AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 272 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Lorsque Michel Onfray prend tout au pied de la lettre, cela donne un ouvrage méchamment incendiaire à l'égard de Freud et de la psychanalyse. En effet, le philosophe se propose de déboulonner la statut du père de cette discipline, à juste titre légendaire, mais pas uniquement littéraire et fantasmatique. L'auteur l'assassine sans détour possible, avec une grande conviction, de façon alors performative (ce qu'il reproche d'ailleurs à Freud).

En étant honnête, on dira que ce pamphlet est un plaisir de lecture, il se lit admirablement bien et reste un ouvrage passionnant de bout en bout. Onfray déploie une écriture didactique, pédagogique souvent, en tout cas argumentée et étayée. Cela dit, on lui reprochera sa lecture beaucoup trop linéaire du texte freudien, sans tenir compte des subtilités ou des autres niveaux de lecture qui peuvent y être perçus. La tonalité sans cesse ironique de l'écriture d'Onfray frôle parfois l'hystérie (!), on dirait bien que le philosophe se complait à détruire de A à Z la psychanalyse, et notamment son plus illustre représentant. Il semble emporté dans cette quête effrénée de réduire la pensée freudienne à une vaste plaisanterie, sans même nuancer ses propos, ce qui les rend alors, parfois, fragiles et contestables.
Les arguments les plus souvent employés sont des extraits de la correspondance de Freud, notamment avec Fliess, et Onfray ne semble pas tenir compte des fluctuations nécessaires de l'élaboration de la théorie chez un penseur, avec toutes les contradictions et les erreurs que cela suppose. Il ne prend pas garde non plus de considérer Freud comme... un homme! Les défauts, bien sûr qu'il devait en avoir. Des traits de caractère dérangeants, pouvant prêter à polémique, bien sûr qu'il devait en avoir. Baudelaire n'était-il pas assurément misogyne? Cela ne l'empêche pas d'être le plus grand poète de l'ère moderne et l'un des penseurs les plus importants de la littérature. Mais de là à considérer Freud comme un misogyne, un homophobe «ontologique» (on appréciera cette tournure pour ne pas dire complètement qu'il l'était), un sympathisant fasciste, un antisémite, un mégalomane, un père incestueux, et j'en passe... de là à le considérer, pour un seul homme, sous toutes ces casquettes foncièrement déplaisantes, il semble que Onfray soit allé un petit peu trop loin. La nuance et le manque de contextualisation font défaut à l'entreprise de Michel Onfray, ce qui aurait été appréciable pour mieux comprendre, véritablement, Freud. Cette destruction du père de la psychanalyse est bien trop systématique pour être véritablement cohérente.

Enfin, un dernier point qui peut prêter à sourire. Onfray affirme que Freud n'était motivé que par la célébrité et l'argent (peut-être est-ce vrai), mais quand est-il de ses propres motivations en écrivant un livre qui démonte délibérément l'un des penseurs les plus commentés depuis un siècle, et qui, assurément a été un succès littéraire prévisible? Onfray ne semble pas le mieux placé du monde pour critiquer et mettre à mal cette recherche de l'argent et de la célébrité... Il a réussi, il a lui-même tué le père et s'est assuré une belle place parmi les contestataires lumineux de ce XXIe siècle!
Lien : http://aucrepusculedesmots.b..
Commenter  J’apprécie          143
De Freud, je ne connais que les concepts enseignés à l'école. Complexe d'Oedipe et inconscient, telles sont donc les quelques idées que j'ai retenu de la psychanalyse. Aussi, lorsque j'ai vu la couverture, certes aguicheuse, du Crépuscule d'une idole, j'ai été intriguée par son contenu. Sans être aucunement surprise par le ton des propos tenus, je m'amuse de constater que Freud fait toujours autant couler d'encre. Et je me suis laissée prendre...


L'auteur aborde le sujet par le biais de son expérience de professeur de philosophie : "La psychanalyse théoriquement enseignée devenait concrètement leur psychanalyse, l'analyse de leur psyché de jeunes femmes et de jeunes hommes. Je savais qu'il existait dans cette pensée un genre de sorcellerie à manier avec d'infimes précautions. La position de devenir thérapeute, donc magicien, donc sorcier, donc gourou, me gelait : on nous demandait d'enseigner une matière éminemment combustible auprès d'âmes inflammables. J'ai un peu touché du doigt, là, le pouvoir dangeureux des psychanaystes. J'ai alors développé une méfiance instinctive et viscérale à l'endroit de leur caste sacerdotale et de leur pouvoir de prêtres..." déclare t-il en parlant de ses élèves p.27. Et cela peut se comprendre.

Sauf que je pensais découvrir une analyse originale et j'ai lu une démonstration parfois ennuyeuse de l'affabulation freudienne. Se basant entre autre sur la lecture des oeuvres complètes de Freud éditées par les PUF et sur les correspondances qu'entretenait le psychanalyste avec ses proches, Michel Onfray s'offre ici le malin plaisir de faire une psychanalyse posthume de Freud en s'appuyant sur les propres méthodes de ce dernier. On aime ou on aime pas. Quoiqu'il en soit, le résultat est plus qu'incendiaire et l'on ne s'étonnera donc pas de constater les vives réactions suscitées auprès des partisans de la psychanalyse.

Pour représenter la théorie freudienne, l'auteur a choisi ce qu'il appelle les cartes postales (celles-ci rassemblent "tout un monde complexe dans une vignette simple" p.28) :
Freud a découvert l'inconscient tout seul à l'aide d'une auto-analyse extrêmement audacieuse et courageuse
Le lapsus, l'acte manqué, le mot d'esprit, l'oubli des noms propres, la méprise témoignent d'une psychopathologie par laquelle on accède à l'inconscient
Le rêve est impénétrable : en tant qu'expression travestie d'un désir refoulé, il est la voie royale qui mène à l'inconscient
La psychanalyse procède d'observations cliniques
Freud a découvert une technique qui, via la cure et le divan, permet de soigner et de guérir les psychopathologies
La conscientisation d'un refoulement obtenue lors de l'analyse entraîne la disparition du symptôme
Le complexe d'Oedipe, en vertu duquel l'enfant désire sexuellement le parent du sexe opposé et considère le parent du sexe identique comme un rival à tuer symboliquement, est universel
La résistance à la psychanalyse prouve l'existence d'une névrose chez le sujet rétif
La psychanalyse est une disicpline émancipante
Freud incarne la permanence de la rationalité critique emblématique de la philosophie des lumières
Il commence donc son argumentaire en énonçant ces dix cartes postales. Puis il montre en quoi celles-ci sont fausses. Soit. Mais nous n'avons pas besoin d'Onfray pour savoir que Freud était loin de détenir des vérités universelles. D'ailleurs la figure emblématique de la psychanalyse a toujours eu des adversaires et ceci, depuis ses débuts : Freud mystique, Freud charlatan, Freud phallocrate, Freud mysogine, Freud homophobe... Bien des gens ont déjà dit ce qu'énonce Onfray. La question n'est donc pas à mon sens de savoir s'il a tort ou raison. Peu importe si cela fait avancer le débat qui, depuis bien longtemps soulève de nombreuses polémiques. Et ce ne me semble pas être le cas. Car, pour ma part, si je dois croire à l'affabulation freudienne, la psychanalyse est une supercherie. Or, elle fait encore de nombreux adeptes (ou victimes?). Alors que penser, sinon qu'après tout, ce n'est qu'une histoire de point de vue.
Lien : http://livresacentalheure-al..
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (736) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}