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10 romans de littérature étrangère parus en 2022 à offrir à Noël
Liste créée par VincentGloeckler le 25/11/2022
10 livres. Thèmes et genres : littérature étrangère

Voici 10 romans de littérature étrangère parus et lus en 2022, 10 romans coups de coeur que je vous recommande en cette fin d'année. Bonne lecture !



1. Attraper le lapin
Lana Bastasic
3.45★ (87)

De la Bosnie à Vienne, le road-trip allègre et truculent de deux anciennes copines, séparées par une brouille et la distance géographique entre Mostar et Dublin, qui se retrouvent pour effectuer ce voyage chaotique dans les Balkans d’aujourd’hui et la mémoire de la vieille Yougoslavie, à la recherche pour l’une de son frère, pour l’autre, de son ancien amoureux… « Attraper le lapin », comme attraper quelque chose de l’essence de la littérature. La toucher du doigt, comme on toucherait un tableau dans un musée, pour mieux saisir, dans ce contact avec la matière sur la toile, le sens même de l’art, comme un effort désespéré pour nous restituer vivante la chair morte de nos expériences… Le roman - le premier, d’ailleurs, mais un vrai coup de maître - de Lana Bastasic offre ainsi, à travers le déroulement du récit, une allégorie des pouvoirs de l’écriture, et c’est merveille pour le lecteur, embarqué sans le vouloir dans ce périple détonnant qui devient voyage spirituel !
2. Boulder
Eva Baltasar
3.89★ (81)

Ah, encore un rocher… « Boulder », c’est en référence à ces grandes pierres, énormes rochers isolés dans les mers du Sud de l’Amérique ou grandes pierres dressés au milieu des déserts locaux, appelés ainsi, le nom que se voit donner la protagoniste de ce récit par sa compagne, pour célébrer son caractère farouche, de femme libre et rebelle, ancienne cuisinière sur des cargos dans les mers baignant les côtes de la Patagonie… Second volume, après un 'Permafrost' qui nous avait déjà bouleversé en 2020, d’une trilogie romanesque qui explore les traductions physiques intimes du désir féminin, 'Boulder' est un texte fort, au style incisif, sans fausse pudeur quand il évoque, dans une langue poétique vibrante et flamboyante, où se mêlent souvent la chair et la chaire, les relations érotiques entre les deux héroïnes. Un récit qui interroge aussi, avec beaucoup de finesse, le piège psychologique d’une maternité imposée, quand l’une des femmes du couple est obligée d’accepter le désir d’enfant de l’autre. Magnifique !
3. Le cartographe des absences
Mia Couto
3.85★ (202)

Quand un poète revient pour une célébration de sa gloire dans une ville provinciale du Mozambique, l’organisatrice de la manifestation, sa future amante, lui confie des documents concernant le rôle de son père dans un conflit colonial au moment des luttes pour l’Indépendance… Habitée par des personnages souvent paradoxaux et hauts en couleur, alternant deux temps du récit, entre aujourd’hui et le Mozambique de 1973, usant des vertus de l’humour comme de celles du merveilleux, l’intrigue baroque du 'Cartographe des absences' offre au lecteur tous les plaisirs d’une histoire riche de révélations et de rebondissements, en même temps qu’elle propose une méditation sur la puissance introspective de la poésie, les relations ambigües entre le journalisme engagé et la littérature. Un nouveau chef-d’œuvre d’un écrivain, dont on attend qu’il soit consacré par le Nobel depuis longtemps !
4. Et la forêt brûlera sous nos pas
Jens Liljestrand
3.28★ (339)

