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Citations sur Les mystères de Winterthurn (38)

Valentine avait soigneusement prévu ses effets : choisissant, pour ses débuts au tribunal, un costume relativement conventionnel (mais coûteux) ; passant des laines et des gabardines aux soies, aux satins, aux velours, aux brocarts et aux fourrures ; des hauts cols, des manchettes amidonnées et des plastrons aux chemises ouvertes de style indien ou marocain ; renonçant à la chaste dignité des rayures et de l’écossais pour des cachemires voluptueux, des tissus japonais peints à la main, des dentelles vénitiennes ajourées, du chintz fleuri... ! Oubliant les teintes sombres pour le pourpre, le vert tilleul, le cramoisi, le bleu lavande, l’argent. Il avait préparé une cape doublée de brocart doré, évoquant une toge romaine ; un manteau de loutre aubergine ; son pardessus de « deuil » de style cosaque, avec son splendide col de zibeline. Calculant ses effets avec une habileté diabolique...
Les dames se pressaient pour voir quelle fleur le jeune homme avait choisie pour sa boutonnière, ce jour-là... ! (p.278)
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Puis Abigaïl émit l'opinion que Simon Esdras était un génie très original dont la famille avait toute raison d'être fière ; comme il devait souffrir de se mêler à une banale conversation de salon !
« Détrompe-toi, chère Abigaïl, dit Georgina, ces questions insignifiantes ne peuvent tourmenter Oncle. Je suis persuadée qu'il n'a jamais éprouvé un pareil sentiment de sa vie. La souffrance, tu le sais, est beaucoup trop commune. C'est une prérogative féminine.»
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Les jeunes cousins parurent en cet instant se découvrir pour la première fois : et Xavier Kilgarvan, bouleversé, le cœur battant, éprouva cet exaltation prodigieuse où se mêlent le désir, la passion, l'amour le plus pur - qui illumine la vie, la brise de part en part, et la transforme à jamais.
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Ah ! Les yeux noirs, perçants, étranges de la femme ne l'avaient-ils pas fixé d'une manière troublante...!
De plus, la scène avait un côté émouvant, romantique même ; à la fois poignante et mélancolique, obsédante. Melle Georgina n'était-elle pas un personnage énigmatique dans son costume de deuil, la tête et les épaules recouvertes d'une fine dentelle de neige fondante ? N'était-ce pas, de la part d'une dame de son rang, un acte de désespoir inconscient, inexplicable, d'avoir parcouru cinq kilomètres à pied sur une route de campagne, avant le lever du soleil - s'exposant à toutes sortes de ragots et de calomnies ?
Cela, le matin du 3 mai, quelques heures avant la découverte, au manoir, de la mort du bébé - le cousin de Mlle Georgina.
Phineas resta sur le seuil plusieurs minutes après le départ des visiteurs, le regard perdu dans le lointain ; la neige commença de fondre sans bruit. Il y avait chez la fille aînée d'Erasmus Kilgarvan quelque chose de pitoyable, de tragique, même. N'avait-elle pas été terriblement humiliée - blessée - par une affaire de cœur, des années auparavant ?
n
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Qui eût cru que Mlle Georgina Kilgarvan, la fille du juge, oubliait son rang et ses obligations au point de publier ces vers exubérants :

Souffle la tourmente... ! Grondent les flots... !
Mon âme crie sans honte...
Elle a faim de Toi !
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Impatiente à force d'attendre. De désirer. Si seule. Affamée. Depuis tant d'années. Impatiente d'aimer. D'être mère. Notre heure approche...
Il était près de minuit ce 2 mai, 6 heures à peine avant que Phinéas Cutter fût brutalement tiré de son sommeil, quand Mme Abigaïl Whimbrel (une cousine de Mlle Georgina du côté de sa mère, issue de la branche des Battenberg de Contracœur) se réveilla en sursaut pour le troisième fois ; une sensation étrange la parcourut - un mélange de volupté et d'excitation, une langueur infinie -, elle crut qu'une présence étrangère s'était glissée dans la chambre.
