AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 272 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme il est amusant de se dire qu'à la prochaine personne qui nous dira qu'elle a lu tout Freud, on pourra répondre qu'elle aurait sans doute mieux fait de faire autre chose, qu'elle n'a lu que la pensée d'un seul, qui prétendait appliquer à tous ce qu'il ne ressentait que lui-même et que toutes ses constructions ne sont qu'une philosophie, pas plus scientifique que le marxisme ou le kantisme. Quant aux quelques résultats qu'il a obtenus (quand il n'était pas falsifiés), ils étaient majoritairement dus à d'autres types de thérapie (cures thermales, drogue, toucher, etc...).
Onfray m'a convaincu. j'espère ne pas apprendre un jour que ses écrits relèvent eux aussi de la plus grande affabulation !
Commenter  J’apprécie          6318
Bien que peu enthousiasmée par la lourdeur du titre , j'ai osé la rencontre avec le grand imprécateur des média, digne successeur de Jean-Edern Hallier pour les sautes d'humeur et le côté persécuté. Hélas je n'ai pas pu lire en entier cet ouvrage qui se donne donc pour but rien moins que le déboulonnage d'une idole,j'ai été stoppée pour un détail peut-être, mais le diable est dans les détails.
La pensée négative était le sujet de la thèse du jeune Michel Onfray. On ne peut pas dire qu'il ait beaucoup avancé sur ce point. Mais ce qui me paraît infiniment plus grave est qu'il n'entende rien au sous-entendu.
Ainsi, qu'il brandisse triomphalement , comme preuve de son abjection,une petite note très ironique de Freud, sommé d'écrire après une garde à vue qu'il avait été bien traité par la Gestapo, et écrivant en effet qu'il recommandait chaudement celle-ci, qu'il ne comprenne pas le trait d'esprit de ce vieil homme en danger de mort (pas plus d'ailleurs que les nazis n'y ont pigé quoi que ce soit, qui ont libéré Freud et sa fille Anna et donné l'autorisation de leur départ pour Londres) qu'il prenne donc la lettre au pied et n'en saisisse pas le sens, voilà qui est inquiétant pour la validité de toutes les analyses de Michel Onfray. On peut donc être philosophe et ne rien entendre aux lois du discours, méconnaître l'existence et l'usage de la connotation.
Pour moi, la cause est entendue, et je laisse à ses nombreux lecteurs (à qui je ne veux aucun mal, je le précise car les sous -entendus sont parfois perdus dans le tumulte des croisades philosophiques ou pseudo philosophiques) je laisse donc à qui s'y intéresse les deux mètre cinquante linéaires d'oeuvres de Michel Onfray. C'est vrai, il y a longtemps ,j'ai voulu acheter un ouvrage de cet auteur, et je n'ai pas pu faire un choix devant cette avalanche de titres aussi discrets que les trompettes de Jéricho. Si Nietzsche parlait de philosophie à coup de marteau, il disait aussi que la vérité s'approche avec des pas de colombe...
Commenter  J’apprécie          5024
Voila un gros livre sur Freud, l'homme et l'oeuvre, mais un livre qui se révèle d'emblée comme un énorme brûlot venu soudainement troubler, déstabiliser, déconstruire, démonter, démystifier les idées reçues - pour ne pas dire des idées arrêtées - chez la nombreuse tribu des fidèles de la psychanalyse, lesquels ont plus ou moins contribués à l'affabulation freudienne, une espèce de légende moderne (et le mot n'est pas trop fort) qui dure depuis cent ans ou plus. C'est un livre étonnant, dérangeant, et c'est le moins que l'on puisse dire, un livre dévastateur que tout lecteur attentif de l'oeuvre de Freud n'est pas près d'oublier.

L'auteur, Michel Onfray, est un philosophe de formation, une formation doublée d'études en histoire de l'art et en psychanalyse (à laquelle il a été introduit dès l'entame des études supérieures, en plus de ses lectures «sauvages et solitaires, voraces et furieuses, anarchiques et instinctives» comme il se plait à le dire aux toutes premières pages du livre, avant même qu'il ne fasse connaissance du programme officiel de l'Education nationale qui proposait des textes de Freud, et ceci dès le Baccalauréat), qui a écrit une cinquantaine de livres.

C'est une production imposante et prolifique pour un auteur qui apparait avoir, incontestablement, atteint sa pleine maturité (maturité philosophique s'entend) dans ses écrits qui vont de l'histoire de la philosophie (et la «Contre- Histoire» de la philosophie), l'esthétique, la pensée et la culture modernes, en général, à la lumière d'un contre-modèle de «philosophie féroce», à un rythme de croisière, dans sa production réflexive, époustouflant !

