Aimer, c'est montrer aux autres ce qui nous fait du bien.
- Arrêtez de vous moquer, dit Lemzo. Viens, Adé, on s'en va.
Son frère lui prit la main, mais le mal était fait. Adé remit sa capuche sur ses nattes mouillées par la pluie et ses joues mouillées par les larmes.
D'une main, Maman passa la brosse dans le creux de son cou. De l'autre, elle lissa le frisottis autour de son front. Comme ses cheveux étaient doux ! Elle attendit une minute, puis deux, puis trois. toujours rien.
- Maman, il n'y a pas de papillons. Ils ont disparu ?
- Non, dit Maman. Il faut les habiller avant de les rencontrer. Attrape le bandeau.
Adé pencha la tête et Maman l'enfila. Comme ses cheveux noirs scintillaient avec son bandeau coloré ! Elle attendit une minute, puis deux, puis trois. Elle bâilla.
- Eh bien, ne naissent-ils pas chenilles, grosses comme des coussins ? Ne se transforment-ils pas dans des cocons secs comme du sable ? Et je sont-ils pas noirs comme le charbon, eux aussi ?
- Si...
- Alors pourquoi t'es cheveux seraient si différents ?
Adé aimait ce jardin coloré.
Pendant que son grand frère Lemzo jouait au ballon avec ses amis, elle apprenait les noms des fleurs par coeur.
Elle adorait voir cet arc-en-ciel floral s'étendre devant elle : le violet des lilas, le blanc des lys et des anastasias, le rouge des tulipes et des coquelicots....
Quelles que soient leur odeur ou leur couleur, les papillons se posaient sur leurs pétales ouverts.
Quand Lemzo appela
- Adé, il faut rentrer !
Adé ne l'entendit pas.
Elle regardait les papillons butiner le coeur des fleurs, les unes après les autres, sans fin.