« Qui est là ?... Je vais appeler un domestique !... »
D'une main tremblante, Mme Wimbrel alluma la lampe à pétrole sur la table de chevet, mais elle ne vit que les ombres géantes projetées par la flamme et son reflet très pâle dans le miroir cuivré. Elle avait un caractère paisible et se laissait rarement aller à l'émotion - sauf aux périodes où la nature des femmes contrarie fatalement leur équilibre, pourtant elle voulut s'assurer que son fils dormait ; il avait été agité plus tôt dans la soirée et à sa demande la nurse l'avait couché dans un berceau d'osier près de son lit.
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Il imagina que le mort se réveillait brusquement pour se retrouver enfermé dans un cercueil doublé de satin - il avait emprisonné tant de criminels au cours de sa carrière ; ces gémissements de chagrin et de colère étouffés n'étaient-ils pas les siens ? Une idée fort désagréable !
Il avait un esprit trop rationnel pour croire à ces choses. « Les morts sont bien morts, même s'ils se métamorphosent au paradis (ou en enfer), se dit-il. Ces superstitions sont bonnes pour les gens sans instructions et pour les femmes. » Il ne put cependant s'empêcher de penser que le juge Erasmus Kilgarvan méritait un sort aussi horrible.
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Un événement très étrange se produisit alors que le révérend De Forrest prononçait une dernière prière pour le repos de l'âme du défunt en présence d'un petit groupe de parents.
Tout-à-coup l'atmosphère changea : le soleil hivernal perça l'écran de nuages qui l'avait caché toute la matinée et illumina les stèles de marbre et de granit, sans épargner le cercueil d'ébène étincelant. Un instant, il sembla que les pierres même prenaient vie ! Alors, à la stupéfaction de tous, s'éleva un cri mystérieux- léger, musical, poignant, avec les accents de la colère. On eut dit le cri d'un oiseau.
De nombreuses personnes levèrent les yeux, affolées. Mais aucune des filles du disparu ne pleurait. Mlle Georgina, très raide à côté de son oncle Simon Esdras, le visage dissimulé par une voilette de mousseline noire, ne laissait paraître aucun signe de détresse. Le bruit diminua, puis s'amplifia de nouveau, gémissement aigu , mélopée d'une douleur indicible, insupportable à entendre.
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Même les ennemis d'Erasmus Kilgarvan ne purent s'empêcher de juger les circonstances de sa mort peu appropriées à une personne de son rang et de sa dignité ; il venait en effet, pure coïncidence, de prononcer une condamnation très sévère (cinquante ans d'emprisonnement dans le pénitencier d'état de Powhatassie) quand le criminel se leva en agitant le poing et se mit à crier des mots incohérents - « Dieu a dit : la vengeance m'appartient. » Le juge fut si stupéfié par cet acte d'impudence à l'intérieur de son tribunal sous la coupole de marbre et de stuc, qu'un vaisseau éclata dans son cerveau : sa phrase s'interrompit sur ses lèvres, son visage se marbra bizarrement de violet et il tomba à terre, arrachant le col amidonné de sa robe. Il ne se releva jamais de l'endroit où le destin l'avait frappé.
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La femme Vaugh fut condamnée à être pendue, conformément à la loi ; avant k'exécution, un journaliste du bas du fleuve s'empara de l'histoire et en exagéra l'importance (avec des titres tels que TRAGÉDIE À WINTERTHURN : LA FILLE PERDUE ET LE BÉBÉ MAUDIT), attirant l'attention de lecteurs oisifs et chicaneurs du Nord-Est. Quel malheur pour la ville de Winterthurn et pour le jeune juge Kilgarvan ! Là où les jurés avaient vu une meurtrière de la plus vile espèce, une criminelle impénitente, les sufragettes et les libéraux découvrirent une victime, une héroïne qui méritait de recouvrer la liberté et de refaire sa vie - avec la compassion et les applaudissements de la presse populaire.
On n'avait jamais connu pareil scandale dans les annales de la justice du pays !... Les passions se déchainèrent des deux côtés, parfois en l'absence d'information véritable ; les familles se divisèrent ; des éditoriaux infamants innondèrent la région, la nouvelle fit la une en Angleterre et sur le continent - où, peut-on imaginer, les cr(iminels de souche manquaient.
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