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3,97

sur 322 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jean d'Ormesson prend la plume d'un narrateur afin de nous faire vivre les grandes heures de l'Histoire à travers une famille bourgeoise française.
Le grand père, clé de voûte de ce roman, fidèle au Passé, réfractaire au Progrès et aux changements vit dans son château de Plessiz Les Vaudreuil.
Cette chronique familiale est tantôt gaie, tantôt amère, souvent réaliste. Les références à la table en pierre du jardin, où bon nombre de conciliabules, de discussions, de disputes ont vu le jour sont nombreuses.
Ce roman nous décrit la déchéance d'une famille qui n'a pas su suivre l'évolution de la Société.

Dans un style magnifique digne De Chateaubriand, son idole à qui il fait penser, Jean D'Ormesson écrit des lignes riches, d'un souffle, d'un rythme et d'une amplitude rare.
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Quel plaisir de lecture!Et dire que certains pensent que ce livre est une saga familiale type feuilleton d'été,ce qu'il a d'ailleurs été aussi.Mais avant il me faut dire un mot de Papy Jean d'Ormesson.Nous sommes très liés,je l'appelle Papy,il aime pas ça,ce séducteur patenté très tenté.A la télé on voit beaucoup de cabotins.Certains pensent que Jean d'Ormesson en est un exemple.Et ils ont raison.Seulement voilà,il arrive que les cabotins aient un grand talent et c'est bien son cas.Les yeux qui pétillent,sur un plateau on voit qu'il "attend son tour".Il a même fait récemment ses débuts au cinéma dans le rôle d'un autre cabotin notoire,non sans talent non plus.Jean d'O.,c'est avant tout un homme d'une culture étonnante,assez classique mais il y a longtemps que la culture classique est par sa rareté même devenue avant-gardesque.Ce débat nous entraînerait trop loin et il me faut revenir à ce remarquable roman qu'est Au plaisir de Dieu que Valentyne a partagé avec moi.A l'heure où j'écris je n'ai encore aucune idée de sa réaction.

Formidable conteur,et d'un humour assez caustique qui a l'élégance de s'exercer en premier lieu aux dépens de sa propre famille,Jean d'Ormesson fait précéder son roman,du moins dans l'édition que j'ai lue,d'un arbre génalogique,très utile,car la lignée est touffue,mais aussi fantasque,arrogante,émouvante,et surtout tout aussi querelleuse que dans d'autres milieux.L'aristocratie m'a toujours passionné,surtout celle qui,tout en ayant l'air de s'isoler dans ses bastides,en l'occurence son château sarthois de Plessis-lez-Vaudreuil,lutte,enrage et participe à la vie d'un pays,la France.La France est aussi l'héroïne d'Au plaisir de Dieu et tous les membres de cette famille en ont une conception parfois très différente.Ancêtres bourbonophiles ou bonapartistes,dreyfusards ou antisémites,pétainistes ou résistants,parfois cela dépendait de la semaine.

