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Critique de Ikebukuro


De Barack Obama je connais finalement peu de choses en dehors de ce que j'ai pu suivre lors de ses deux mandats dans les médias. J'en avais une image un peu lisse, un peu surfaite aussi, une image vendue par le service communication de la Maison Blanche. C'est quelqu'un dont j'ai suivi le parcours pendant 8 ans, regrettant souvent qu'il ait les mains liées pour pouvoir appliquer la politique qu'il avait souhaitait mettre en place, admirant le symbole qu'il représentait dans cette Amérique toujours aux prises avec ses vieux démons. Pour moi il symbolisait avant tout une évolution des mentalités, une prise de conscience, un progrès… En réalité, je connaissais l'image médiatique, pas vraiment son milieu social, son enfance et d'où il venait en réalité, je ne pensais pas avoir grand-chose de commun avec lui jusqu'au jour où j'ai découvert son interview avec Michiko Kakutani, le critique du New York Times et où je me suis aperçue qu'on lisait et qu'on aimait les mêmes auteurs, Toni Morrison, Philip Roth, Junot Diaz, Jhumpa Lahiri… (il me semble que l'on peut retrouver cette interview en français dans le premier numéro de la revue America).

L'occasion s'est présentée avec ce livre d'en découvrir un peu plus car ce récit ne traite pas du tout de ses dernières années comme Président mais revient sur son enfance, sa famille avec une mère blanche venant de l'Amérique profonde et un père kenyan d'origine Luo qui s'en va lorsque Barack est encore petit, ses grands-parents qui l'ont élevé une partie de son adolescence, son parcours universitaire à Colombia et sa prise de conscience politique lorsqu'il travaillait comme travailleur social dans un quartier noir défavorisé de Chicago.

J'ai beaucoup aimé ce récit, notamment les parties sur son parcours d'organisateur de communautés et son voyage au Kenya quand il part à la rencontre de la famille de son père, retrouve ses demi-frères et ses demi-soeurs, ses tantes… découvre ses racines et surtout son père décédé qu'il a peu connu et qui semble reprendre sa place par le biais de ce voyage.

A travers ses lignes on ne peut qu'admirer ce parcours qui l'a mené au plus haut car contrairement à beaucoup de politiques, il n'a pas eu une route toute tracée. Il a réussi par lui-même, il s'est forgé une conscience politique en côtoyant les plus pauvres et les laissés pour compte, en essayant d'améliorer le quotidien des habitants de ces quartiers grâce à de petites victoires, le désamiantage des logements sociaux, la lutte contre la déscolarisation et la délinquance des jeunes… Autant de petites victoires mais aussi de découragement, de colère sans doute et la volonté constante de ne pas abandonner tous ces gens à leur sort. C'est certainement à ce moment-là qu'il prend conscience de l'importance des alliances politiques, des compromissions nécessaires et du poids de l'Administration. Bouger les gens n'est pas si difficile, faire sortir les politiques et les édiles de leur confort et de leur bureau doré est bien plus compliqué. Il se rend vite compte que oui, il remporte quelques petites victoires, mais qu'il sera beaucoup plus utile s'il réussit à faire partie de ces instances où tout se décide. Quelques temps plus tard il partira pour Harvard, reviendra travailler comme professeur à l'université de Chicago et gravira un par un les échelons de la politique.

J'ai beaucoup aimé ce récit, tant sur le fond que par sa forme car le style, contrairement à ce genre de livre, est très littéraire. On sent tout de suite que c'est quelqu'un qui aime l'écriture mais surtout la lecture et cela rend l'ensemble vraiment fluide et agréable à lire. C'est une vraie introspection, sans fausses pudeurs, sans concession sur ses questionnements, sur ses doutes et sur ses choix.

Monsieur le Président, si vous passez par-là, j'attends vos mémoires avec impatience.

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