L'auteur de cette destruction annoncée de toute une légende a lu toute l'oeuvre de Freud, dans l'ordre, a décortiqué, exploré avec soin la «mine d'or» des correspondances de Freud, et la dernière en date, complète et non tronquée comme celle des éditions précédentes, les «Lettres à Wilhelm Fliess» (1887-1904), parue en 2006 (qui comprend seulement comme l'indique le titre du recueil, les lettres de Freud à Fliess, celles qui lui étaient adressées par Fliess ayant été détruites par Freud lui même), qui contiennent de très précieuses informations sur la naissance de la psychanalyse, et un autre visage de Freud que celui auquel nous ont habitué les hagiographes à défaut de biographes objectifs (celle monumentale d'Ernest Jones, 1956-1959, est un parfait exemple d'hagiographie), un grand nombre d'études critiques de l'oeuvre… Tout cela est rapporté en détail dans une bibliographie commentée de 20 pages, en caractères d'imprimerie petits et serrés, à la fin de l'ouvrage.

Le livre comprend cinq parties : 1- Symptomatologie. Déni soit qui mal y pense ; 2- Généalogie. le crâne de Freud enfant ; 3- Méthodologie. Un château en Espagne ; 4- Thaumaturgie. Les ressorts du divan; 5- Idéologie. La révolution conservatrice.

Dans cette mise à nu de l'idole, et de cette théorie habillée de respectabilité scientifique, de cette thérapie (la cure psychanalytique) fabriquée, selon l'auteur du livre, de toute pièce et sans aucun résultat concret, Onfray cite, à l'appui de ses arguments, dès les 60 premières pages de son livre, plusieurs extraits de Frédéric Nietzsche (en particulier «Par delà le bien et le mal» et «Le gai savoir») où il est dit que les philosophes, dans leur ensemble, sont «les avocats et les mêmes astucieux défenseurs de leurs préjugés, baptisés par eux «vérités»» (‘Par delà le bien et le mal'). Et Freud est, incontestable ironie du sort, lui qui détestait les philosophes, avant tout un philosophe ! Au sens où, s'écartant de la neurologie, et de la médecine en général, qui était sa formation de départ, il développe une théorie basée sur une incroyable machine de rhétorique sophistique pour expliquer les ressorts cachés de l'âme et de la personnalité humaine. Entre Freud et Nietzsche il ya quelque chose comme une attraction / répulsion. le théoricien de la psychanalyse, qui sans doute a lu le philosophe de ‘Par delà le bien et le mal', 'Ainsi parlait Zarathoustra', ‘Généalogie de la morale', dissimule l'influence de Nietzsche, la repousse, la nie, la ‘travestie' (j'emploie le terme d'Onfray) bien que dans sa correspondance apparaissent ça et là des confessions où il reconnait beaucoup d'«intuitions» de Nietzsche qui sont proches de la psychanalyse. S'il prétend ne l'avoir pas lu, c'est par tout un art sophistique qui consiste «à ne pas prêter intérêt par excès d'intérêt» (p.59).

Pour Onfray, l'inventeur de la psychanalyse «n'est pas plus scientifique que Shakespeare ou Cervantès», et en fin de compte «Freud est un philosophie élaborant des vérités prétendument universelles avec ses intuitions.

Il pense à partir de lui, avec son salut personnel en ligne de mire. Sa théorie procède de la confession autobiographique, et ce de la première à la dernière ligne de son oeuvre. Singulièrement, et toujours affligé de cette incapacité à voir en lui ce qu'il prétend si bien discerner chez autrui, Freud explique ce qui définit la philosophie – la proposition d'une vision du monde ; puis il développe ses théories sur plus d'un demi-siècle en proposant … une vision du monde, mais il ne veut pas être un philosophe !» (p.72)

En somme, la leçon qu'il faut tirer de ce livre, est que la psychanalyse n'est rien d'autre qu'une discipline qui concerne la personne de Freud (affirmation très forte, pour des générations de psychologues, médecins, psychiatres, mais attendons de voir la suite), et tous les concepts de l'oeuvre freudienne ont servi d'abord et avant tout à penser «sa propre vie, à mettre d'abord de l'ordre dans son existence : la cryptomnésie, l'auto-analyse, l'interprétation du rêve, l'enquête psychopathologique, le complexe d'Œdipe, le roman familial, le souvenir-écran, la horde primitive, le meurtre du père, l'étiologie sexuelle des névroses, la sublimation constituant parmi beaucoup d'autres autant de moments théoriques directement autobiographiques» (pp.39-40)

La psychanalyse apparait ainsi, dans ce livre dévastateur, tout juste un ‘roman familial' extrapolé à l'ensemble de l'humanité !