Courant jusqu'aux barricades de mai l'histoire de cette famille somme toute comme les autres est toujours emballante. L'humour d'Ormesson n'exclut nullement l'émotion,parfois picaresque, parfois un peu artificielle et gonflée.Les rapports entre maîtres et serviteurs sont particulièrement fins.On se prend à aimer Plessis-lez-Vaudreuil,nef invraisemblable,trouée et battue des quatre vents. Dame, c'est que,très souvent,les châtelains ne roulent pas sur l'or,et que fortune est volatile.Enfin de son grand talent le malicieux écrivain nous dépeint une telle galerie du genre humain,dans le sillage de la figure centrale,le grand-père Sosthène, charnière du récit.Presque prêtre gaulliste,héros de la Grande Guerre, presque star de Hollywood,partisan de Vichy et de l'O.A.S., etc...On les aime tous,y compris Dieu,qui semble guetter ça de toute son insolence.Ils font tellement partie de notre histoire,contée par un narrateur qui ressemble tant à un académicien précieux d'un vert bien peu académique...
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« La devise de la famille était : Au plaisir de Dieu. » Jean, l'avant-dernier encore vivant de la lignée des Plessis, entreprend de rédiger l'histoire de son illustre famille, illustre par sa descendance remontant au Moyen-Âge et par le nombre d'années passées à l'ombre du château Plessis-lez-Vaudreuil dans la région de Haute-Sarthe en France. Se voulant plutôt « le journaliste de ma famille le témoin de ses rêves et de ses folies, le chroniqueur de ce demi-siècle où elle a essayé de se survivre parmi les bouleversements. »
Ainsi, se souvenant de son grand-père, témoin des morts prématurées de certains de ses frères, fils et neveux au cours des deux grandes guerres du XXe siècle, jusqu'aux jeunes nés après 1945, le narrateur prend conscience que « la moindre de nos paroles et le moindre de nos geste renvoyaient à tout un monde de coutumes et d'événements. » Au plaisir de Dieu représente une gigantesque fresque tenant sur deux demi-siècles foisonnant d'histoire et de bouleversements sociaux (la fin du XIe et la moitié du XXe). Et cette famille d'aristocrates, tels « des espèces de Robinson Crusoé, d'une élégance époustouflante, échoués depuis toujours sur leur île déserte de Plessis-lez-Vaudreuil, entourés de Vendredis à leur entière dévotion, et menacés par les tempêtes. » tentent de préserver leurs acquis et leurs traditions au sein même des tempêtes politiques et de la modernité à leurs portes.
Jean d'Ormesson, que j'ai découvert avec Histoire du Juif errant, me comble encore avec ce roman au charme suranné, à l'écriture toujours distinguée et précise, assortie d'un certain humour discret. Il fait maintenant partie de ma famille d'écrivains préférés.
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Jean d'Ormesson choisit dans ce livre de raconter l'histoire d'une famille (dont on ne saura pas le nom) de 1900 environ à 1970 (1975 est la date de parution de ce livre). Sans être l'histoire de sa propre famille, il semblerait que celle-ci l'ait largement inspiré. Au travers de la vie de cette famille noble, il nous fait découvrir les changements de la société qui vont s'opérer à travers ce siècle (de la naissance du narrateur) en passant par deux guerres mondiales, une crise non moins mondiale et un après-guerre turbulent. L'histoire s'accélère et la famille se disperse....
Le parti pris n'est pas de raconter sa vie ; le narrateur est un simple spectateur, ne parle pas de ses sentiments, n'a pas de réelle chair .....un témoin plutôt. Il se pose en rapporteur d'un climat, d'une évolution dans la vie de cette famille et par là même de la société. (je n'ai pas lu ce livre avec la couverture que l'on trouve sur Babelio mais je la trouve adaptée : une personne observe (contemple ?) l'évolution de ses contemporains.
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Le fil conducteur reste le grand père du narrateur, patriarche d'une nombreuse famille. Lui aussi évolue tout au long du livre : d'abord farouchement royaliste et anti républicain, il finit par devenir patriote et défend les valeurs républicaines.
Après un bref rappel de l'origine de la famille, qui remonte aux croisades, le narrateur commence par l'entrée de cette famille dans le monde que l'on appelle moderne : l'oncle Paul épouse la belle Gabrielle et ses millions. Les quatre fils de Paul et Gabrielle (le narrateur est leur cousin) évoluent, se marient, ont des enfants, prennent position dans un siècle qui traverse de nombreuses crises.

Le père du narrateur meurt au front pendant la première guerre mondiale et celui ci est élevé dans le château familial avec ses trois cousins. Vers ses quinze ans, un précepteur Mr Comte est engagé pour l'éducation des quatre cousins. Il va leur ouvrir les yeux sur le monde extérieur, forger leur caractère et leur faire découvrir la littérature.

De nombreux évènements sont évoqués, l'art , l'économie, l'argent.
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En filigrane, on suit cette famille à Paris mais surtout à Plessis-les-Vaudreuil, qui sera vendue, faute d'argent pour entretenir cette propriété, cette vente sera le symbole de l'éclatement de la famille et du triomphe de l'individualisme.
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En conclusion : un livre intéressant qui traverse un siècle d'événements nombreux et la fin d'un monde (pas uniquement pour cette famille). La partie qui m'a le plus intéressée est celle entre 1930 et 1945 où on voit comment les quatre garçons élevés ensemble évoluent très différemment et prennent des chemins totalement séparés : certains soutiennent le maréchal Pétain et d'autres s'engagent dans la résistance. J'ai également aimé l'humour et le recul de l'auteur sur la baisse d'influence de Dieu dans le destin familial. Une annexe à la fin du livre présente les différents et nombreux personnages par ordre alphabétique et à l'entrée "Dieu", on peut y lire (je cite de mémoire car j'ai rendu le livre à la bibliothèque) "Dieu , vieil ami de la famille, l'a un peu laissée tomber vers la fin".
Lien : http://l-echo-des-ecuries.ov..
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L'histoire d'une classe sociale, des années 1910 aux années 1970. Rien que ça !

