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Citations sur Guide des égarés (113)

Disons-le sans ambages : le manuel que vous êtes en train de lire est tout sauf un traité de philosophie. Il n'en présente ni la rigueur, ni le savoir, ni la sévérité un peu triste. Il n'a pas d'autre ambition que de décrire avec audace, avec naïveté, avec gaieté ce monde peu vraisemblable où nous avons été jetés malgré nous et de fournir vaille que vaille quelques brèves indications sur les moyens d'en tirer à la fois un peu de plaisir, et, s'il se peut, de hauteur (page 45).
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Les chrétiens ont deux convictions, et peut-être seulement deux. Ils croient à Dieu comme source et comme sens de l'univers. Et ils croient à un homme nommé Jésus en qui leur Dieu s'est incarné et qui enseigne conjointement l'amour de Dieu et l'amour des hommes. Puisque Dieu a choisi, dans sa puissance et dans sa gloire, de prendre visage humain, un peu de divinité est descendue sur ses créatures. Dieu se confond avec l'homme. L'homme se rapproche de Dieu. Le christianisme est une théologie, mais est aussi un humanisme.
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Au-delà des bouleversements de la science, de la technique, des mœurs, de la religion qui déboussolaient les esprits, le découragement des citoyens, le désarroi des consciences, le fameux malaise dans la civilisation n'étaient peut-être rien d'autre que les manifestations de la crise de la vérité.
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Le problème avec la vérité, qui est adéquation de la pensée et de la réalité, conformité du langage au monde et à son histoire, c'est qu'elle ne cesse de se dérober. Elle se situe volontiers sous l'invocation de la formule célèbre d'un procureur de Judée au temps de l'empereur Tibère : « Qu'est-ce-que la vérité ? »
Il n'y a de beauté que parce qu'il y a des hommes pour la percevoir. Il n'y a de vérité — de mensonge — que parce qu'il y a une pensée et un langage pour la découvrir — ou la dissimuler. Inséparable de l'expression sous forme de voix ou d'écriture, elle est aussi liée au mal qu'elle affronte et qu'elle dissipe. Assoiffée de reconnaissance, elle est fragile et toujours prête à la bataille.
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Une bonne partie, et la plus bruyante, de l'art d'aujourd'hui s'est détournée de la beauté. Une œuvre d'art a encore le droit d'être belle. Elle peut aussi nourrir des ambitions différentes. Au lendemain de deux guerres mondiales et de la crise économique, avec les progrès de la science et la crainte de l'avenir, après Rimbaud, Joyce, Picasso, Charlie Chaplin d'un côté, Barnum, la radio, le cinéma, la télévision de l'autre, le rejet, le combat, la fureur, une éthique parfois inversée ont pris la place de l'admiration, inséparable de la beauté. Les médias et l'argent ont détrôné la reconnaissance par les pairs et la gloire. Les metteurs en scène l'ont emporté sur les auteurs. Le commentaire sociologique s'est emparé de l'art.
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Le progrès est une réalité. Le progrès est une évidence. Le progrès est une idole. Le progrès est un mythe. Tout passe, tout évolue, mais tout reste semblable. Le prince Salina, dans Le Guépard de Lampedusa revu par Visconti, l'avait déjà deviné : rien ne change jamais que pour mieux se poursuivre.
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Chacun a le droit, et peut-être le devoir, d'être heureux. Les traités du bonheur et les recettes pour y parvenir sans trop de peine en quelques leçons ont fleuri un peu partout. J'ai contribué moi-même à cet engouement collectif et un peu forcé. Peut-être faut-il rappeler que la recherche frénétique du bonheur ouvre le chemin le plus sûr vers l'échec et le dégoût. Le bonheur n'est pas un but, encore moins une carrière ou une obligation, mais un don gratuit, une surprise ou la récompense de ceux qui ne passent pas leur temps à le cultiver. Le bonheur n'est pas un exercice narcissique et solitaire. Il tombe, comme par hasard, sur la tête et dans le cœur de ceux qui, loin de s'occuper d'eux-mêmes, s'occupent plutôt d'autre chose — et des autres.
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Le mal est une trouvaille de génie qui n'appartient qu'aux hommes. Il est une invention et un prolongement de la pensée.
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Chacun de nous sort d'un mécanisme physique qui repose sur l'union de deux corps matériels et monte vers la liberté. La vie sort de molécules et de bactéries étrangères à tout esprit et monte — au moins de loin — vers le savoir, l'art, la beauté, la vérité. Le talent, le génie, l'imagination, la bonté sortent d'ovules et de sperme. Et l'univers lui-même sort d'une explosion matérielle avant de monter dans le temps, vers l'histoire, vers la mort au bout du rouleau — et, paradoxe suprême, vers la pensée et l'amour qui unissent la matière et l'esprit. Tout sort de la matière et tout monte vers l'esprit. Comme le monde lui-même, la pensée est une incarnation.
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Le temps existe, bien sûr, puisque nous vieillissons et mourons, puisque tout passe et s'en va. Mais il n'a pas, comme l'espace, une réalité par lui-même. Il n'est pas un fleuve où nous nous plongerions. Mystère profond, il est attaché à la matière et à la vie. Memento mori perpétuel et tout puissant, il est, sur toutes les formes les plus diverses de la réalité et de l'existence, sur toutes leurs facettes et tous leurs fragments les plus infimes, la marque indélébile d'un élan vers la mort et la disparition.
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