C'est à la lumière de la correspondance de Freud avec Fliess (longtemps expurgée par les soins d'hagiographes – ou biographes qui systématiquement embellissement la vie de leur héros, Freud – et disciples ‘juges et parties' dans le dossier Freud), celle dite ‘authentique' de 2006 (c'est dommage que Michel Onfray ne mentionne pas la maison d'édition de cet important texte, de même qu'il ya d'autres problèmes d'ordre méthodologique, où les pages des textes cités de Nietzsche ne sont pas données, en plus de quelques coquilles et quelques autres remarques qui seront signalées à la fin de l'article) que le concept majeur de l'oeuvre, ‘clé de voûte' ou ‘socle de la psychanalyse' apparait, malgré toute l'ambigüité du mythe grec, comme le principal déclencheur de toute la saga de l'oeuvre freudienne. Pour Onfray, le complexe d'Œdipe ‘épicentre de la psychanalyse' est «d'abord le coeur nucléaire de l'âme de Sigmund Freud, car cette hypothétique vérité scientifique, est avant tout un problème existentiel subjectif, personnel, individuel. Ce problème devenu, par la grâce et la magie du maitre et de ses disciples, le tourment de tout un chacun depuis le début de l'humanité jusqu'à la fin des temps, ce problème, donc, c'est celui d'un homme, d'un seul, qui parvient à névroser l'humanité tout entière dans le fol espoir que sa névrose lui paraitra plus facile à supporter, plus légère, moins pénible, une fois étendue aux limites du cosmos» (p.137)

Suivent, ensuite, pour illustrer tout cela, des pages et des pages sur le ‘roman familial' de Freud, son attachement (par euphémisme) à sa mère, sa haine du père, son attachement particulier à sa fille Anna, ses relations ambigües avec sa belle soeur Minna Bernays, etc… Toute une généalogie non pas de la morale freudienne, mais des fantasmes, des rêves, des désirs, des tropismes du théoricien de la psychanalyse.

A cela, il faut ajouter les autres termes et pratiques au coeur de l'oeuvre, telles la sublimation, l'auto-analyse, la cure psychanalytique, les pseudo-guérisons (entre autres le cas de Anna O., c'est-à-dire Bertha Pappenheim, laquelle est seulement «guérie sur le papier, mais souffrant toujours dans un lit d'hôpital» (p.186), la religion ‘entendue comme névrose obsessionnelle' (p.217) … Tous ces termes sont minutieusement analysés, disséqués, remis soigneusement dans leur contexte du ‘roman familial'.

Dans la quatrième partie de l'ouvrage (Thaumaturgie), l'auteur relève un certain nombre de sophismes qui contribuent au verrouillage systématique de la discipline psychanalytique. de cette manière «Freud, la psychanalyse, les psychanalystes restent intouchables car la doctrine leur offre un statut d'exterritorialité intellectuelle. Freud prend pour une offense personnelle toute remise en cause de la moindre de ses thèses. Comment pourrait-il en être autrement avec une personne ayant fait clairement savoir que sa vie se confondait à la psychanalyse, qu'elle s'y identifiait, qu'elle était son enfant, sa créature, sa création ? le docteur viennois prétendument débarrassé de sa psychonévrose fort grave en a fait un objet fusionnel. Ses disciples se prosternent depuis un siècle devant le même totem devenu tabou. Or la tâche du philosophe n'est pas de s'agenouiller devant les totems» (p471).

La thèse de Nietzsche réactivée, pour ainsi dire, à travers tout l'ouvrage, est que «toute philosophie est confession autobiographique de son auteur» (p.69). le Freudisme en est une illustration, c'est l'hypothèse majeure du livre d'Onfray à propos de l'oeuvre de Freud.

