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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782848761695
666 pages
Philippe Rey (07/10/2010)
4/5   480 notes
Résumé :
Bliss, princesse des glaces qui a remporté tous les prix de patinage, a été assassinée. Pourtant, tout le monde l'aimait. Son frère Skyler, psychotique, un peu jaloux de son succès. Sa mère, prête à tout pour faire de Bliss une star : maquillage outrancier, tenues sexy et produits dopants. Ses fans qui l'adulent jusqu'à l'obsession. Oui, tout le monde aime Bliss, mais trop d'amour peut tuer...
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Critiques, Analyses et Avis (102) Voir plus Ajouter une critique
4

sur 480 notes
Je l'adore, cette auteure !
Elle a le don de m'emporter dans la plus infernale des spirales, dans le plus abominable des abîmes psychologiques.
Car son « héros » et narrateur, Skyler Rampike, n'en peut plus depuis que sa soeur est née, depuis que sa mère a décidé qu'elle en ferait un petit prodige de patinage artistique.

Jaloux, Skyler ? Peut-être. Sa maman, de qui il était le « petit homme » avant la naissance de sa soeur, n'en a plus que pour Edna Louise. Et son papa, n'en parlons pas... le mâle américain dans toute sa splendeur, dragueur, macho, ne supportant pas la faiblesse... Qui se détourne de son fils lorsque celui-ci tombe méchamment en voulant prouver à son père qu'il est capable d'effectuer une figure de gymnastique. Skyler en restera handicapé.
Jaloux, Skyler ? Peut-être pas. Il aime sa petite soeur, sa petite Edna Louise que sa mère va surnommer « Bliss » depuis son lancement dans la sphère du patinage et du début de la célébrité. Il voudrait tellement la protéger de cette maman si gentille et si exigeante pour l'avenir de Bliss.

Et puis arrive le malheur total, innommable. Bliss est assassinée.
Par qui ? On n'en sait rien. La descente aux enfers peut commencer.
Pour tout le monde, mais surtout pour Skyler, qui nous raconte tout cela, à 19 ans, dans une espèce de catharsis avec laquelle je fais corps. Totalement. Inexorablement.

Tout est décortiqué, tout le monde y passe. Oates, par l'intermédiaire de son narrateur, fait éclater dans toute sa splendeur sa connaissance innée de l'âme et des coeurs.
Oates ? La prêtresse des démons intérieurs. Mais aussi l'observatrice fidèle et impitoyable d'une certaine Amérique, celle des apparences, de la richesse et de la célébrité.

Une auteure complète, un roman magistral. Excellentissime.
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Inspiré d'un fait-divers jamais résolu, l'assassinat de la petite JonBenet Ramsey, six ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté, Joyce Carol Oates s'empare de l'affaire en la transformant légèrement.

Nous sommes en Amérique, à Fair Hills, New Jersey où vit la famille Rampike : le père,Bix,caricature de l'américain à qui tout réussit : beau, riche, plaisant aux femmes, trompant allègrement la sienne, ancien sportif très doué, gravissant les échelons sociaux à toute allure ; son épouse Betsey ne travaillant plus pour se consacrer à ses enfants, en quête de mondanité et de reconnaissance sociale, baignée de religiosité ; leur fils Skyler, enfant maigrichon,taciturne qui adore ses parents et enfin leur fille Edna Louise, créature sans intérêt aux yeux de sa mère ... jusqu'au jour où à l'âge de 4 ans, elle devient mini-Miss championne de patinage sur glace. Dès lors, la vie de cette "famille" va changer : plus personne ne s'occupe de Skyler qui s'est vilainement fracturé une jambe en essayant de plaire à son père en effectuant des figures de gymnastique (qui lui font horreur) et restera boîteux toute sa vie au grand reproche de ses parents.

Lorsque Edna Louise remporte des succès en tant que patineuse, sa mère la rebaptise "Bliss" parce qu'elle trouve ce nom plus porteur au point de vue marketing.

C'est Skyler, lorsqu'il est âgé de 19 ans qui nous relate "l'affaire" et leur vie de famille.

