De
Freud, je ne connais que les concepts enseignés à l'école. Complexe d'Oedipe et inconscient, telles sont donc les quelques idées que j'ai retenu de la
psychanalyse. Aussi, lorsque j'ai vu la couverture, certes aguicheuse, du Crépuscule d'une idole, j'ai été intriguée par son contenu. Sans être aucunement surprise par le ton des propos tenus, je m'amuse de constater que
Freud fait toujours autant couler d'encre. Et je me suis laissée prendre...
L'auteur aborde le sujet par le biais de son expérience de professeur de philosophie : "La
psychanalyse théoriquement enseignée devenait concrètement leur
psychanalyse, l'analyse de leur psyché de jeunes femmes et de jeunes hommes. Je savais qu'il existait dans cette pensée un genre de sorcellerie à manier avec d'infimes précautions. La position de devenir thérapeute, donc magicien, donc sorcier, donc gourou, me gelait : on nous demandait d'enseigner une matière éminemment combustible auprès d'âmes inflammables. J'ai un peu touché du doigt, là, le pouvoir dangeureux des psychanaystes. J'ai alors développé une méfiance instinctive et viscérale à l'endroit de leur caste sacerdotale et de leur pouvoir de prêtres..." déclare t-il en parlant de ses élèves p.27. Et cela peut se comprendre.
Sauf que je pensais découvrir une analyse originale et j'ai lu une démonstration parfois ennuyeuse de l'affabulation freudienne. Se basant entre autre sur la lecture des oeuvres complètes de
Freud éditées par les PUF et sur les correspondances qu'entretenait le psychanalyste avec ses proches,
Michel Onfray s'offre ici le malin plaisir de faire une
psychanalyse posthume de
Freud en s'appuyant sur les propres méthodes de ce dernier. On aime ou on aime pas. Quoiqu'il en soit, le résultat est plus qu'incendiaire et l'on ne s'étonnera donc pas de constater les vives réactions suscitées auprès des partisans de la
psychanalyse.
Pour représenter la théorie freudienne, l'auteur a choisi ce qu'il appelle les cartes postales (celles-ci rassemblent "tout un monde complexe dans une vignette simple" p.28) :
Freud a découvert l'inconscient tout seul à l'aide d'une auto-analyse extrêmement audacieuse et courageuse
Le lapsus, l'acte manqué, le mot d'esprit, l'oubli des noms propres, la méprise témoignent d'une psychopathologie par laquelle on accède à l'inconscient
Le rêve est impénétrable : en tant qu'expression travestie d'un désir refoulé, il est la voie royale qui mène à l'inconscient
La
psychanalyse procède d'observations cliniques
Freud a découvert une technique qui, via la cure et le divan, permet de soigner et de guérir les psychopathologies
La conscientisation d'un refoulement obtenue lors de l'analyse entraîne la disparition du symptôme
Le complexe d'Oedipe, en vertu duquel l'enfant désire sexuellement le parent du sexe opposé et considère le parent du sexe identique comme un rival à tuer symboliquement, est universel
La résistance à la
psychanalyse prouve l'existence d'une névrose chez le sujet rétif
La
psychanalyse est une disicpline émancipante
Freud incarne la permanence de la rationalité critique emblématique de la philosophie des lumières
Il commence donc son argumentaire en énonçant ces dix cartes postales. Puis il montre en quoi celles-ci sont fausses. Soit. Mais nous n'avons pas besoin d'
Onfray pour savoir que
Freud était loin de détenir des vérités universelles. D'ailleurs la figure emblématique de la
psychanalyse a toujours eu des adversaires et ceci, depuis ses débuts :
Freud mystique,
Freud charlatan,
Freud phallocrate,
Freud mysogine,
Freud homophobe... Bien des gens ont déjà dit ce qu'énonce
Onfray. La question n'est donc pas à mon sens de savoir s'il a tort ou raison. Peu importe si cela fait avancer le débat qui, depuis bien longtemps soulève de nombreuses polémiques. Et ce ne me semble pas être le cas. Car, pour ma part, si je dois croire à l'affabulation freudienne, la
psychanalyse est une supercherie. Or, elle fait encore de nombreux adeptes (ou victimes?). Alors que penser, sinon qu'après tout, ce n'est qu'une histoire de point de vue.
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