Claire d’Étoile rangeait ce qu’elle appelait sa protection non dans son sac Gucci en cuir presque neuf de chez Neiman-Marcus, cadeau d’un admirateur depuis longtemps oublié, mais dans sa bourse pailletée bleu nuit où s’entassaient portefeuille, produits de maquillage, comprimés d’amphétamines et de valium. Un couteau avec un manche en nacre et une fine lame d’une douzaine de centimètres. Très léger, très mince. Bien emballé dans des mouchoirs en papier au fond de la bourse, la lame tranchante comme un rasoir pas encore mis à l’épreuve. Sa protection, c’est ce qu’elle y voyait, pas une arme, et moins encore une arme cachée. Pour ce qu’elle en savait sans s’être renseignée sur la question, porter sur soi un tel objet n’avait rien d’illégal dans les États qu’elle traversait. Après tout, c’était un simple couteau de cuisine, qu’on pouvait acheter dans n’importe quelle quincaillerie. C’était un couteau de défense, et pas une arme pour commettre une quelconque agression.
Merci mon Dieu !
Prononcé à voix basse, vite et timidement, tête baissée. Comme on pourrait murmurer des paroles de gratitude à un aîné, sans vouloir être entendu, pas distinctement. Sans vouloir attirer l’attention sur soi.