La cour des miracles

C'est dans l'ordre ontologique des choses que les hommes préfèrent des illusions qui les sécurisent à des vérités qui les inquiètent.

Les primaires de droite et de gauche vont également avoir lieu ; on appelle ça une présidentielle. Chacun des candidats en passe de l’emporter arrivera avec un programme distinct de son voisin : ultra-libéral, réactionnaire, de droite dure selon la gauche (de droite) quand elle qualifie la droite (de gauche) ; insoucieux des finances publiques, dépensier, coûteux, laxiste selon la droite (de gauche) quand elle qualifie la gauche (de droite). Une fois au pouvoir, cette gauche de droite et cette droite de gauche gouverneront de la même manière en gratifiant de sucres d’orge symboliques et médiatiques leur électorat pour lui faire croire qu’il est bien distinct du camp d’en face.

En effet, quant on regarde les choses après coup, le travail non fait présenté comme un travail intangible...C'est imparable! On ne peut pas dire que le réel a eu lieu puisque le réel n'est pas tangible...C'est une manie dans la famille d'avoir des problèmes avec le tangible et de croire les fictions plus vraies que la vérité bêtement vraie. Antonin a trop lu Botul.

Une fois à l'Elysée , le président découvrira ce qu'il sait déjà : son métier consiste à répondre aux appels téléphoniques de Bruxelles qui donnent les ordres et la feuille de route que tous s'empresseront d'honorer -demandez à Tsipras, le héros de Jean-luc Le Pen et de Marine Mélenchon, comment ça marche....

Macron a raison : les premières victimes de l’effondrement du système scolaire, ce sont les pauvres ; oui, l’illettrisme est chez eux plus grand que chez les bourgeois ; les premières victimes de ce que l’on nomme la malbouffe, ce sont les pauvres, et non les bobos des beaux quartiers ; les premières victimes des maladies liées à l’alcoolisme, au tabagisme, à la mauvaise alimentation, ceux qui meurent plus vite, ce sont les pauvres et non les bien-nourris des centres-villes ; les premières victimes des plans sociaux, oui, ce sont les femmes, ce sont aussi ceux qui ne savent pas lire et qui, de ce fait, n’ont pas de permis de conduire.

Obéir, c'est le contraire de penser

Les Verts sont une étrange corporation ! Leurs ministres utilisent des avions qui les conduisent partout sur la planète dans le seul but de dénoncer le rôle néfaste des avions en matière d’empreinte carbone ; ils applaudissent des deux mains à la COP21 qui rameute à Paris les chefs d’État du monde entier venus avec leurs Airbus et leurs jets privés qui polluent en un week-end plus que le département de l’Orne en deux mille ans ; ils aiment la nature, mais vivent dans les quartiers bobos des mégapoles ; ils détestent la voiture et croient qu’en plein milieu du Cantal ou de la Lozère les ruraux n’ont qu’à prendre le métro.

Hollande brosse ensuite un portrait de lui en or massif : insensible aux flatteries et aux calomnies ; honnête, ne confondant pas sa personne avec le pays ; n’abusant pas de sa fonction ; ne manquant pas à l’éthique ; dévoué, désintéressé, courageux, robuste ; héroïque dans la posture de l’antihéros – il vaut mieux en effet compter sur soi-même pour un pareil panégyrique ! Il faudra en parler au pape François, ça sent la béatification…
Puis il ajoute : « Je suis fier d’avoir redressé l’économie française : elle va mieux qu’en 2012, personne ne peut le contester. » Il faudrait demander leur avis aux chômeurs, aux précaires, aux gens qui recherchent un emploi… On ne le félicite pas ? C’est normal : « Dans notre pays, les réussites, les avancées, les progrès ne sont jamais salués » – chacun aura en effet pu voir combien Hollande avait rendu possibles les réussites, les progrès, les avancées… du FN sous son quinquennat !

Emmanuel Macron se fait fort d’avancer sans programme politique, mais il n’avance pas sans programme politicard ! Il lance son filet dans les eaux troubles une fois à gauche, une fois à droite, une fois ailleurs, il remonte le tout et ramasse tout ce qui grouille, puis il compte sa pêche : une vieille godasse, un maquereau fatigué, une boîte de conserve, une raie pas fraîche, un cadre de vélo, une morue hors d’âge. Il a déjà remonté Attali, Minc et Bergé parmi d’autres gros poissons pas frais.

Manuel Valls a bel et bien des convictions : c'est simplement le nom qu'il donne à ses multiples changement de pied opportunistes. Le voilà désormais socialiste-comme Mitterrand quand il sollicitait les suffrages... L'inconvénient, c'est que Valls, on l'a déjà vu au pouvoir : ce toréador français mi-suisse mi-espagnol n'a jamais massacré que des vaches laitières.

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