Un beau jour, n'y tenant plus, relaps et inconscient, je me suis à nouveau jeté dans un roman, inventé d'un bout à l'autre et plus vrai que nature. Il allait avoir six-cents pages et commençait par ces mots qui me trottaient dans le coeur depuis des mois et des mois : « L'Empire n'avait jamais connu la paix… »
C'est ainsi que
Jean d'Ormesson décrit lui-même la genèse de «
La Gloire de l'Empire » dans ses presque-mémoires publiées en 2015 sous le titre : « Je dirais malgré tout que cette vie fut belle ».
C'est ce roman qui l'a installé dans son personnage de « grand écrivain national ». Après 4 livres sans succès, celui-ci allait enfin lui apporter la reconnaissance, la gloire, le Grand Prix de l'Académie, et son droit d'entrée au comité éditorial de la NRF.
Et c'était mérité. On revit dans ce livre le règne d'Alexis, héritier d'un empire gigantesque qui englobe la Méditerranée, quelques siècles avant ou après
Jésus-Christ, c'est sans importance, comme l'écrit lui-même
Jean d'Ormesson dans le livre déjà cité. Tout est faux, mais tout est familier puisque l'auteur nourrit son récit, en les adaptant, d'une foule de faits historiques réels tirés de la vie d'Alexandre le Grand, ou d'autres, tel le fameux banquet de « réconciliation » ou Théodoric, roi des Ostrogoths, égorge de ses propres mains son ennemi Odoacre, roi des Hérules, en 493, à Ravenne. Et c'est encore plus beau, parce que c'est faux. Napoléon ne disait-il pas que « l'histoire est une suite de mensonges sur lesquels tout le monde est d'accord ? »
Ce livre est un pastiche foisonnant, époustouflant de culture et d'érudition, un canulard littéraire parfaitement abouti, une mystification de génie. Un des plus beaux livres de Jean d'Ormesson, et probablement le plus original.
A lire et à relire.