C'est une famille américaine type où il faut plaire et être célèbre (et riche) à tout prix. Skyler est délaissé au profit de sa géniale petite patineuse de soeur à laquelle sa maman consacre désormais tout son temps : maquillage, teinture de cheveux, vêtements affriolants et évidemment entraînement intensif sont désormais le lot de cette gamine de 4 ans, Skyler, 7 ans, est forcé de se rendre à son plus grand ennui à des goûters chez des garçons dont les parents sont représentatifs socialement. Il a mal à sa jambe fracturée et boîte ? Ses parents lui font des remontrances "ne boîte pas". Les deux enfants sont également soumis à avaler une batterie de médicaments et Bliss reçoit même des piqûres hebdomadaires pour la "renforcer".

Les enfants sont tristes, craintifs et pas du tout épanouis, ils s'évertuent à plaire à leurs parents qu'ils adorent.

Et ça fonctionne selon le plan de Betsey : tout le monde veut connaître le petit prodige "Bliss" et donc la famille est invitée chez les membres les plus influents (et les plus riches) de la communauté de Fair Hills à la plus grande joie de la mère qui en profite pour se faire opérer esthétiquement, changer de coiffure, s'acheter des vêtements hors de prix ... Mais le bonheur n'est cependant pas au rendez-vous du couple qui se sépare, Bix s'ennuyant auprès de son épouse s'en va vivre des aventures puis revient auprès de sa famille puis repart ...

Et un jour, le drame absolu, Bliss est retrouvée morte, assassinée, la veille de ses 7 ans. Toute la famille y compris le pt'it gars de 9 ans est soupçonnée jusqu'à ce qu'un pédophile fasse des aveux peu crédibles et se retrouve pendu dans sa cellule ... Mais qui donc a tué Bliss ?
La mère soupçonne son fils qui ne se rappelle de rien car sous l'emprise d'une forte dose de médicaments, il dormait et sa mère lui dit "il ne faudra jamais rien dire à personne, même pas à Jésus" ! Mais Skyler aimait sa petite soeur et ne comprend pas pourquoi il l'aurait tuée. Skyler, à coups de sommes astronomiques est placé dans diverses institutions psychiatriques où on lui trouve toutes les maladies mentales possibles et imaginables.

En grandissant, il refuse de voir ou même de parler à ses parents qui le soupçonnent du meurtre de sa soeur. Ne sachant plus qui il est ou n'est pas, il tombe dans la drogue et vit misérablement loin "des siens".

Les tabloïds se déchaînent après le décès de Bliss et la mère en profite pour écrire des livres, créer des collections de jouets évoquant sa fille. Elle s'enrichit très fortement grâce à ces procédés ... ! Reconnue socialement grâce au succès de patineuse de sa petite fille, la voilà donc qui s'enrichit considérablement grâce à son décès, Skyler, lui, n'intéresse plus personne, c'est au contraire la honte de la famille ce qui va le détruire durant dix longues années.

J'ai adoré ce livre tout en le détestant mais cela est une des caractéristique des livres de Joyce Carol Oates qui nous envoûte tout en nous décrivant le pire. Si "ça" est le "rêve américain", je préfère quant à moi parler de "cauchemar américain" et JCO ne se prive pas non seulement de l'égratigner mais de le démolir tout entier.