Un narrateur, qui reste anonyme tout au long des 600 pages du livre, raconte l'histoire de sa famille d'aristocrates, campée dans son passé glorieux, ses valeurs antiques et son château familial. Mais les temps changent, la famille doit s'adapter à un monde qui n'est plus le sien. Entre le mariage d'amour d'un oncle avec une jeune femme bourgeoise, juive et républicaine, l'adoption de valeurs bourgeoises, la participation des membres de la famille aux conflits du 20e siècle, dans des camps opposés et finalement la vente du château, c'est la fin d'un monde qui se dessine peu à peu.

Cependant, plus encore que dans cette histoire, le charme de ce livre réside dans le ton et les partis-pris d'écriture adoptés par Jean d'Ormesson. L'essentiel du livre est raconté à la première personne du pluriel, car la famille est considérée comme un tout indissociable, où individu n'est rien. Toute la conception du monde de cette vieille aristocratie est théorisée, racontée de l'intérieur, sur un mode tout à la fois tendre et caustique. Tendre, la description de tous les membres de la famille, figés dans un été éternel et des discours séculaires, autour de la vieille table de pierre. Drôles, les jugements de valeurs pleins de morgue, la grand mère refusant de recevoir la bénédiction d'un archevèque, car "nous, c'est le pape ou rien", les listes de connétables, d'évêques ou de ministres que la famille à donné à la France... Caustiques, les considérations sur la conception du travail, de l'argent, de la religion, du monde...

Une lecture agréable, un plaisir littéraire, et un livre dont on ressort avec l'impression d'avoir découvert un monde que l'on côtoie parfois de loin.
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C'est le roman le plus personnel du prince de l'image aux yeux bleus dont le récent décès nous a tous laissés orphelins de son intelligence, de son élégance, de son humour et d'une certaine forme de fulgurance d'esprit "à la française"... Il y raconte avec sa verve habituelle sa propre famille, aristocrates de pères en fils depuis la fin des temps, qui va connaître sa chute au milieu du XXème siècle. Grandeur et décadence d'une famille à qui souriait la vie, et qui se laissait vivre de manière monolithiquement oisive. Jusqu'à ce que l'émergence de la République, les guerres, la modernité triomphante, les changements de moeurs, le droit civil, les combats politiques et enfin la disparition de Dieu fassent voler en éclat une entité collective pour la ramener à des individus luttant pour leur propre survie.

Un livre ethnologique en premier lieu, qui surprend le lecteur dans de multiples aspects. le livre se veut familial, mais le narrateur, né d'un père mort à la guerre en 1917, est plus âgé de 15 ans que notre cher académicien. le livre ne contient quasiment aucun dialogue ; il n'est guère autocentré sur ce narrateur dont on ne sait quasiment rien. On ne découvre qu'aux deux tiers de l'ouvrage qu'il s'appelle "Jean". Et tout ce qui concerne sa vie, est quasiment occulté. Est-ce de la pudeur ? Ou de la distanciation ?

Le récit familial est lui tellement riche de détails que l'auteur est forcément rentré dans le moule de sa propre histoire. Mais, sans doute, en prenant beaucoup de distance avec les vrais protagonistes. Une nouvelle marque d'élégance de notre aristocrate préféré. le livre est un roman. Dont acte...

Cela n'en reste pas moins passionnant car le récit de cette famille qui traverse difficilement le siècle, est constellé de tous les marqueurs sociétaux qui ont bouleversé la société, pour la modifier en profondeur. Cette évolution ou révolution a touché tout le monde, mais peut-être davantage ceux qui étaient attachés à maintenir leurs privilèges, leur style de vie et leurs croyances issues du fond des temps. L'aristocratie, tournée vers le passé, s'est laissée dépasser par le progrès, et cela l'a détruite en tant que groupe mobilisé à fonctionner de manière solidaire. "Au plaisir de Dieu" est l'histoire de cette désagrégation d'une famille. C'est d'une grande profondeur et d'une authenticité remarquable.

Les passages sur l'adhésion des uns et des autres aux grands débats idéologiques des années 30 sont très réussis. Des rejetons de la famille vont adhérer au fascisme, d'autres au gaullisme ou au marxisme, avant de perdre leurs illusions sous les coups de butoir de l'actualité. Et cette perte des grands espoirs placés dans des courants de pensée décevants vont entraîner une déstabilisation et pour certains un retour au bercail du christianisme, adhésion par défaut, faute de mieux, parce que tous les autres ont failli... Une analyse pertinente qui montre que, dès 1974, date de sortie du roman, Jean d'Ormesson, avait une belle vision de notre société.

