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Citations sur La ligne de nage (48)

Elle se rappelle comment on dit: J'ai perdu ma journée. Diem perdidi. Et comment on dit je suis A désolée en japonais, ce que tu ne l'as pas entendue prononcer depuis des Elle se rappelle les « riz » et « toilette ». Elle se rappelle « attendez ». Chotto matte kudasai. Que rêver d'un serpent blanc porte chance. Que ramasser un peigne tombé par terre porte malheur. Elle se rappelle qu'il ne faut jamais courir pour se rendre à un enterrement. Qu'il faut crier la vérité au fond d'un puits.
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Lâche-toi un peu, nous lance-t-on. Saute une séance. Deux séances. Fais soixante-sept longueurs au lieu de soixante-huit. À moins que nous ne préférions passer le restant de nos jours à faire des allers-retours au fond d'une boîte en béton géante ?
La réponse, bien sûr, est oui. Parce que pour nous, nager est plus qu'un passe-temps, c'est une passion, un réconfort, une drogue choisie, ce que nous attendons plus que toute autre chose. C'est le seul moment où je me sens vraiment en vie. Cela nous permet de rester concentrés, attentifs, cela ralentit le processus de vieillissement, fait baisser notre pression artérielle, développe notre énergie, notre mémoire, notre capacité respiratoire, notre vision même de la vie. Sans la piscine, en fait, nous serions sûrement tous morts. Alors, à nos critiques - et à tous ceux qui prétendent que c'est seulement une question d'endorphines -, nous disons venez donc essayer, soyez nos invités pour la journée. Prenez une serviette, enfilez votre maillot et votre bonnet, et approchez-vous du bord. Maintenant, mettez vos lunettes, tendez les bras devant vous, une main par-dessus l'autre, les pouces croisés, le menton rentré, et lancez-vous dans ce glorieux plongeon. Vous verrez. Une fois dans l'eau, vous ne voudrez plus en sortir.
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- et nous allons nager. Parce qu'il n'est pas un endroit au monde où nous aimerions mieux être qu'à la piscine : avec ses larges couloirs de nage séparés par des cordes, clairement numérotés de un à huit, les gouttières adaptées, les pimpantes bouées jaunes espacées par des intervalles confortablement prévisibles, les entrées séparées pour les hommes et les femmes, la tiède lumière ambiante de l'éclairage incrusté dans le plafond, tout cela nous apporte un semblant d'ordre et de réconfort qui manque à nos vies, là-haut.
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Quelques informations au sujet de votre état. La maladie n’est pas temporaire. Elle est évolutive, inguérissable et irréversible. Et au bout du compte, comme la vie en somme, elle débouchera sur la mort. Les médicaments ne peuvent l’arrêter. Le thé vert infusé avec du ginkgo biloba et du gotu kola n’y changera rien. Les prières ne seront d’aucune efficacité. Les mouvements de qi gong « franchir les étapes » et « donner plus de sens à sa vie » (trop tard pour ça) n’auront aucun effet. Adopter une attitude positive réaliste n’empêchera rien, voire pourrait hâter votre déclin. Il n’y a pas d’exception à ces règles. Vous êtes certes une personne particulière, mais votre cas ne l’est pas. Il y a quatre-vingt-sept personnes à Belavista qui connaissent la même affection que vous, et elles sont plus de cinquante millions à travers le monde.
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Vous vous inquiéterez d'être dans la mauvaise chambre. Dans le mauvais lit. Dans la mauvaise vie. Que la vie au-dehors continue exactement comme avant mais sans vous (eh oui). Qu'on ne veuille plus de vous (on veut bien de vous). Que vous n'alliez pas bien (vous n'allez pas bien). Que vous ne manquiez à personne (vous leur manquez, plus que vous ne le saurez jamais).
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Elle se rappelle de moins en moins, jour après jour.
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On vous dit tout : à Belavista, les apparences peuvent être trompeuses. Le réveil fixé à la table de chevet est en fait une caméra de surveillance déclenchée par le mouvement. Votre gobelet en plastique rouge translucide permet de contrôler votre niveau d’hydratation. Le thermostat situé sous l’interrupteur de la lumière est un micro. Votre bracelet de cheville en argent si stylé permet de vous retrouver partout. La compote sur votre plateau de dîner est un leurre pour vous faire prendre vos médicaments. Idem de la purée et des morceaux de banane occasionnels. Le joli tapis décoratif de votre salle de bains est un tapis antichoc en cas de chute. Votre « coach personnelle » est en réalité kiné. Son salut amical – « Tout va bien ! » – sert à développer la confiance. Le jardinier que vous voyez par la fenêtre assure la sécurité. Et cette femme un peu perdue qui vous regarde dans le miroir de la salle de bains ? C’est vous.
(pp.108-109)
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Mais à qui cela arrive-t-il ? vous demandez-vous peut-être (et aussi : C’est une blague ? Suis-je en état d’arrestation ? Et puis : On vient de me prendre mes clés de voiture !). C’est une maladie qui frappe de riches barons de la drogue mexicains. Des mineurs chinois endurcis, au Brésil. Les professeurs de l’Ivy League d’une improbable beauté que l’on voit dans les films l’ont aussi. Également des chercheurs sept fois nommés pour le prix Nobel de chimie à Leipzig, en Allemagne (les gagnants du prix Nobel, eux, y échappent grâce aux effets salutaires de cette récompense incroyable sur leur système immunitaire). Et les prisonniers âgés de San Quentin qui purgent leurs dernières années après avoir été condamnés selon la loi des trois prises. Dans un village de pêcheurs reculé, sujet aux mariages consanguins, le long de la côte nord-est de l’Islande, une personne sur trois est touchée chez les plus de soixante-cinq ans. Dans un village encore plus perdu du nord des Andes rassemblant quelques grandes familles descendant toutes du même conquistador espagnol du XVIe siècle, c’est une personne sur deux parmi les moins de quarante-cinq ans. Sur un minuscule îlot dépourvu de nom, au sud-ouest des îles Andaman, personne (l’espérance de vie est trop courte). Et puis, bien sûr, il y a vous, infime cohorte d’une seule personne. Ça vous est tombé dessus.
(pp.96-97)
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