Un livre excellent, à lire !
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Un fait divers abominable.
En 1996 aux États-Unis, une fillette de six ans, JonBenét Ramsey, est retrouvée morte dans le sous-sol de la maison familiale.
JonBenét n'était pas une enfant comme les autres. Elle participait depuis l'âge de quatre ans à des concours de mini-miss et avait remporté de nombreux titres.
Cette histoire a inspiré Joyce Carol Oates qui en a fait le point de départ de son roman.
De l'horrible événement, elle a gardé les personnages principaux (les parents et le frère de la petite victime), mais elle a effectué quelques changements, en particulier en ce qui concerne les noms : JonBenét Ramsey est devenue Bliss Rampike, et n'est pas mini-miss mais championne de patinage artistique.
Pour le reste, l'auteur a fait marcher son imagination fertile.
Elle a comblé les vides de cette sordide affaire à ce jour non élucidée.
Elle a inventé la vie de la famille avant, pendant et après le drame, elle a créé l'univers cohérent dans lequel elle fait évoluer ses personnages, elle a échafaudé un scénario diabolique.
Cet ouvrage est donc une fiction, mais conçue à partir de l'observation du réel, de la société américaine dont Joyce Carol Oates se plaît à dénoncer les travers.
Ce n'est pas de l'encre qu'elle a mis dans sa plume, c'est du vitriol. De la variété la plus corrosive qui soit.
Tout y passe. Tout est fortement dénoncé.
Les failles collectives et individuelles sont exposées au grand jour : celles de la société et celles des familles et de leurs membres.
Joyce Carol Oates ne vous impose pas ses pensées, son point de vue ; elle n'attaque pas son lecteur frontalement. Elle est plus rusée que ça.
Elle vous glisse des petites phrases, des petites remarques, l'air de rien, et vous amène à penser ce qu'elle veut vous faire penser.
C'est diablement efficace.
Elle raconte, mais son texte est bien plus qu'une narration, c'est une invitation à la réflexion.
C'est ce que j'aime chez Joyce Carol Oates : elle bouscule son lecteur pour le faire réagir. Quelquefois, c'est à travers un petit détail, insignifiant si l'on n'y prend pas garde, une petite perfidie subtilement glissée ; d'autres fois, c'est un boulet de canon envoyé en pleine figure.
Ça peut faire mal !
Dans Petite soeur, mon amour, ça fait particulièrement mal. Parce qu'une petite fille de six ans est morte. Assassinée.
Dans ce livre, l'auteur utilise plus que jamais les possibilités de la typographie pour insister, souligner, ironiser : mots écrits en capitales ou en italique, notes de bas de pages acerbes, fond tramé... chaque effet est pensé, présent au bon moment, de la bonne façon.
Sous un désordre apparent se cache une construction particulièrement soignée, dans laquelle chaque élément est important, utile et à sa place.
Rien n'est laissé au hasard, Joyce Carol Oates est extrêmement méticuleuse.
Elle assume la noirceur de son propos jusqu'au bout, jusqu'à une fin sordide dans laquelle elle donne la résolution de l'affaire ou plutôt un façon possible de résoudre un crime qui dans la réalité n'a jamais été élucidé.
Après s'être fait promener pendant plus de six cent pages dans lesquelles on l'a laissé bien peu respirer, le lecteur pourrait espérer, non pas un happy end (Bliss est morte, on le sait), mais au moins une fin apaisée.
Ce serait mal connaître l'implacable Joyce Carol Oates !
Une immense réussite de plus à l'actif de cet auteur que j'aime tant lire.

PS : JonBenét Ramsey est tristement célèbre aux États-Unis, où son meurtre a fait d'elle une star posthume. Avant de lire Petite soeur, mon amour, tapez son nom dans un moteur de recherche. Regardez les photos et rappelez-vous qu'elle avait six ans lorsqu'elle a été assassinée. Vous comprendrez bien mieux la virulence dont a fait preuve Joyce Carol Oates dans son roman.
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Emerger d'un roman de la grande Joyce Carol Oates équivaut à émerger d'un cauchemar et, à l'instar des cauchemars, il y a de fortes chances pour qu'il vous poursuive et vous hante plusieurs heures voire de nombreux jours après qu'il se soit achevé.

Un titre si tendre et si sentimental pour un roman noir comme seule Joyce Carol Oates sait en produire. La sensation de ne pas savoir où vous posez les pieds ; vous glissez des petits pas craintifs dans la brume opaque qui vous entoure et dans laquelle vos chevilles sont dissimulées. Vous avancez lentement jusqu'à sentir le sol se dérober sous vos pieds. Et le chute est rude, inévitablement.

Ici, vos pieds sont chaussés de jolis patins en cuir d'agneau ; les patins artistiques de la jeune Bliss, star prodige de la glace qui a déjà conquis le coeur des Américains adeptes de la compétition sportive dès le berceau. Bliss a presque 7 ans et elle a déjà derrière elle une carrière longue de trois années de glisse, de galas, de show et de strass. Coachée par sa mère, pistée par les médias et jalousée par son frère aîné, Bliss est une marionnette si (fr)agile.