Un gros pavé de plus de 500 pages, un bandeau aux commentaires qui semblent trop racoleurs pour être sincères, l’annonce d’un roman sans doute facile et trop dans l’air du temps pour vraiment nous emporter: le lecteur peut légitimement hésiter à ouvrir ‘Et la forêt brûlera sous nos pas’ du Suédois Jens Liljestrand… Et pourtant, s’il se lance finalement dans l’aventure, il n’aura rien à regretter et gardera certainement longtemps le souvenir des émotions fortes et des réflexions complexes que ce texte aura suscitées. Captivant dès les premières pages, construit en quatre parties où s’expriment successivement les points de vue d’autant de protagonistes de l’histoire, le récit raconte la naissance et l’extension dévastatrice d’un méga-feu en Dalécarlie, une région de Suède particulièrement touristique au cœur de l’été. Un roman qui s’avale comme un thriller, un récit qui interroge notre époque et nos attitudes face aux drames provoqués par le changement climatique, un texte qui évoque, avec peut-être plus d’efficacité et de puissance qu’un essai, nos petites lâchetés et notre mauvaise conscience devant le nouveau visage de la planète. Magistral, à ne pas rater !
5. Iochka
Cristian Fulas
3.91★ (205)

Un texte qui sort du lot, et mérite de dominer ce choix de littérature étrangère traduite en cette fin d’année. Sous le règne des Ceaucescu, dans une vallée perdue des Carpates roumaines, un mystérieux asile psychiatrique et le chantier d’une ligne ferroviaire, dont on ne sait où elle devrait mener, et qui semble lui-même ne jamais devoir finir, constituent le décor d’une intrigue de rien, à la Beckett, magnifiée par la magie d’une écriture d’une rare sensibilité poétique. Le portrait d’un de ces destins minuscules qui deviennent inoubliables grâce au talent de l’auteur, avec des pages, sur l’amour, le fruste travail ou le silence, de toute beauté. Un pur diamant littéraire, un héros au gai savoir, ce Iochka, qui continue à accompagner le lecteur bien après la fermeture du livre !
6. Le Silence de la mère (Je suis Jésus)
Giosuè Calaciura
3.74★ (116)

Giosuè Calaciura nous avait ravis avec ‘Borgo Vecchio’ (Notabilia, 2019), formidable portrait d’un quartier populaire de Palerme, à travers le regard de deux enfants et l’histoire, aussi cocasse que fantastique, d’un brigand, sorte de Robin des bois local, impitoyablement traqué par les carabiniers et leurs fusils. Dans ‘Je suis Jésus’, il entend, cette fois, combler un vide, remplir un territoire inconnu des Évangiles, évoquer l’adolescence et les débuts de l’âge adulte du futur Christ. A trente ans, alors qu’il se trouve à un tournant tragique de son existence, son « Jésus » se penche sur ces années d’apprentissage, racontant sa fuite loin du foyer familial, puis son retour auprès de sa mère. Disons-le tout de go, on peut être un lecteur athée, malgré tout intéressé par le texte des Évangiles et admirant le message moral et social, plein de bienveillance, du « Messie »… et goûter pleinement toute la saveur du récit de Giosuè Calaciura. Un Jésus humain, très humain dans un texte allègre et iconoclaste, un régal !
7. La ligne de nage
Julie Otsuka
3.40★ (697)

Dans une piscine souterraine, une petite communauté de nageurs, soudés les uns aux autres par leur pratique régulière de ce sport, alignent les longueurs. Mais, bientôt, une fissure dans le liner vient troubler l’harmonie, et dans une seconde partie du roman, l’on retrouve l’une des nageuses, la mère de la narratrice – voire celle de l’auteure elle-même – dans un Ephad au quotidien sans avenir, subissant les règles strictes de l’institution autant que ses pertes de mémoire, tandis que sa vie décline… Une intrigue constituée de courtes séquences, une écriture cadencée qui provoque un effet de transe pour un texte où la piscine et ses fêlures deviennent une métaphore de ce que la vieillesse et la perspective de la mort insufflent dans nos existences. Un nouveau chef-d’œuvre de l’auteure de l’inoubliable ‘Certaines n’avaient jamais vu la mer’ !
8. Le Pion
Paco Cerdà
3.72★ (161)

