Livre offert par Babelio. Masse critique.
C'est le premier livre écrit par l'auteure en 2020, née en 1979 au Burkina Fasso et arrivée en France à l'âge de 20 ans. Ce récit est autobiographique, il relate un acte injustifié qui a frappé son père, et par voie de conséquence, la famille entière. Ce père fonctionnaire, avait en charge le traitement mensuel de tous les fonctionnaires de sa région. Il fut injustement accusé d'avoir volé la totalité de la solde destinée aux agents, car étant le seul détenteur de la clé du local qui fut investi sans effraction, les soupçons portés sur lui l'ont immédiatement désigné coupable. Sans enquête, arrêté et emprisonné, il laissait sans ressources une épouse et sept (ou huit) enfants.
Elle nous immerge donc dans une ville Burkinabé, Fada N'Gourma, à 219 km à l'Est de Ouagadougou, nous décrivant ses habitants, ses coutumes, ses traditions ; les saisons humides et chaudes, ses odeurs et ses couleurs ; les légendes et superstitions africaines ; les représentants de la justice, tous plus ou moins corrompus ; les mesquineries, les lâchetés, les jalousies des humains ; et inévitablement, le système D. Face à ce tableau parfois accablant, elle détaille le rôle d'une épouse et d'une mère qui se bat au quotidien pour entretenir et élever seule ses enfants en vendant les galettes de mil qu'elle cuisine, ses uniques ressources.
C'est une chronique où elle salue avant tout le courage, la dignité et la détermination sans faille de sa mère durant les cinq années d'internement de son mari. Une femme seule qui s'oppose aux représentants de la justice, des hommes de loi, pas toujours soucieux de la probité de leur fonction, qui donc abusent souvent de leur autorité sur le menu peuple, ignorant.
L'objectif est louable. Cependant, son style est assez conventionnel, plat, sans véritable éclat émotionnel (auquel on devrait s'attendre vu le sujet développé). le déroulé de l'histoire est chronologique, toutefois, peut-être imprécis quant aux conditions de libération du père, qui d'après son témoignage n'a pas eu de procès ! Cinq années de prison pour rien, il y a de quoi se révolter !
En parallèle de ce récit, elle insère des paragraphes où elle témoigne de sa présence en tant que membre désigné pour représenter l'OIF (organisation internationale de la francophonie), lors d'une manifestation à Paris.
Initiative heureuse, car cela donne à l'ensemble un peu plus de relief et quelques notes de légèreté, notamment lorsqu'elle évoque de façon humoristique les expressions bien françaises, mais quasi ésotériques de « transculturalité » et « interculturalité » ! A nos dictionnaires ! Rencontre et événement certainement vertueux, néanmoins, la finalité de ces réunions officielles n'est en partie qu'un divertissement, où chacun vient y mesurer son égo face à son voisin francophone, Africain, Belge ou Québécois.
L'épilogue du livre est intéressant. En quelques pages, elle dénonce l'acte barbare dont elle a été victime à l'âge de 3 ans, accompagnée par sa soeur aînée, la mère absente : son excision. La description du lieu et de l'intervention sont très « gore » et semblent assez irréalistes dans l'horreur. Comme tant d'autres de ses consoeurs, victimes de la même mutilation, elle s'interroge, ne condamne pas, mais pour se « reconstruire », doit trouver une aide thérapeutique. Poids de la culture, complicité des femmes qui se résignent et perpétuent l'action encore au XXIème siècle, c'est à hurler de désespoir. Est-ce qu'une démarche locale de l'OIT serait envisageable et profitable ? Je m'égare !
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