Contrairement à ce que peut donc laisser penser son titre tendre et sentimental, "Petite soeur, mon amour" est un drame. Drame familial mais aussi et surtout drame social. Dans le parcours de comète de Bliss scintille le miroir aux alouettes du "rêve américain" de la classe suprémaciste américaine : amour, gloire et beauté, le règne tout puissant de la notoriété clé du succès. "Petit soeur, mon amour" est, à l'instar de bien des romans de la géniale Joyce Carol Oates, un pamphlet qui fustige la barbarie de la quête du succès, qui met en évidence la cruauté des procédés pour y parvenir et la médiocrité des résultats si durement atteints.

"Petite soeur, mon amour" est aussi un roman psychologique puissant qui se développe sous la narration psychotique de Skyler, le frère de Bliss. Maltraitance infantile, accaparement par les parents du destin des enfants, addictions destructrices, drame psychiatrique. Vous pouvez compter sur l'impudique Joyce Carol Oates pour ne pas vous ménager.

Oui, "Petite soeur, mon amour" est à classer parmi les romans très noirs de l'auteure. Une auteure dont la plume continue à me fasciner, à me scotcher, à m'enliser dans un cauchemar dont, vicieusement, je ne souhaite pas tant sortir. La peinture au vitriol que l'auteure dresse d'une société dont elle connaît parfaitement les travers et les fantasmes, dont elle maîtrise les codes et les langages, a de quoi faire froid dans le dos. Si son style accuse toujours quelques longueurs, au final, le voyage qu'elle propose, si riche de détails et de dimensions juxtaposées, mérite vraiment le détour bien qu'il nécessite d'avoir le coeur et les tripes bien accrochés.


Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge PLUMES FEMININES 2022
Challenge PAVES 2022
Challenge Joyce Carol OATES
Challenge ABC 2021/2022
Challenge SOLIDAIRE 2022
Challenge ATOUT PRIX 2022
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Ecrire cette critique, c'est presque aussi compliqué que de lire ce roman.

Lecture paradoxale que j'aime et que je déteste.

Histoire qui me fait des noeuds à l'estomac et me révulse et en même temps impossible à lâcher.

Personnages haïssables et d'autres si fragiles.

Hypocrisie vomissive. Traitements indignes.

JCO pour la troisième fois m 'a beaucoup torturée avec cette histoire.
Parce qu'elle touche à ce qu'il y a de plus précieux dans la vie, nos enfants.
Parce qu'elle s'est inspirée d'un fait divers monstrueux. L'assassinat d'une petite miss de beauté jamais élucidé.
Parce qu'elle révèle ce qu'il y a le plus sordide sous le vernis du rêve américain.

Nous avons donc cette petite fille, Bliss, de son vraie nom Edna Louise, qui est toute mignonne sur ses patins. A 4 ans, elle va ravir le coeur du public et commencer à décrocher des titres pour le plus grand bonheur de sa maman Betsey et du papa Bix. Jusqu'à ce qu'elle soit découverte morte dans son sous sol et qu'un pédophile fan de Bliss s'accuse du crime. La petite fille n'a que 6 ans.

C'est le grand frère Skiler, 9 ans au moment des faits, 19 ans au moment de l'écriture et qui raconte.
Le masque de la famille parfaite se fissure rapidement et on ne peut assister impuissant qu'à ce désastre.


L'histoire se situe à Fair Hills dans le New Jersey.

Le papa Bix a tout pour plaire : séduisant, beau, barraqué, en pleine réussite professionelle (en témoigne la taille de sa voiture, de sa maison ou de sa montre).
Betsey s'occupe des enfants (avec des bonnes !). Elle est en quête de reconnaissance sociale. N'hésitant pas à harceler les mamans en vue au téléphone pour obtenir de précieuses invitations à des goûters. Betsey est très croyante.
Skyler c'est un brave petit gars qui ne demande qu'à plaire à ses parents jusqu'à se blesser gravement en sport et rester infirme.
Et enfin la petite Edna Louise qui devient intéressante aux yeux de sa mère le jour où elle monte sur des patins et se révèle douée.

