Les vies se transforment en trajectoires. Les oscillations, les hésitations, les choix contrariés, les déterminations familiales, le libre-arbitre réduit comme peau de chagrin, les deux pas en avant trois pas en arrière sont tous gommés finalement pour ne laisser apparaître que le tracé d'une comète.
Elle l'avait rangé dans son tiroir de cons ordinaires. Ordinaires et inoffensifs.
La vie commune, c'est le temps et le déni du temps. Je ne me suis pas vue vieillir dans son regard.
on ne voit pas tout de suite que le beau tapis précieux du salon avec son motif savant est en fait un enchevêtrement de démons ricanants.
La petite regarda sa mère depuis le tapis où elle s'amusait avec ses jouets ( un crocodile en plastique discutant avec une poupée manchote habillée en skaï noir et rose ( Mais pourquoi habille-t-on dans ces contrées les poupées en pute ? se demandait toujours Vera Candida)).
Elle dirait que parfois l'on se met dans des situations qu'on ne maîtrise et ne veut pas maîtriser. On ne fait pas toujours, répéterait-elle en agitant un docte index, ce qui est bon pour soi.
Première rencontre de Vera Candida et Itxaga:
P112: "De toute façon elle décréta qu'il ne lui plaisait pas: il était trop grand et n'était pas assez vieil homme pour lui faire le moindre effet- sa grand-mère Rose Bustamente disait toujours qu'il fallait se choisir un homme beaucoup plus âgé que soi "parce qu'ils en ont fini avec leurs problèmes et peuvent ainsi s'occuper des tiens", elle ne disait jamais ce que les femmes de Vatupuna répétaient sans cesse, qu'elles attendaient d'un homme qu'il soit travailleur, qu'il les aime et les respecte, parce que, quand elle entendait ça, Rose Bustamente levait les yeux au ciel, haussait les épaules et s'exclamait, Autant espérer une pluie d'or du cul d'un âne.
Il y a des gens qui pensent qu’il suffit que vous leur plaisiez pour qu’ils aient droit à votre corps, énonçait souvent Rose Bustamente.
Attends la coïncidence des corps, ajoutait-elle.
Il faut que tu ne saches plus où commence ton corps et où finit celui de l’autre, complétait-elle.
"les vies se transforment en trajectoires. Les oscillations, les hésitations, les choix contrariés, les déterminations familiales, le libre arbitre réduit comme peau de chagrin, les deux pas en avant trois en arrière sont tous gommés finalement pour ne laisser apparaître que le tracé d'une comète" Cet extrait du livre résume pour moi l'histoire...
Elle s'interrogea, quand la mort vient lentement (puisque la mort s'installe bien plus souvent lentement que brutalement), les gens autour de vous deviennent-ils crépusculaires, les voyez-vous avec de moins en moins de clarté, l'ombre gagne-t-elle le champ de vision, deviendrai-je bleue comme les vieilles personnes le deviennent, que vais-je faire de toute ma connaissance et de toute mon expérience, que vont-elles devenir, vont-elles s'enfoncer dans le sol avec moi ou s'effilocher autour de ma tête et se disperser dans l'atmosphère? Mais la connaissance de quoi au fond?
Elle se rendit compte que, à chaque fois qu'elle avait lu un livre pendant toutes ces années, elle avait cherché un éblouissement, quelque chose qui lui dirait comment appréhender la mort. La barrière à franchir est dans ma tête, se dit-elle. Et en réalité il n'y a pas de barrière. Quelqu'un a tracé sur le sol une ligne et je l'enjambe avec une facilité déconcertante, d'un côté de l'autre d'un côté de l'autre, et hop vous voyez, il ne se passe rien de spécial. De ce côté-ci je suis avec les vivants, de ce côté-là je suis avec les morts. C'est comme un petit pas de danse que j'improvise pour vous.