Un bourgeon, une feuille morte, la mort et la vie
Le fruit du hasard, non, un principe établi,
(p. 55 de l'édition folio n° 4847)
Et même le dialogue caustique, jonché de débris de verre sous ta plume, déborde d'humanité et d'émotion dans sa bouche.
(p. 42 de l'édition folio n° 4847)
Ici tout est vert, calme et désert.
Un corbeau sur un poteau figé.
Poussant presque de front deux cyprès.
Et un troisième en retrait.
(p. 124 de l'édition folio n° 4847)
Le visage de l'auteur s'empreint de solitude, de spiritualité et de tristesse, tandis qu'il débite mensonge sur mensonge. Aux questions de la salle : "pourquoi écrivez-vous, etc.", il donne des réponses subtiles, drôles ou évasives, les stéréotypes habituels. Comme son petit diplomate de père le lui
a enseigné.
Voici les questions qui reviennent sur le tapis: Pour quelle raison écrivez-vous? Et pourquoi de cette manière? Cherchez-vous à influencer vos lecteurs, et si oui? dans quel sens? Quel rôle vos récits jouent-ils? Biffez-vous, modifiez-vous constamment ou écrivez-vous d'un seul jet sous le coup de l'inspiration? Quel effet cela vous fait-il d'être célèbre?
(...) quel rôle jouent les récits, si rôle il y a ? A qui servent-ils ? Qui a besoin de ces élucubrations éculées, ces histoires de fesses frustrées, de lectrices vivant seules avec leur chat, de dauphine d'une Miss Plage d'Eilat, il y a vingt ans ? Aurais-tu l'obligeance de nous expliquer en bref, avec tes propres mots, ce que tu essaies de dire dans ce récit ?
On dit que, dans sa vie privée, c’est un homme simple, humainement parlant, quelqu’un d’ordinaire comme vous et moi, et voyez les histoires alambiquées qu’il invente. Il a sûrement eu une enfance difficile. Ce serait intéressant de connaître sa vie de couple. En tout cas, d’après ses livres, ça ne doit pas être rose tous les jours. Il est divorcé ? Non ! Deux fois ? Pas étonnant quand on lit ses bouquins : il n’y a pas de fumée sans feu. En tout cas, il ne ressemble pas à ses photos. Il a pris un coup de vieux, le bonhomme. Quel âge peut-il avoir ? Dans les quarante-cinq, non ? Au maximum. Vous savez quoi, j’étais sûre et certaine qu’il était beaucoup plus grand.
On en revient aux questions fondamentales figurant au début : qu'est-ce qui te pousses à écrire ? Et pourquoi de cette manière ? Tes textes servent-ils à la société, à l'Etat, où contribuent-ils à approfondir les valeurs morales ? Qui ambitionnes-tu d'influencer ? Écris-tu pour la gloire ? Ou pour l'argent ?
(...) pendant des millions d'années, des trillions de créatures ont pullulé sur terre sans jamais expérimenter la mort. Les unicellulaires ne mouraient jamais, ils se divisaient à l'infini : chacun se scindant en deux, puis en quatre, en huit, etc. La mort n'existait pas. Ce n'est qu'à l'ère actuelle, à l'apparition d'un autre mode de reproduction par fécondation, que sont survenus le vieillissement et la mort.