insatisfaction. Bien sûr, ce n’était pas si simple, il pouvait y avoir de l’insatisfaction chez les hommes et de la vulgarité chez les femmes. Il n’en demeurait pas moins qu’il s’agissait bien d’une tendance : « Moi-même, si je n’avais pas été mis à l’épreuve par mon physique, je serais sans doute un garçon vulgaire. »
A la réflexion, l’insatisfaction et la vulgarité pouvaient s’interpréter comme les versions féminine et masculine d’une force identique : le désir.
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Les gens ne sont pas indifférents à l’extrême beauté : ils la détestent très consciemment. Le très laid suscite parfois un peu de compassion : le très beau irrite sans pitié. La clef du succès réside dans une vague joliesse qui ne dérange personne.
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Ceux qui le huaient en groupe, pris isolément ne semblaient pas disposés à le détester. La récréation n’était pas le moment le plus opportun pour s’approcher d’eux, qui cessaient alors d’être des individus pour devenir une cohorte. L’idéal consistait à échanger quelques paroles banales pendant la pause. L’enfant répondait au pestiféré sans craindre de lui être associé. Peu à peu, l’exclu eut établi ce genre de contact anodin avec chaque élève. Deux mois plus tard, il jouait avec les autres dans la cour, sans que le groupe ait remarqué son stratagème.
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Il faut parfois bénir les malentendus entre parents et enfants : si Enide avait compris les pleurs du bébé, elle aurait tenté de le consoler et elle lui aurait dit de gentilles choses qui non seulement ne l’auraient pas aidé, mais l’auraient enfoncé : « tu n’es pas si laid, tu es différent, ce n’est pas grave, je t’aime comme tu es. » Heureusement, elle ne prononça aucune de ces paroles ravageuses et Déodat put composer avec la terrible vérité et inventer un excellent modus vivendi.
La souffrance et l’injustice ont toujours existé. Avec les meilleures intentions, celles dont l’Enfer est pavé, l’époque moderne a sécrété d’atroces pommades verbales qui, au lieu de soigner, étendent la superficie du mal et font comme une irritation permanente sur la peau de l’infortuné. A sa douleur s’ajoute un nuage de moustiques.
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l ne l’aimait jamais autant que quand elle lui offrait sa présence sans l’angoisse de son attention.

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Conscient de décevoir, le bébé se fit d’emblée discret. On ne l’entendait jamais pleurer. Même affamé, il attendait patiemment le biberon qu’il tétait avec l’extase goulue d’un mystique. Comme Enide avait du mal à cacher l’épouvante que lui inspirait son visage, il apprit très vite à sourire.
Elle lui en sut gré et l’aima. Son amour fut d’autant plus intense qu’elle avait craint de ne pas l’éprouver : elle se rendit compte que Déodat n’avait rien ignoré de sa répugnance et l’avait aidée à la vaincre.
- Notre fils est intelligent, déclarat-t-elle.
Elle avait raison : l’enfançon avait cette forme supérieure d’intelligence que l’on devait appeler le sens de l’autre. L’intelligence classique comporte rarement cette vertu qui est comparable au don des langues : ceux qui en sont pourvus savent que chaque personne est un langage spécifique et qu’il est possible de l’apprendre, à condition de l’écouter avec la plus extrême minutie du cœur et des sens. C’est aussi pour cela qu’elle relève de l’intelligence : il s’agit de comprendre et de connaître. Les intelligents qui ne développent pas cet accès à autrui deviendront, au sens étymologique du terme, des idiots : des êtres centrés sur eux-mêmes. L’époque que nous vivons regorge de ces idiots intelligents, dont la société fait regretter les braves imbéciles du temps jadis.
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Ce que l'oiseau nous apprend,c'est que l'on peut être libre pour de bon,mais que c'est difficile et anxiogène.
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Le merle et le rossignol savent sans le formuler que la catégorie du seulement beau est une ineptie et d'ailleurs qu'elle n'existe pas.
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La souffrance et l'injustice ont toujours existé.
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