La vie, la mort, la vie: Pasteur

Hugo, qu'il n'aimait pas, a écrit "L'homme qui rit".
D'après nos informations, Pasteur ne riait jamais.
Pourquoi?
Et comment vivre sans jamais rire?
Car rire, c'est se dé-tendre.
Mais est-il acceptable de se détendre quand on se doit d'être sans cesse tendu vers son but?

"Au mieux, qu'est-ce que la mort ? Une longue villégiature."

Si nos mains pullulent de microbes, que dire de nos bouches ?

Embrasser, même sur la joue, même son fils encore bébé, même sa fille chérie, relève de l’inconscience. Quant à rouler une pelle, lèvres contre lèvres avec jeu de langues, c’est du suicide.

On critiquait la froideur de Pasteur. Vous auriez voulu que cet homme-là, qui avait tant déployé d’efforts pour comprendre la naissance et la propagation des maladies, se mette en péril, lui et ses recherches à venir, pour ces simagrées d’affection ?

Jacques CHIRAC, ministre ou maire toute sa vie et, pendant douze ans, président de la République française, aimait, plus que tout autre homme politique, serrer des mains et caresser le cul des vaches.

Mais la passion pour le contact n’empêche pas la précaution. Je sais par un directeur du protocole, qu’après chaque bain de foule il se faisait longuement désinfecter les paumes et les doigts, en insistant bien sur les replis de la peau, les interstices.

Faut-il toujours toucher pour prouver et vérifier qu’on aime ? Certains peuples préfèrent s’incliner.

"Les voies de la liberté sont impénétrables."

En Hugo Pasteur haïssait la grande gueule et la belle âme, le défenseur du plus faible, par principe et sans examen, au risque de malmener la société.
En Pasteur, Hugo ne supportait pas le conservatisme, le défenseur du pouvoir, quel qu'il fût, le bourgeois de province ébloui d'avoir si bien réussi.
Il y a de l'irréconciliable dans ces détestations mutuelles. Et pourtant, ces deux-là partageaient ce qui peut-être est l'essentiel. L'âge venu, la même joie d'être grand-père. Et la même croyance en un Dieu à jamais mystérieux: un Etre supérieur existe, sans doute, mais qui sommes-nous pour un jour en savoir plus?

Ceux qui s’étonnent de sa passion maladive pour l’hygiène, de sa détestation d’avoir à serrer des mains dont on ne sait sur quelles surfaces elles se sont promenées, ceux-là n’ont qu’à se rappeler son premier jardin d’enfant : un canal putride.

On dit volontiers que le rire est contagieux. Voilà pourquoi, sans doute, Pasteur ne riait jamais.

... le souvenir des caresses est de ceux qui résistent le mieux à l'usure du temps.

En Hugo Pasteur haïssait la grande gueule et la belle âme, le défenseur du plus faible, par principe et sans examen, au risque de malmener la société.
En Pasteur Hugo ne supportait pas le conservateur, le défenseur du pouvoir, quel qu’il fût, le bourgeois de province ébloui d’avoir si bien réussi.
Il y a de l’irréconciliable dans ces détestations mutuelles. Et pourtant, ces deux-là partageaient ce qui peut-être est l’essentiel. L’âge venu, la même joie d’être grand-père. Et la même croyance en un Dieu à jamais mystérieux : un Etre supérieur existe, sans doute, mais qui sommes-nous pour un jour en savoir plus ?
Au fond, leur passion était de même nature : violente. Mais elle n’avait pas le même objet. L’un chérissait la liberté, l’autre la science. Quand, l’un après l’autre, la mort finit par les rattraper, le même hommage leur fut rendu par des obsèques mêmement nationales.
La foule, aussi grande et recueillie pour l’un que pour l’autre, leur témoigna le même respect, la même gratitude.
Ensemble , ils résument leur siècle.

Mais Pasteur n'arrêtait pas de passer au crible ses hypothèses et ses méthodes ! Douter de ses idées, c'est encore de la confiance en soi .C'est même la preuve la plus solide de cette confiance. Celui qui ne supporte pas d'avoir tort s'efforce de cacher ses fragilités. Autre hypothèse : on dit volontiers que le rire est contagieux. Voilà pourquoi, sans doute, Pasteur ne riait jamais.