«Le crépuscule d'une idole» est un livre d'une grande puissance perceptive, un livre qu'on pourrait lire tel un ‘traité d'athéologie' comme le souhaiterait son auteur, et l'on pourrait même imaginer, si l'âme des morts errait parmi les vivants, ou, en d'autres termes, le ‘noûs' ou souffle purement spirituel qui s'élance vers les hauteurs célestes, chez Platon, (le ‘noûs' comme intellect actif chez Aristote), et plus prés de nous l»anima', archétype du féminin chez Carl Gustav Jung, que peut être l'âme de Nietzsche jetterait un regard bienveillant ou complice sur ce livre.
Commenter  J’apprécie          210
Pour ce qui est de Michel Onfray "Le Crépuscule d'une Idole, l'affabulation Freudienne" (les goûts et les couleurs...), quand on le connaît rien qu'un peu, nous nous tournons vers un sombre pamphlet qui est direct, sans concessions, et cela dès le début. Il faut savoir que Michel Onfray, avant d'écrire ce livre a lu tous les nombreux tomes que Sigmund Freud avait lui-même mis sur papier!
Il est aussi largement consacré à des questionnements sur Josef Breuer, Goethe, et Nietzsche évidement, mais aussi sur et Jean-Martin Charcot qu'il faut admettre, n'était vraiment pas un ange, loin de là. (sic) Ecce Homo
Lien : https://lajoiedeslivres.wixs..
Commenter  J’apprécie          90
Diantre, un bouquin de philo sur urbanbike…? Et de la pire eau, celle qui essaye de dissoudre Docteur Psy and Mr Freud…?! Gloups, ne coupez pas, vous êtes toujours sur urbanbike…!

Que dire…? Que j'ai franchement apprécié ce bouquin qui est remarquablement bien écrit, archi documenté et, désolé de le souligner, drôle, tonique et ironique. Au bout de 100 pages, j'ai sauté directement à la bibliographie (page 581) que j'ai lu d'une traite avant de revenir ensuite, plus hilaire encore, à mon point de départ.
Elisabeth, mon petit, je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier, l'homme de la pampa, parfois rude reste toujours courtois, mais la vérité m'oblige à te le dire : ton Freud commence à me les briser menu !

C'est la force d'Onfray, tout sourcer, apporter à chaque fois les preuves de ce qu'il avance, s'appuyer sur les textes, écrits et lettres du maître et de ses ouailles pour éclairer les contradictions, poser le doigt sur les failles. du coup, je comprends mille fois mieux les attaques dont il est l'objet depuis des semaines après ce dynamitage sans précédent. Plus grand chose à relever dans les débris fumants, fumeux…

Et les réponses bricolées, pathétiques en retour qui m'ont remis en mémoire la suite…!
Non, mais t'a déjà vu ça ? En pleine paix, il chante et puis PAF, un bourre pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. J'vais lui faire une ordonnance et une sévère ... J'vais lui montrer qui c'est Roudi. Aux quat' coins d'Paris qu'on va l'retrouver éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m'en fait trop j'correctionne plus : j'dynamite, j'disperse, j'ventile.

Mais comme dans les tontons flingueurs, difficile d'abattre Onfray de Montauband'Argentan…!

Depuis que je suis gamin, je vois le poids de la sphère psy même si, heureusement, mes proches ne l'ont jamais trop pris au sérieux. Cette manière de tout expliquer, résoudre à partir des explications chères à Freud — et lui seul — m'exaspère. Naguère, il nous a fallu choisir entre les conseils avisés de spécialistes et notre propre ressenti. Pas de regrets d'avoir été à l'encontre des avis des experts et de ne pas avoir fourré notre progéniture dans une CLIS. Mais là n'est pas le propos.

Bref, à vous de vous faire votre opinion.
Pas de craintes, le style d'Onfray n'a rien de soporifique, il faut juste du temps pour tout lire. du coup, effet "kiss cool", certainement l'envie d'en savoir plus et d'écouter ses conférences à l'université populaire de Caen. Ou d'Argentan, celle du goût et des légumes oubliés…!
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
Commenter  J’apprécie          80
Un livre lu d'un trait... Loin d'être un pamphlet, Onfray avec sa tendance à tendre une situation qui ne l'est pas forcément, place Freud au centre même d'une analyse.
De références historiques en hypothèses comme seuls les psychanalystes savent le faire, il m'a fait redécouvrir l'oeuvre du médecin viennois.
Alors oui il y a des redites, des redondances... Sans cela ce ne serait pas un Onfray afin de bien nous marteler ses idées.
Un bon bouquin vraiment que je conseille vivement
Commenter  J’apprécie          42
Ce fut en grande partie une lecture de plage. On pourrait trouver qu'il s'agit d'un sujet et d'un texte de contenu trop sérieux pour l'associer ainsi à la brise du sud et au sable doux, mais la position du lecteur allongé devant l'infinie surface mouvante de la mer, enveloppé par le tumulte de l'onde constitue souvent un contexte qui prédispose à la réflexion et l'introspection que l'intrusion dans un tel texte commande.

