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Ce livre risque de dérouter plus d'un lecteur qui aura été attiré par son titre "Bibliothérapie" ou même son sous-titre "Lire, c'est guérir". On est très loin en effet du livre de Régine Détambel "Les livres prennent soin de nous: Pour une bibliothérapie créative" qui vantait les bénéfices de la lecture en multipliant les citations d'écrivains célèbres en soutien de cette "thèse" que personne d'ailleurs ne songe à contester.


Le livre de Marc-Alain Ouaknin se range d'emblée du côté de la philosophie et plus particulièrement d'une branche de celle-ci qui s'appelle l'herméneutique, c'est-à-dire la science de l'interprétation des textes. Même si l'auteur se montre particulièrement bon pédagogue en cherchant à définir les termes obscurs pour le profane (souvent en hébreu, en grec ou en latin) auxquels il a recours pour nous initier à cette science, cela reste difficile de comprendre son projet. Ou du moins faut-il s'accrocher et accepter d'être dérouté par des pratiques de lecture qui sont éloignées de nos habitudes de lecteurs occidentaux.


En effet M-A Ouaknin s'appuie beaucoup sur les pratiques d'enseignement des écoles rabbiniques ou talmudiques où l'on apprend à "jouer –avec beaucoup de plaisir d'ailleurs – avec les mots, avec les chiffres et les lettres, les voyelles et les consonnes, les consonnes sans voyelles, les homophonies, les homographies, la forme graphique des lettres, etc.", où, nous dit-il "le talmudique" est souvent proche du "tam-ludique". On apprend ainsi à vocaliser de différentes façons un mot (qui s'écrit en hébreu avec seulement ses consonnes) ce qui est source de riches polysémies. Si cela ne suffit pas pour ouvrir un texte à de nouveaux sens, on peut aussi avoir recours aux méthodes kabbalistes qui passent par un équivalent numérique des lettres de l'alphabet hébraïque. Il est fort à craindre que certains esprits cartésiens "décrochent" au sujet de ce qui peut apparaitre comme une sorte de jeu de hasard.


Il y a pourtant là, à mon avis, une conception très féconde de la lecture, qui ouvre le texte à de multiples interprétations et surtout à une participation active du lecteur au sens et à la valeur d'un texte. Ouaknin en appelle d'ailleurs à la confrontation de différentes lectures comme cela est systématisé dans les pratiques talmudiques. Il fait aussi référence à la psychanalyse où l'écoute, même flottante, de l'analyste, son attention aux double sens des mots notamment, peut, avec un peu de chance, conduire l'analysant à des lectures différentes du récit de sa vie.


Les chemins sur lesquels nous emmène l'auteur sont variés et ouvrent sur de vastes paysages philosophiques que je ne saurais résumer dans ces quelques lignes. S'appuyant sur un corpus de textes d'origine très diverses (depuis les exégèses du texte biblique comme le Talmud ou le Midrash jusqu'aux philosophes contemporains comme Ricoeur, Heidegger, Derrida, Levinas, en passant par de grands textes littéraires comme les Contes des Mille et une nuits, le Don Quichotte ou les romans et nouvelles de Kafka) ce livre est un plaidoyer pour une lecture toujours ouverte et renouvelée des textes qui est une condition pour que l'Homme reste lui aussi en devenir. Au delà de l'interprétation des textes, c'est bien d'une philosophie de l'Homme dont il est ici question.

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Un trésor de pépites qui mettent en évidence les bienfaits de la lecture
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Il s'agit là d'un essai de philosophie cossu sur tous les effets qu'a la lecture sur l'acte de "prendre soin de son âme" (thérapeia). La "lecture" doit être mise entre guillemets plus encore que la thérapie, car il est question surtout d'interprétation de l'écrit, en particulier d'herméneutique, de rupture des sens attendus (par l'habitude ou une lecture superficielle) et reconstruction par d'autres moyens (y compris kabbalistiques, par assonances, etc.) de nouveaux sens.
La double "casquette" de l'auteur, rabbin et philosophe, donne le la à la démarche: hélas, j'ai eu d'énormes difficultés à suivre les références talmudiques et en général la philologie hébraïque, de même que le côté philosophique, qui puise abondamment à Heidegger, à Ricoeur, à Lévinas et parfois à la psychanalyse notamment lacanienne... (Quelques lumières d'un ami spécialiste en ontologie n'ont pas été superflues...)
Des moments d'intense jouissance intellectuelle, surtout dans la partie "Langage, récit et identité" qui touche à des thèmes qui me sont plus proches, se sont alternés à des déserts d'ennui, en particulier sur la valeur numérique des mots et racines d'hébreu... de longues citations littéraires de textes très variés de Bachelard à Kafka à Rabbi Nahman de Braslav, etc etc, ont égayé les concepts tout en les faisant s'égailler... (phrase qui aurait bien trouvé sa place dans l'essai, je suppose!)
Je sors le dos rompu de cette lecture, interrompue et reprise sans cesse tout au long d'une période de presque six mois, mais globalement convaincu par l'idée de fond: que les noeuds de l'âme sont d'abord des noeuds du langage; qu'il faut donc éclater le sens avant de le reconstruire - seule la lecture peut le permettre - , et que l'identité (mais ceci vient de Ricoeur) s'en trouve ainsi "libérée". Avoir eu un petit aperçu des "méthodes" pluriséculaires des kabbalistes révèle sans doute aux profanes l'étendue de leur incapacité à les saisir, d'où évidemment tant de fascination et d'angoisse chez les ignares...
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Un auteur d'une culture immense.
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Ce livre magnifique pourrait être le livre de chevet de tout lecteur, le petit "livre rouge" de tous les membres de Babelio. le sous-titre du livre en donne la piste principale:
"lire, c'est guérir".
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Abandonné après la lecture de quelques chapitres.

Trop complexe, trop ésotérique pour moi. Les innombrables citations et interprétations de la Bible et du Talmud pendant les vingt premières pages m'ont convaincu que ce livre, quelles que soient ses qualités pour d'autres lecteurs, n'était pas pour moi.
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