Ca c'est le côté pile de la pièce. Une famille qui a l'air plutôt sympa.

Coté face. J'ai été horrifiée. Vraiment. Imaginer ce que certaines mères font subir à leurs petites filles pour gagner des concours.
Bliss ne va plus à l'école. Elle s'entraîne comme une forcenée. Bliss est devenue une machine à gagner. Toute sa vie et celle de sa maman tourne autour des compétitions : maquillage, coiffure, entraînement...


Skyler est franchement mis de côté. On le prie de ne pas faire ses grimaces de martyre sur les photos et de ne pas boîter en société ni de faire honte. (sérieux ??? J'ai eu de grosses bouffées de colère).

Les gamins reçoivent une quantité inimaginable de médicaments et même des piqûres pour Bliss dans le derrière. Elle ne peut même plus s'asseoir tellement elle a mal. (c'est quoi ces médecins qui prescrivent toute cette merde???)
Vous les croyez heureux les enfants Rampike??? Je ne crois pas avoir lu une ligne de plaisir pour ces pauvres gamins.
De la tristesse, de l'ennui, du désespoir et de la maltraitance.
Quant à moi, j'ai eu envie d'hurler et de punir ces horribles parents.
Je n'en dirai pas davantage car le pire est à venir dans les révélations et les souvenirs. l'après meurtre de Bliss est aussi très difficile à lire.

J'ai du m'accrocher pendant cette lecture.

Pas parce que les enfants sont frappés. Pas du tout. Il n'est pas question de ça.
C'est l'attitude des parents. Soumettre l'amour qu'ils dispensent à leurs enfants à la réussite de quelque chose. Chercher à monter les échelons de la classe sociale sur le dos de leur enfant. Etre dépourvu d'empathie devant la souffrance des enfants.
Ce manque d'amour, de générosité, de sensibilité, ce père qui ne vient même pas voir sa fille patiner parce qu'il a autre chose à faire.
Pour moi ça a vraiment été dur à lire et à encaisser.

Mais il fallait pour Bliss et pour Skyler que je poursuive ma lecture. Je voulais découvrir qui avait tué Bliss. Je voulais aussi savoir ce qu'allait devenir Skyler.

Bon cette fois j'en suis convaincue. Pas d'happy end avec JCO. Mais des romans coups de poing. Elle s'attaque à des sujets difficiles et on peut dire qu'elle n'épargne personne.

Alors c'est ça le fameux rêve américain?

Et bien je vais rester dans ma Haute Loire profonde et profiter de mes enfants que j'aime de la tête au pied, avec leurs qualités mais aussi tous leurs défauts.