La préface m'a séduit. Onfray y décrit sa rencontre adolescente de trois livres et de trois auteurs qui auront une influence marquée sur sa pensée et sa démarche. Il s'agira de L'antéchrist de Nietzsche, du Manifeste du Parti communiste de Marx et de Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud. Il dit de ces rencontres : À quinze ou seize ans, je disposais d'un stock de dynamite considérable pour faire sauter la morale catholique, miner la machinerie capitaliste et volatiliser la morale sexuelle répressive judéo-chrétienne. de quoi faire la fête philosophique, et pour longtemps! Nous n'avons pas tous croisé ces auteurs à quinze ans, mais souvent des textes lus dans l'adolescence ont imprimé sur notre devenir des traces indélébiles.


Je ne reprendrai pas ici toute la polémique que le crépuscule d'une idole a pu soulever en France. Au Québec, la vague a été nettement moins déferlante. La psychanalyse n'a pas ici l'espace privilégié que la France lui réserve.

L'argument d'Onfray : Freud a été un philosophe qui détestait la philosophie et les philosophes. Son oeuvre, tirée de ses expériences personnelles, n'est en rien scientifique et s'apparente plutôt à une catégorie subjective de psychologie littéraire ou d'autobiographie philosophique. Onfray démonte la statue de Freud et répond à quelques-uns des raccourcis que certains auteurs ont aménagés pour décrire l'oeuvre psychanalytique. Il se sert de l'histoire de Freud, pas nécessairement celle que ces hagiographes officiels ont voulu montrer. Il reprend l'histoire de la naissance du concept et en livre une critique radicale. Il le fait dans un style clair et explicite. Son écriture porte toujours cette signature de celui qui veut se faire comprendre. Peut-être qu'il abuse de la répétition des arguments et parfois, on sent la redite un peu appuyée. On passe toutefois au-delà de cette difficulté d'écriture, le propos étant tellement porteur.

Derrière l'affabulation freudienne, Onfray découvre et met en exergue la logique ecclésiastique de la psychanalyse avec sa doctrine, son pape, ses évêques et ses cardinaux, son rituel, son orthodoxie. Il montre à quel point la psychanalyse se veut telle une vision du monde totalisante ayant réponse à tout et proposant un concept, l'inconscient, qui permettra l'interprétation de la totalité de ce qui a eu lieu, a lieu et aura lieu. Freud n'apparait plus comme le libérateur que certains croyaient, mais plutôt comme un inhibiteur de l'investissement politique, comme le tenant d'une illusion indémontrable.

Onfray repose son texte sur une recherche imposante traduite dans une bibliographie commentée de près de 20 pages. C'est loin de n'être qu'une pierre lancée dans la mare, c'est une vision réfléchie et lucide du freudisme qu'Onfray nous livre.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
Commenter  J’apprécie          20
En sous-titrant son ouvrage "l'affabulation freudienne", Onfray nous prévient de suite. Son propos est de démontrer dans le détail comment, ce qui n'est, de son point de vue, qu'une doctrine philosophique, s'est faite passer pour une science de la psychologie...
Pour avoir lu Freud, je dois reconnaitre que le part pris par Onfray me convient tout à fait. Freud avait soif de gloire et de reconnaissance. Il n'a pas hésité à tricher et s'octroyer les recherches des autres (ex: Charcot) pour parvenir à ses fins, sa démarche n'ayant rien de scientifique.
Il reste de Freud quelques vérités qu'on ne peut négliger, tels l'inconscient, la psychopathologie des gestes de la vie quotidienne ou la symbolique des rêves. Mais sa volonté de faire entrer tout cela dans un processus scientifique incontestable a été son erreur majeure. Il s'est discrédité.
Longtemps soutenu par l'intelligentsia, il a fait illusion, mais reste un grand manipulateur.
Livre très dense, je le conseille principalement à ceux qui sont déjà bien au fait du courant psychanalytique, alors même que l'effort de "vulgarisation" d'Onfray est manifeste.
Commenter  J’apprécie          24
Le livre est là, posé sur mon bureau. Je l'ai acheté et j'ai hâte de le lire. Nous nous lorgnons tous les deux. Il me remplit de joie et je sens qu'il va beaucoup m'influencer. Alors, pourquoi est-ce que je ne le lis pas ? Paresse ? Bizarre bizarre...
Commenter  J’apprécie          10
Excellent, un livre dense et riche qui ne plaira pas à tout le monde, car il faut aimer "lire" et surtout chercher à comprendre... On est à l'opposé du "prêt à penser" que nous propose le feel good avec ces histoires qui se ressemblent toutes, mal écrites, et sans aucune profondeur. Un travail très minutieux dans lequel chaque référence est documentée et vérifiable. Personnellement, j'ai appris beaucoup de choses et j'en suis ravi.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (736) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}