Le livre m'a surpris. Je ne connaissais de lui que le téléfilm qu'on en avait tiré, parmi les premières séries "à la française" et qui avait connu un grand succès. le travail du réalisateur et du scénariste a dû être d'ailleurs colossal, car le livre, tout en réflexions, est peu transposable en images. Mais la télévision, à l'époque, savait sans doute prendre des risques avec des récits exigeants.

Jean d'Ormesson rend un hommage remarquable à sa famille, au sens large. A ses origines aussi, tout en étant lucide sur sa qualité "d'happy few" et du caractère honteusement privilégié de sa condition. Mais quand c'est fait avec une intelligence folle, on se laisse porter avec plaisir. Et à ce récit plein de tendresse, on se rend compte finalement qu'ils n'étaient pas tous "à pendre à la lanterne". Merci, Jean, de nous réconcilier avec une classe sociale souvent décriée, et majoritairement haïe.
Lien : http://calembredaines.fr
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Il ne faut pas oublier, quand on lit "Au plaisir de Dieu", qu'il a été écrit alors que Pompidou était président, dans une France qui sortait de mai 1968, pour laquelle la guerre était hier et qui pensait que l'URSS pourrait enterrer le monde sous les bombes.
Ceci pour expliquer l'omniprésente nostalgie d'avant (l'avant d'avant, celui de la monarchie) qui baigne ce récit, quoi que le narrateur dise (répète, même) pour s'en distancier.
Outre le fait que l'écriture (surannée) de Jean d'Ormesson est agréable à lire, très fluide, et que sa culture (volontiers étalée - ce livre est écrit alors que Jean d'Ormesson rejoint L Académie Française) inspire le respect, ce livre captive par la leçon d'histoire de France qu'il constitue : vu de l'intérieur d'une famille de grand noblesse, comment nous sommes passés en très peu de temps (en gros, de 1914 à 1968) de l'agonie de la monarchie à la naissance de la république).
Ce livre a beau être un roman, on se dit en le lisant que l'on n'est sans doute jamais très loin de l'auteur, lui-même fils d'un ami de Léon Blum et d'une monarchiste proche de l'extrême-droite d'alors, deux influences qui divisent la famille mise en scène dans "Au plaisir de Dieu".
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Au plaisir de Dieu raconte l'effondrement d'une vieille famille d'aristo au XXème siècle. La fin des privilèges, la république, la liberté, le socialisme, le capitalisme, la guerre... tout ces éléments vont contribuer à leur ruine, jusqu'à la vente du château familiale (le centre de leur existence), la dispersion de ces gens qui vivaient dans le passé, presque jusqu'à l'oublie.

Le narrateur est un membre de la famille qui va nous présenter leur rapport à Dieu, à la France, à la politique, au travail, au peuple, à l'Europe, à la république, à l'argent. Ce sont des conservateurs sans esprits initiative, qui souvent ne travaillent pas, qui vivent sur leurs possessions terriennes et qui vont se laisser noyer par l'évolution de l'Histoire.

Ils sont cependant loin d'être antipathique, il y a un grand père formidable, des caractères bien trempés communistes, fasciste, prêtre,... Des pièces rapportés (juif, nouveaux riches) qui bousculent les conventions, un lien avec leurs employés assez fort.
D'Ormesson à un style fluide et très agréable, de l'humour, est doué pour faire vivre tous ce monde, parcouru d'anecdote, on s'attache à quelques personnages, comme eux on regretterait les temps passés.

J'en tire un bilan positif même si j'ai eu bien du mal au départ. le roman est un gigantesque monologue, beaucoup de blabla au début qui m'a pas passionné, puis quand on arrive au temps présent (pour le narrateur, donc à peu près le début du XXème), les événements s'accélèrent, la famille prend vie, j'ai été pris dans le tourbillon.
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Ce n'est pas mon préféré de Jean d'Ormesson, mais quelle prouesse littéraire : les lieux, les personnages, le niveau d'écriture, toute cette combinaison laisse rêveur. On entre dans la pure tradition aristocratique française. C'est un peu une palette de toutes les situations familiales possibles à une certaine époque. Allergiques aux grandes familles et aux arbres généalogiques célèbres, fuyez ! Amoureux de la langue française, savourez !
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L'écrit tient plus du documentaire que du roman; il n'en reste pas moins que celui-ci cerne un aspect intéressant de la noblesse française et de son évolution lors du dernier siècle.
A quel point ce texte relève de l'autobiographie et de mémoires de la famille de l'auteur, c'est difficile à dire, mais l'on aimerait que tout soit véridique : en plus d'un bon moment de lecture, on pourrait le considérer comme une référence de l'histoire de la sociologie.
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