J’ai détesté le tome 1 de ce shonen mainstream. Donc si vous l’avez aimé, autant sauter tout de suite à la conclusion, car ce qui va suivre risque de ne pas être charitable donc risque également de vous énerver plus au moins fortement.
Tout commence avec la capture et la mise à mort d’un Jack l’Eventreur qui ressemble à deux gouttes d’eau à Voldo de la saga vidéoludique "Soulcalibur"…
Dans la ville de Death City, on suit les tribulations d’apprentis faucheurs d’âmes hipsters à l’école de Shibusen. Donc grosso modo au milieu des années 2000 on a un mélange "Naruto", "Bleach" et "Harry Potter" : bravo l’originalité en vampirisant 3 des séries adolescentes les plus bankable de l’époque ! (et ne parlons pas de l’enflammade shinigami avec la sucess story de "Death Note" qui date de la même époque… plus racoleur tu meurs !)
On nous explique que l’école de Shibusen a été créée pour mieux contrôler les pulsion des jeunes shinigamis pour qu’ils ne deviennent pas des « grands dévoreurs » ne faisant plus la distinction entre innocents et criminels, mais tout est basé sur la collecte d’âme pour que les armes et leurs meisters montent de niveaux donc de puissance le plus vite possible (comme dans n’importe quel jeux vidéo à tendance fantastique : "Onimusha", "Devil May Cry", "God of War"… ils sont légions) et c’est tout naturellement qu’on les envoient régulièrement en travaux pratiques de rattrapage qui ont tout de missions suicides en bonnes et dues formes, au nom d’un « il faut bien qu’ils apprennent à se débrouiller par eux-mêmes ». On pourrait y voir une critique du marche où crève du système scolaire japonais, mais même moi je n’y crois pas...
Je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit : c’est n’importe quoi ! Et je déteste quand un récit édicte une règle pour mieux la bafouer juste après : c’est archi-pénible ! (pour qu’un shinigami de type arme monte de niveau, il doit absorber 99 âmes humaines corrompues et 1 âme de sorcière, puis juste après on explique qu’il existe des âmes plus fortes que d’autres et qu’il peut en suffire d’une seule pour monter de niveau (qu’elle soit corrompue ou nom d’ailleurs, ce qui entre en contradiction avec le concept de grand dévoreur). Ouais, pas trop voyante la grosse ficelle !
Sinon, niveau personnages principaux on a des adolescents en plein âge bête :
- Soul Eater, un cancre persuadé d’être trop cool, qui a toujours la bave aux lèvres et qui fantasme sur les filles faciles à très grosses poitrines
- Black*Star, un apprenti ninja au lourd passé mais à l’ego surdimensionné qui ne fout jamais rien car rien n’étant digne qu’il lève le petit doigt (bref, un anti Naruto)
- Death the Kid, un fils à papa maniaco-dépressif, qui s’avère être le fils du Dieu de la Mort
En vis-à-vis, des archétypes ecchi (= mangas érotiques à destination des ados) :
- un adolescente vêtue sérieuse et courageuse (la fille difficile à pécho)
- un adolescente dévêtue gentille et naïve (la fille facile à pécho)
- deux sœurs blondes, courtes vêtues et obéissantes, l’aînée aux cheveux longs, la cadette aux chevaux courts, destinées à assouvir les fantasmes de ménages à trois d’éventuels lecteurs intéressés par la chose…
Mention spéciale à la tentative de construire un truc autour de Spirit le Death Scythe divorcé qui essaye de remonter dans l’estime de sa fille adorée Maka ! (Mais franchement moi aussi je cracherais à la gueule d’un père qui passe son temps dans les bars à hôtesses et qui drague ouvertement mes camarades de classes en plein cours… au secours le séducteur looser)
L’association entre meisters (notez bien l’usage de l’allemand, bien repompé sur d’autres séries de la même époque) et armes humaines de différents types est un immense classique du JRPG opposant magiciens et combattants (Alerte Repompage "Fate Stay Night", très gros succès vidéoludique qui date de la même époque), ici destiné à opposer les armes et leurs utilisateurs sur le concept de la résonance d’âme (Alerte Repompage "Shaman King" : je n’ai jamais compris comment un manga n’ayant eu ni talent ni succès a pu avoir un aussi grande postérité… Peut-être parce que c’est le premier manga ayant réussi à rendre mainstream en le vidant de sa substance le manga culte "JoJo’s Bizarre Adventure" ?).
Et puis il y aussi cette traditionnelle manie des shonen post "One Piece" de se la péter grave en hurlant et en gesticulant en permanence, pour mieux masquer la vacuité du fond en passant du coq à l’âne. (Mais bon on retrouve la même tendance à la con en Europe et en Amérique du Nord)
Il y a des clins d’œil à "Bleach", à "Naruto", à "Shaman King", à "JoJo’s Bizarre Adventure" (titres allègrement pillés par cette série shonen), on a de clins d’œil à la culture horrifique (classiques mais assez sympa ceux-là), et on a des clins d’œil à la culture gangsta (ouah super l’originalité vu que la saga JoJo était dans sa période gangsta avec l’arc "Vento Aureo" / "Golden Wind")… Ouais, cela ne va pas très loin non plus !
Peu de plus-value graphiques sur la forme (qui puise fortement dans les jeux vidéos) : charadesign quelconque qui fait la part belle à la guerre des clones, découpage sans aucun prise de risque, arrière-plans peu recherchés et peu travaillés… Et pour ne rien gâcher les scènes de baston ne sont pas spécialement claires et/ou lisibles. Par contre on insiste bien sur les poses destinées à faire la part aux seins et aux fesses de l’intégralité des personnages féminins qui se laissent facilement dénuder et peloter. Ça et les techniques de drague des uns et des autres qui frôlent le harcèlement voire l’agression sexuelle… Un fanservice tellement pompier qu’on tombe facilement dans la vulgarité avec des planches qui ne dépareilleraient pas dans un manga pornographique alors que la série est destinée aux 13/15 ans !
J’ai arrêté les mangas au début des années 2000, persuadé que j’étais trop vieux pour ses conneries. 15 ans après je m’éclate avec les shonen des années 1980 et 1990, et je prends plaisir avec les shonen des années 1960 et 1970, tout en découvrant quelques bons voire très bons shonen de toute dernière génération… Je me suis fait une raison : il y vraiment quelque chose de pourri dans les shonen des années 2000 qui va au-delà de la différence de générations. Et cela se voit aussi dans la japanime actuelle où l’opposition fait rage entre les animes « éco+ » qui recyclent sans vergogne les clichés éculés, et les animes « de terroir » puisant allègrement dans esprit résolument vintage, qui tiennent en ce moment le haut du pavé. Bref il y a ceux qui tombent dans la facilité en faisant du repompage éhonté, et ceux qui se retroussent leurs manches pour retourner aux sources !
Mais bon, j’ai appris à ne jamais juger un manga à l’aune de son seul premier tome donc je vais poursuivre un peu… On ne sait jamais, les miracles ça existe ! (Et effectivement, à défaut d’être bon c’est bien mieux… Sauf qu’à l’heure actuelle il existe des dizaines de titres plus emballants que celui-là !)
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Bonne histoire en revanche pas adaptée pour des lycéens en contexte scolaire
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