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critiques presse (2)
Lexpress
28 novembre 2011
Un conte de fées qui se transforme en murder party, voilà la trame de ce roman magistral où l'on pénètre dans les coulisses d'une famille détruite par sa propre vanité
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
16 novembre 2011
Son écriture épouse la personnalité du narrateur, névrotique et désespéré, victime d'une société manipulatrice et de parents infantiles et vaniteux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Betsey est invitée à expliquer aux téléspectateurs comment elle a lancé les produits Touche Céleste en 1998 pour "tâcher de guérir les plaies purulentes" de sa tragédie personnelle. Un certain nombre de ces produits sont en exposition : trousse de beauté Touche Céleste, parfums Touche Céleste, bain moussant Touche Céleste, chocolats de Noël Touche Céleste, accessoires Touche Céleste (foulards,ceintures,bracelets, etc.),cake de Noël Touche Céleste selon une recette spéciale de Betsey : tous articles livrables immédiatement. Puis un brouhaha admiratif s'élève dans le studio quand Betsey montre avec fierté une poupée Bliss Rampike Touche Céleste : une reproduction en miniature de Bliss Rampike, saisissante de ressemblance, yeux de verre bleu vif qui s'ouvrent et se ferment, adorable bouche en cerise, peau ultraréaliste et fins cheveux blonds mi-longs, bras et jambes articulés, petits patins détachables. La poupée Bliss Rampike Touche Céleste est vendue avec un choix de perruques,diadèmes et costumes de patineuse ( tulle ballerine, soie plissée, mousseline, satin et paillettes Cendrillon, Blanche-Neige, cow-girl de Las Vegas, salle de bal,disco,flamenco,etc) - "Bliss" est proposée avant les fêtes au prix de base de 99,99 dollars ; sa garde-robe complète, patins compris, ne coûte que 49,99 dollars de plus".
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"Car en Amérique, la saison de Noël est décrétée familiale. (Rongez-vous d'envie, vous les misérables solitaires qui n'avez pas de famille ? Si mélancolique que soit Thanksgiving, la période des fêtes de fin d'année est bien pire et dure bien plus longtemps, offrant une mine d'occasions d'automédication, de dépressions nerveuses, suicides et débordements publics avec armes à feu. En fait, on pourrait avancer que la période de Noël -jour de l'An, est aujourd'hui la période centrale de la vie américaine, son sens, son but existentiel brut. Vous qui n'avez pas de famille, comme vous devez nous envier, nous qui baignons dans l'amour parental, dans la chaleur des bûches qui brûlent dans l'âtre, attisées par le robuste tisonnier de nos pères, nous qui sommes gavés à éclater des repas de fête frénétiquement cuisinés par nos mères ; comme vous devez regretter de ne pas être nous, ces enfants chouchoutés/protégés qui au pied du sapin le matin de Noël déchirent les emballages coûteux de cadeaux trop nombreux pour qu'on les compte, tandis que maman les réprimande gentiment : "Skyler ! Bliss ! Montrez à papa et maman les paquets que vous venez d'ouvrir, s'il vous plaît ! Et gardez les petites cartes pour savoir qui vous a fait d'aussi jolis cadeaux.")
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"QUI SE PLAINT ?" ÉTAIT L'UNE DES PHRASES FAVORITES DE papa à la maison. Et aussi "Qu'est-ce qui coince ?", "Où est le problème ?", "Où est la ligne de touche ?" Avec une véhémence enjouée, papa déclarait "Pas de problème !", "Homo Homin Lupus" Papa chassait peurs, pleurs et terreurs enfantines d'un claquement de doigts car papa avait un dicton ou une réplique percutante pour toutes les situations : "Tiens le cap !" (papa avait été élève officier au lycée militaire de Bleak Mountain de Gallowsville, Pennsylvanie, dans sa jeunesse) ; "On limite la casse !" (papa avait abandonné Bleak Mountain au bout de deux ans) ; "Ne jamais dire jamais!" (papa avait été un sportif très célébré au lycée et à l'université) ; "On ne jette pas son argent aux chiens !" (l'essence de la sagesse financière, transmise à papa par son père financier et industriel). Pour un type encore relativement jeune, Bix Rampike avait déjà accumulé assez de sagesse universelle pour farcir de devises tout un Grand Canyon de beignets chinois.
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[...] ... Papa veillait aussi à passer des moments de qualité avec Skyler. Oh ! oui !

