Le problème est que casser une norme pour en imposer une autre n'est jamais libérateur.
J'ai décidé un jour de me faire cryogéniser le ventre. Oui, vous m'avez bien lue ; j'ai demandé à un chirurgien esthétique de me congeler les steaks, une technique barbare qui consiste à tuer par le froid les adipocytes (...). J'y ai laissé l'équivalent d'un mois de salaire, de l'argent dont j'avais besoin à ce moment-là. Il m'aura fallu aller jusqu'au bout de mon obsession pour me rendre compte de son absurdité. (...) Mon corps fonctionne bien, il me permet de vivre, respirer, courir, jouir, accoucher, j'ai la chance qu'il soit encore plein d'énergie, et au lieu de lui rendre grâce, je l'ai congelé.
Avoir conscience de ce type de constructions profondément conservatrices n'est certainement pas suffisant pour déconstruire nos fantasmes. En clair, on peut être féministe et mouiller en lisant l'histoire d'une bécasse qui découvre la vie dans les bras virils d'un parvenu en 4x4 Porsche. On peut même être catholique intégriste et rêver de se faire prendre par quinze inconnus au bois de Boulogne. Difficile parfois de combiner ses aspirations politiques et morales avec ses propres fantasmes. L'important n'est pas de vouloir les changer dans la minute, mais au moins de continuer à s'interroger et s'autoriser à questionner notre environnement culturel.
J'éviterai également de commenter le twerk que je peinais à cerner jusqu'à ce qu'une de ses adeptes ne m'explique qu'il s'agissait à l'origine d'une danse abortive censée aider les femmes à décrocher les embryons non désirés. J'adore l'anecdote, mais je reste dubitative face à la mise en scène de Nana à quatre pattes twerkant dans des jacuzzis à côté de mâles très fier d’étaler et leur pognon de parvenus et de boire du champagne en prenant des poses prétendument viriles. Je doute que les rappeurs y fassent l'apologie du droit à l'avortement.
p.83.
À force de faire croire aux femmes que l'épilation était "hygiénique ", elles ont fini par s'en persuader.
Je rêverais d’observer un jour les visages décomposés des fans de Kanye West s’il chantait I kissed a boy.
La liberté sexuelle, c'est la liberté de disposer de son corps. C'est effectivement la liberté d'avoir un rapport avec une personne du même genre sans subir d'homophobie ni de biphobie. Mais c'est aussi la liberté de ne pas en avoir envie, sans passer pour une ringarde. Rien n'a à être « tendance » en matière de sexualité. Le sujet est trop intime pour se laisser envahir par les diktats des magazines féminins.
« Nous sommes les seules décisionnaires de ce que nous faisons de notre corps, et rien ni personne ne devrait jamais nous dicter notre conduite. »
Le voile serait " symbole d'oppression " ? Ok, admettons. Certaines musulmanes diront que c'est faux, d'autres vous diront que c'est vrai, et moi j'ai envie de vous dire que ce n'est pas mon problème, et que j'ai simplement envie de vivre dans un pays où elles font ce qu'elles veulent.
[p74]
Ce sont les enfants qui sont imberbes. Car, devinez quoi, les poils ne sont pas signes de virilité mais… de puberté. En général, ils vont de pair avec l'apparition des règles et des appareils sexuels secondaires. Cela ne vous a jamais perturbées de penser que vos poils avaient commencé à pousser en même temps que vos seins ? Vous êtes toujours aussi certaines que les poils ne sont pas "féminins" ? Si vraiment vous voulez vous accrocher à la nature pour justifier des pratiques culturelles, rappelez-vous que d'un point de vue purement reproductif, vous n'êtes pas censées avoir de rapports sexuels avant l'apparition des poils. (p.84)