La plupart des actions généreuses, dans la vie, sont réalisées pour apaiser un sentiment de culpabilité.
Il lui avait tout bien expliqué, avec calme et, au lieu de se montrer satisfaite, elle était en train de tout gâcher, c'était inadmissible. Ses pouces allaient se presser, irrésistiblement, sur les grosses veines bleues de son cou... à moins qu'il ne la saisisse par les épaules pour la balancer dans le mur, par terre, ou contre le chambranle de la porte, enfin n'importe quoi de suffisamment dur pour lui péter le crâne. A un certain degré d'exaspération, tout devient insupportable - ou supportable. C'est ce point qu'il faut atteindre.
[...] Colin Ash était fou, mais qu'est-ce que cela signifiait "fou" ? Que le jeune homme avait assassiné deux personnes innocentes sans même pouvoir expliquer pourquoi. Qu'il n'éprouvait pas le moindre remords et qu'il semblait plutôt fier de ses actes. Qu'il croyait dur comme fer que la vie et le destin de Dorothea Deverell étaient inexorablement liés aux siens. Tout cela ne constituait qu'un tissu de faits à la surface de son être, tout comme le blond de ses cheveux, son visage osseux et sa haute taille. Ces évidences le décrivaient mais ne suffisaient pas à le définir.