Il regardait avec lui les émissions de sport du week-end bien que Skyler énervât son papa parce qu'il s'agitait, se tortillait et n'avait jamais l'air de comprendre ce qui se passait sur le terrain ; il l'emmenait à ses rendez-vous de kinésithérapie [à cette époque, Skyler a déjà été victime du malheureux accident qui le laissera affligé d'une boiterie] ou chez le chirurgien orthopédiste pédiatrique ; dans les bureaux cossus des avocats Kruk, Burr, Krampf et Rosenblatt où, bredouillant et bafouillant d'une façon exaspérante, son fils fit une déposition dont le rusé Morris Kruk tirerait artistement la pièce-maîtresse de l'action en dommages-intérêts de six millions de dollars intenté par Bix Rampike contre le "Gold Metal Gym et Fitness Club" et son (ex-)employé, Vassili Andréïevitch Volokhomski. ( 1 ) En revenant du cabinet de Kruk, un jour de grand vent, papa se confia à Skyler comme sur une impulsion : gros plan sur Big Dabe Bix se confiant avec chaleur à Fiston Skyler l'avorton, attaché à côté de lui sur le siège passager de la Jeep Crusher : "Vu de ma fenêtre, Sky, on n'apprend jamais trop jeune les règles de combat sur le terrain de jeu. Tu as quel âge ... neuf ans ? dix ? ... huit seulement ? - les yeux chaleureux de papa se troublèrent un instant, puis s'éclaircirent - quoi qu'il en soit, il n'est pas trop tôt pour que nous nous mettions autour d'une table , et peut-être maman aussi, avec le "coach en stratégie de carrière" de ton école huppée, pour voir un peu où tu en es, ce HPI ou je ne sais quoi, la "voie rapide." Maman me dit : "Skyler n'a pas l'air d'aimer l'école", "les professeurs de Skyler trouvent qu'il n'est pas à la hauteur de son potentiel", "la jambe de Skyler n'a pas l'air de guérir comme il faudrait", "Skyler n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'amis" ... Je ne vais pas donner crédit à ces angoisses maternelles névrotiques en te demandant tout cru si elles sont fondées, fils, je vais supposer que maman exagère, qu'elle dramatise comme ça lui arrive parfois. La ligne de touche, la voilà : "Demain, ta nouvelle vie commence et pas question de merder." Mettons que tu veuilles suivre ton père dans le monde compétitif de l'entreprise, ou que tu préfères tracer ta propre route dans le droit ou la médecine ou la biotechnologie pharmaceutique ... il va te falloir la meilleure éducation dans ces domaines, et un solide réseau de contacts pour t'aplanir le chemin. Ta génération, mon vieux ! ... Vous allez devoir être plus malins que vos parents. Homo homin lupus, comme disait mon père. Tu sais ce que ça veut dire ? "Le loup est l'ami de l'homme", en grec. Traduction : il faut être assez homme pour exploiter le loup, le sang de loup qui court dans tes veines "civilisées", fils ..." A cet instant dramatique, au grand soulagement de Skyler, papa fut interrompu par la sonnerie du téléphone de voiture. ...

( 1 ) : cette action pour préjudice personnel, très contestée par les avocats du Gold Medal Gym & Fitness Club", serait finalement réglée à l'amiable contre versement d'une somme non divulguée - de 350 000 à 1 000 000 de dollars, selon certaines rumeurs - dont le mineur Skyler, le plus mineur des mineurs, "affligé d'un handicap permanent, ne verrait jamais un sou. (Vous pensez que papa Bix la mit de côté pour les futures études de Skyler dans une université de l'Ivy League ? C'est gentil de votre part.) Peu après, le Gold Medal Gym & Fitness Club disparut de notre centre [commercial] et de la mémoire locale. [...]
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Engoncée dans son collier de caoutchouc mousse, Bliss patinait avec entrain et assurait qu’elle n’avait pas mal. Vraiment pas ! Elle avait la « tête lourde » à cause des sales cachets du Dr Muddick, c’est tout. Et l’estomac « barbouillé ». Elle détestait la Codéine-7 — des capsules visqueuses couleur clams — comme elle détestait tous ses autres « médicaments » et les sales piqûres hebdomadaires dans son « derrière » et la sale « gouttière » en plastique et fil de fer qui lui blessait la bouche et le salon de coiffure où elle devait aller avec maman pour qu’on lui éclaircisse les cheveux avec des produits chimiques qui sentaient mauvais, lui piquaient les yeux et faisaient couler son nez et vite alors maman intervenait pour interrompre cette litanie détestatoire, prononcée d’une voix de plus en plus aiguë, la voix dangereusement aiguë des crises de colère que maman ne pouvait courir le risque de laisser exploser ailleurs qu’au sein de la famille Rampike, et surtout pas dans un endroit public comme la patinoire d’Alcyon où d’autres pouvaient entendre, d’autres patineuses et leurs coachs et leurs mères, qui seraient si choquées, si scandalisées et ravies de voir l’angélique petite Bliss Rampike piquer une colère comme n’importe quelle autre petite patineuse gâtée : « Bliss, ma chérie ! Je t’ai. Et Jésus t’a. »
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