J’aime bien Main Heights malgré tout. J’aime ma chambre toute blanche, l’odeur du bitume frais, ces immeubles frêles qui s’accrochent au ciel. L’endroit idéal pour les gens qui veulent oublier.
On prétend toujours qu’il faut dire la vérité...Mais est-ce qu’on ne prétend pas aussi que l’ignorance est la paix de la vie ?
— Pourquoi personne ne m’aime ?
C’est du Dara tout craché, ça : elle vous horripile puis, la seconde d’après, elle vous brise le cœur. Je tends la main pour la toucher et me ravise.
— Dara, tu sais bien que c’est faux. Je t’aime. Maman t’aime et papa aussi.
— Ça ne compte pas. Vous êtes obligés de m’aimer. Vous seriez presque dans l’illégalité sinon. Je parie que vous m’aimez pour ne pas finir en prison.
Personne ne vous dit la vérité : quatre-vingt-dix pour cent du temps, quand on tombe amoureux, quelqu’un se brûle.
On reste ainsi un long moment, côte à côte, main dans la main, jusqu’à ce que les grillons, obéissant à cette même loi ancestrale qui retire le soleil du ciel pour y mettre la lune, qui déshabille l’automne pour le rhabiller en hiver puis le remplace ensuite par le printemps, obéissant à cette loi des fins et des recommencements, projettent leur chant vers le silence.
La vie, c'est atterrir à un autre endroit que celui prévu et décider de s'en contenter.
Voici une des règles fondamentales de l’univers : si vous partez en retard, vous raterez votre bus. Vous le raterez aussi s’il pleut ou si vous avez un rendez-vous capital, genre un examen ou le permis de conduire à passer. Avec Dara, nous avons un mot pour ce type de poisse : emmerdulation. Une accumulation d’emmerdes.
J’aimerais tellement que les photographies soient des espaces réels, des tunnels. On pourrait se faufiler à l’intérieur et remonter le temps.
Je crois que c'est ce qu'il y a de vraiment cool quand on disparaît : les gens se mettent à vous chercher, ils vous supplient de rentrer.~ Dara
J'ai un ballon à l'intérieur de la poitrine, d'une seconde à l'autre il risque d'éclater. Nick.