Le marron existe, cette couleur c’est la mienne. Un îlot qui disparaît au fur et à mesure que l’on s’éloigne des deux rives. Les Blancs ne perçoivent que du noir, et les Noirs voient du blanc. J’aimerais remettre de la chair et du sang sous un drapeau tricolore qui nous interdit d’exister comme Marron ou Marronne. Montrer que notre roman antiracial national opprime ma « maronité ». Je m’aime comme Marron et j’ai aimé beaucoup de Marronnes. J’aime ce grain de peau qui va du cuivré au brun roux, j’aime être ça, une couleur qui change au soleil, qui laisse des marques sous le maillot, qui fait de nous autres « Marrons » les citoyens de la moitié de la terre chez les Arabes, les Sud-Américains, dans les Caraïbes, dans le Deep South et aujourd’hui, chez les Français de France, les Anglais du Brexit, les Hollandais du pétard et les Belges du chocolat. Tous succombent ou vont succomber, submergés par les Marrons. Parce que deux Marrons ensemble, ça fait plein de petits Marrons, alors que noir et blanc, même en rajoutant du jaune, ça fait encore des petits Marrons : c’est ça, le grand remplacement.