En 1962, une partie finale du Championnat du monde d’échecs opposa le mythique Bobby Fischer à l’Espagnol Arturo Pomar… Les 77 coups de ce combat donnent naissance à autant de chapitres dans ce livre, qui, s’ils mettent en évidence les caractères et les talents originaux des deux adversaires - l’un, franc-tireur et meilleur porte-drapeau de l’Amérique sur le terrain de la Guerre froide, l’autre, héros populaire et bon petit soldat du franquisme - explorent aussi les destins de multiples autres « pions » sur le théâtre du monde, héros contemporains, passés ou futurs, protagonistes parfois moins connus d’autres luttes sociales ou politiques. Un livre qui rappelle irrésistiblement le poème de Brecht « Questions que se pose un ouvrier qui lit », où le grand Bertold montrait toute l’importance des bras du petit peuple dans l’architecture des civilisations. Un livre passionnant pour que nous tous, les pions, apprenions, au-delà du plaisir de lecture, à gagner la partie !
9. Poids plume
Mick Kitson
3.94★ (572)

« Mais on n’arrête pas de perdre des choses dans cette vie… » C’est ce que découvre très tôt et tragiquement l’enfant Annie, dans une intrigue qui se déroule principalement dans la région de Birmingham à la fin du XIXe siècle. Et pourtant, son destin mouvementé, évoqué tout au long de ce nouveau roman, formidable, de l’Ecossais Mick Kitson, lui apprendra rapidement que, dans le respect d’un vieil adage, qui perd gagne, et que la détresse la plus cruelle peut préluder à une vie infiniment exaltante. Petite gitane de dix ans, elle est vendue par sa mère, lorsque la famille, tenaillée par la faim, est au plus noir de la misère, au vieux Bill Perry, le « Slasher de Tipton », un champion, sous ce nom, de boxe à mains nues, qui se prendra d’amitié pour elle et lui enseignera son art des poings… ‘Poids plume’ dresse ainsi le portrait d’une magnifique lutteuse, bravant aussi bien ses adversaires, pas toujours féminines, sur le ring, que la pauvreté et l’hostilité des puissants ou les aléas de l’amour, une nouvelle figure parmi les héroïnes flamboyantes que Mick Kitson s’applique à nous faire aimer de roman en roman depuis le merveilleux ‘Manuel de survie à l’usage des jeunes filles’ (Métailié, 2018). Un roman historique et engagé, un plaidoyer pour les luttes sociales et féministes, emballant d’un bout à l’autre !
10. Le Rocher blanc
Anna Hope
2.96★ (576)

Un roman à l’étonnante construction, comme une quête spirituelle autour d’une mystérieuse île - qui existe réellement- à la forme de pyramide blanche, près des côtes du Mexique… Comme l’Écrivaine, narratrice et protagoniste du récit dans les première et dernière parties, une héroïne dont on ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle est un double d’Anna Hope, évoquant sa propre recherche d’un sujet d’écriture, sinon d’un sens à sa vie, à travers cette histoire, le lecteur éprouve parfois, au fil des pages du ‘Rocher blanc’, « le sentiment qu’il y a un sens ici, mais un sens qui lui reste hermétique, une langue qu’elle (il) ne comprend pas ». La romancière semble ainsi prendre un malin plaisir à nous dérouter, nous laissant comme nombre de ses personnages incertains quant au but du voyage. Et pourtant, tout s’éclaire au centre du livre, quand on approche enfin le rocher blanc - et avec nous, des personnages aussi différents que des jeunes Indiennes du XVIIIe siècle promises à un destin d’esclave, une écrivaine et sa fille, engagée dans les combats écologistes d’aujourd’hui, ou le chanteur Jim Morrison à la fin des années soixante… Un roman plein d’« étrange étrangeté », un nouveau chef-d’œuvre de la grande Anna Hope !
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