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Citations sur Purge (193)

L'herbe qui chatouillait le pied de Zara était la caresse de sa grand-mère, le vent dans les pommiers était le chuchotement de sa grand-mère, et Zara avait l'impression de regarder les étoiles par les yeux de sa grand-mère, et quand elle rebaissa le visage, il lui sembla que le jeune corps de sa grand-mère se tenait à l'intérieur du sien, en quête d'une histoire qu'on ne lui avait pas racontée.
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Le talon de sa sandale se fichait dans la terre à chaque pas, mais la terre cédait, les racines cédaient, les sapins ployaient, l'herbe glissait, les pierres roulaient devant les orteils d'Aliide
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Elle remuait ses jolis orteils et tournait ses chevilles alternativement.
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Une fillette lui apparut, sur un vélo bien trop grand pour elle. Elle avait des sandales pas à sa pointure, du coup ses orteils dépassaient entre les lanières de celles-ci. Un panier en plastique d'un côté du vélo, un bidon à lait de l'autre. Zara fixa le fillette. Celle-ci lui fit coucou et sourit et continua. Zara ferma les yeux.
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Le cerveau d’Aliide se gonfla. Les rideaux se soulevaient frénétiquement,
les anneaux cliquetaient, le tissu claquait. Le craquement du feu avait
disparu, le tic-tac de l’horloge était couvert par le vent. Tout se répétait.
Même si le rouble avait été remplacé par des couronnes, si les avions
militaires lui volaient moins au-dessus de la tête et si les voix des femmes
d’officiers avaient baissé d’un ton, même si les haut-parleurs sur la tour du
Grand Hermann jouaient tous les jours le chant d’indépendance, il venait
toujours de nouvelles bottes de cuir chromé, toujours de nouvelles bottes,
semblables ou différentes, mais qui avaient la même façon de marcher sur
la gorge. Dans la forêt, les tranchées s’étaient refermées, les douilles
ternies, les blockhaus écroulés, les morts à la guerre s’étaient décomposés,
mais les événements déjà vus se répétaient.
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Dans la cour brillait un soleil tranchant. L’homme salua.
Derrière lui se tenait un autre homme, plus âgé, qui salua aussi, et Aliide
sentit l’odeur de l’officier du KGB mêlée à celle du raifort. L’odeur venait
en bouffée comme d’une cave qui sent le renfermé, et rendait amer l’air
extérieur qui pénétrait en elle. Aliide respira par la bouche. Elle connaissait
ce genre de types. Les types avec ce genre de maintien, qui savent comment on punit une femme, et qui sont venus chercher une femme à punir. Le maintien arrogant de ce genre de types, qui sourient de toutes leurs dents en or, le costume près du corps et les épaulettes tendues, et qui savent que l’autre ne peut s’opposer à rien de ce qu’ils veulent. Le maintien de ce genre de types qui portent ce genre de bottes avec lesquelles on peut écraser n’importe quoi.
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Restait-il quelque trace de la fille dans la cuisine ? Non, aucune. Aliide
n’avait même pas eu le temps de mettre le couvert pour deux. Tant qu’à
venir, qu’ils viennent tous, les sbires de la mafia, les soldats, les rouges et
les blancs, les Russes, les Allemands et les Estoniens, n’importe qui, Aliide
s’en tirerait bien. Elle s’en était toujours tirée jusque-là.
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Le ciment disparut de toute l’Estonie, parce qu’on en avait besoin en
Ukraine, et d’Ukraine et de Biélorussie commença à arriver en Estonie plus
de nourriture qu’avant. Talvi interdisait à sa mère d’en acheter. Aliide disait
oui oui. Mais qu’est-ce qu’on aurait pu acheter d’autre ? La nourriture saine
d’Estonie allait à Moscou et on donnait aux Estoniens les provisions de là-
bas, dont Moscou, à cause de ce qui était arrivé, ne voulait pas.
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« Maman, reste là-bas.
— Quoi ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Est-ce que tu as de l’iode ?
— Non.
— Un réacteur nucléaire a explosé en Ukraine.
— Mais non.
— Si. En Finlande et en Suède on a mesuré des taux de radiation élevés.
Tchernobyl. Là-bas on vous a sûrement rien raconté.
— Non.
— Garde papa à l’intérieur et procure-toi de l’iode. Ne dis rien à papa. De
toute façon il le croira pas. Ne mangez pas de champignons ou de baies. Et
plus tard vous n’en cueillerez plus.
— C’est plus la saison.
— Sérieusement, maman. Plus tard en automne. Vous allez rester à
l’intérieur quelques jours, là. Alors le plus gros des retombées sera passé.
En Finlande on ne peut plus sortir les vaches, pour qu’elles ne broutent pas
d’herbe contaminée. On n’utilise plus la hotte aspirante, non plus... »
La communication fut coupée.
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Un printemps particulier. Les printemps particuliers et les hivers
particuliers, elle en avait toujours eu peur. 1941 avait été un hiver
particulier, il avait fait très froid. Et 1939, et 1940. Des années particulières,
des saisons particulières. Sa tête bourdonnait. Il y en avait encore une,
maintenant. Une saison particulière. La répétition des années particulières.
Son père avait raison, les saisons particulières présageaient des événements particuliers. Elle aurait dû savoir. Aliide essayait d’éclaircir sa tête en la secouant. À présent il n’y avait plus de temps pour les vieilles histoires, parce qu’elles ne disaient rien sur ce qu’il fallait faire quand une saison particulière arrivait. Sinon préparer ses bagages et s’attendre au pire.
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