Citations sur L'origine de nos amours (43)
Il voulait rompre la malédiction familiale. Il voulait en finir, une bonne fois pour toutes, avec la si néfaste influence cubaine. Il s'était éloigné pour donner toute sa chance à mon nouvel amour. Je saluais et j'approuvais sa décision. Mais comme il me manquait.
(...) je pensais à cette étrange agitation de l'âme, dont nous faisons si grand cas et que nous avons appelé les sentiments. Je pensais à nos sentiments à nous, humains. Pourquoi ne seraient-ils pas gouvernés par les mêmes mouvements que ceux de notre planète. Pourquoi la généalogie ne dicterait-elle pas sa loi à la psychologie. Les femmes que j'avais aimées jusqu'à présent s'étaient éloignées peu à peu. Nous avions dérivé, comme les continents, comme l'Amérique s'éloigne de l'Afrique.
- Dis, mamie, pourquoi grand-père est si gros ?
- Je ne sais pas.
- Tu crois qu'il lit trop de livres ? Tu crois qu'il a trop d'histoires en lui ?
- C'est peut-être ça.
- Mais notre professeur nous a dit que lire nous agrandit.
(...) Chaque soir, avant de t'endormir, tu vas revivre la journée passée.
- Quelle horreur !
- Et tu vas y récolter les bonheurs, même les plus tenus, les plus fragiles, une lumière sur l'eau, un chat qui passe, une main sur l'épaule.
Si nous voulions avoir une chance, un jour, de réussir nos amours, une petite voix me conseillait de changer, lui et moi, de méthode. A trop vouloir nous trouver des excuses, nous n'avancerions guère. Il fallait, aussi, et sans complaisance, chercher des explications.
(...) j'avais décidé d'écrire.
Que faire de mon amour mort ?
Le jeter dans la rue, pour qu'il soit emporté par les éboueurs et puis brûlé dans l'incinérateur ?
Trop triste, trop bête, inutile.
Tout ça pour ça ?
Autant le recycler en livre.
Les collections de bonheurs minuscules permettent de traverser les passes difficiles.
Françoise a fini par rejoindre une sorte de terrasse surplombée, juste de l'autre côté du mur, par la maison du docteur. Cette proximité avec le cimetière m'a toujours semblée pertinente. Elle nous rappelle le peu d'illusions qu'il faut avoir sur l'efficacité de la médecine.
La grande lumière de l'été refusait de baisser. Si cette lumière avait été musique, on aurait dit qu'elle tenait la note.
..je ne voyais que le sourire de Nathalie...Pourquoi, mais pourquoi ce sourire s'en était-il si vite allé ? A l'évidence, c'est à la poursuite de ce sourire qu'elle était partie. Sans doute les femmes ne vous quittent que pour cela. Pas pour un autre homme. Pour tenter de retrouver ailleurs un sourire qui les a fuies.