Voilà bien un livre qui ne laisse pas indifférent.
L'Ombre est un thriller psychologique particulièrement efficace, qui va plonger le lecteur dans les tréfonds de la noirceur de l'âme humaine. Comment intégrer, comprendre le cerveau d'un tueur en série ? Peut-on comprendre un monstre ? Peut-on réussir à retrouver la part d'humanité derrière les actes horribles dont sont capables ces individus ?
C'est tout l'objet de ce livre. le récit se base principalement sur trois individus. Nicholas Foster, Patrick Hollman et Michelle Ventura. le premier est une véritable star, un profiler consultant pour le FBI, écrivain à succès et personnage particulièrement énigmatique. le deuxième est un prêtre, tueur en série, qui fut le sujet du premier livre de Foster mais aussi l'assassin de sa petite amie. La dernière est une agent de terrain du FBI, partenaire de Foster lorsqu'il participe à des enquêtes.
Ce trio constitue le socle du livre. Tout va tourner autour de la psychologie de ces personnages, de leurs interactions. Car des femmes vont être retrouvées mortes dans des positions particulièrement insolites, présentant de multiples signes de mutilations assez monstrueuses. le FBi va donc commencer l'enquête, mais très vite on va se rendre compte que le meurtrier reprend le modus operandi d'Hollman. Foster est-il directement visé ?
Ce livre est pour moi un ovni. Ce n'est pas totalement un livre policier ni totalement un thriller. C'est une sorte de plongée dans la destinée de personnages dérangés, dont le meurtre représente une part non négligeable de leur mode de vie. C'est presque un manuel de compréhension des tueurs en série. Mais est-ce ce que l'on demande à ce genre de livre ?
Pour moi 2 écueils empêche ce livre d'être une vraie réussite. D'abord l'enquête à proprement parlé. Sur les presque 500 pages du livre, l'enquête doit représenter un tiers de l'ensemble. C'est quand même peu. A force de se consacrer au lien entre Hollman et Foster, tout en rajoutant des intrigues secondaires qui finalement ne présentent pas d'intérêt, l'enquête passe au deuxième voir au troisième plan. On est presque parfois surpris de se retrouver avec Ventura qui continue ses investigations. Ce qui est bien dommage parce que ces quelques passages sont particulièrement bien construits.
Deuxième écueil. La longueur. Ce livre serait amputé de 100 pages que cela ne poserait pas de problème, au contraire. L'auteur part souvent dans des digressions qui allongent le récit au point parfois d'être assez ennuyeux. Un exemple : "Il ne craignait que d'être interrompu sur son chemin car, bien qu'il n'est pas encore véritablement conscience de sa mission qui n'était alors qu'un vague sentiment informe dans les limbes de son esprit, il se savait sur un chemin qui menait quelque part". Lire ce type de phrases durant des dizaines et des dizaines de pages peut rebuter certains lecteurs.
Enfin il faut noter une fin plus ou moins prévisible.
Bref c'est un livre inclassable, qui emmène le lecteur dans l'esprit des tueurs en série. C'est dérangeant, ça bouscule mais ça patine un peu en longueur ce qui est bien dommage.