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Sylvie Cohen (Traducteur)
EAN : 9782070785353
144 pages
Gallimard (10/01/2008)
2.92/5   52 notes
Résumé :
Quand un grand écrivain ne parvient pas à rester concentré tandis qu'il se trouve sur la scène d'un centre culturel lors d'une soirée organisée en son honneur, les choses risquent de déraper. Il anticipe les questions du public, si prévisibles, si ennuyeuses.
Alors pourquoi pas laisser son esprit divaguer, son regard se promener dans la salle ?
S'emparer des silhouettes et des visages aperçus afin de leur inventer un destin, une biographie ou simplemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Ce court roman raconte une nuit de la vie d'un écrivain connu et respecté qui se dédouble en narrateur. Le principal sujet en est la création littéraire, narrative, mais aussi poétique, dans la mesure où l'un des personnages est un certain Tsefania Beit-Ha'lachmi, poète dont on vient d'apprendre le décès. Est-ce que le récit de cette nuit d'été est le fruit de l'imagination et du désir créateur de l'écrivain personnage archétypal, autrement dit de la fiction, ou bien une réalité simplement relayée par l'écriture ? Il nous appartient à nous, lecteurs, de répondre à cette question selon que nous croyons l'auteur légitimement omniscient et omnipotent.
Ce fut pour moi une lecture agréable dont résonneront assez longtemps les lignes suivantes : « écrire le monde tel qu'il est, tâcher d'emprisonner une nuance, un parfum ou un son dans des mots, c'est un peu comme jouer du Schubert en présence du compositeur qui ricane dans la salle obscure. »
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Lorsque tu veux découvrir pour la première fois un écrivain, il est souhaitable de s'attaquer à son chef-d'oeuvre. Or cette règle n'est pas toujours sacrée; surtout lorsqu'il s'agit d'un grand écrivain comme Amos Oz. Car, il met tout son art dans chaque production. Ainsi dans ce court roman qui apparaît comme un exercice de détente dans la carrière d'Oz (le magicien des lettres) est en vérité un roman très profond, une fête de la littérature et de la fiction. Dès la première page, on est charmé par la bonne humeur du narrateur (auteur de renommée), puis par la fluidité du récit .
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Tout écrivain doit nécessairement avoir une imagination foisonnante mais dans cet écrit, le personnage principal, "l'auteur" en est doté semble-t-il plus que de nécessaire. En début de lecture la chose est attrayante et pousse à sourire mais peu à peu cette imagination débordante devient étouffante et se métamorphose en une sorte de vampire, de démon ne laissant aucune possibilité à sa proie de se ressaisir. L'auteur ne semble présent désormais que par ses automatismes et la bête ne le lâche plus. Aucune réponse ne serra donnée à ses questions concernant le pourquoi de l'écriture car la possibilité de se concentrer désormais lui échappe. On voudrait presque répondre pour lui, sentant que c'est justement dans les moments d'écriture, quand l'auteur accouche la bête, que le répit se fait, double délivrance où l'auteur se réapproprie sa vie. Son "pourquoi de l'écriture" relèverait-il de la survie ? de la conservation de sa santé mentale ? et que reste-t'il de sa vie intime dont sa vie publique se nourrit jusqu'à s'emparer de ses souvenirs d'enfance
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Le détail peut-il devenir le protagoniste principal d'un roman ? Est-il possible de capturer, de manière désinvolte et presque apathique, un détail humain ou paysager et de le transformer lentement en déclencheur d'une explosion imaginative ? L'absence d'intrigue réelle peut-elle être compensée par un enchevêtrement suggestif et infini d'hypothèses ? Amos Oz répond à ces questions dans son roman Vie et mort en quatre rimes.
Pourquoi écrivez-vous ? L'auteur le demande dès la première ligne, comme s'il voulait se le demander à lui-même et aux lecteurs, en utilisant la similitude sonore existant entre les deux verbes : pourquoi vis-tu, pourquoi vis-tu ?
Les questions qui suivront ne seront pas de simples curiosités esthétiques de salon littéraire, mais de véritables coupes anatomiques capables de révéler les intentions les plus intimes de ce personnage qui sera présenté de manière obsessionnelle, tout au long du flux narratif, comme l'écrivain. Amos Oz, en effet, parle de lui-même en utilisant la troisième personne, Il, l'écrivain, comme s'il voulait réaliser pleinement un nécessaire processus d'aliénation grâce auquel il est capable de pénétrer dans la vie des autres et d'évaluer la sienne. S'observer de l'extérieur pour démystifier l'image que chacun a de soi et retrouver cette ironie essentielle, déconstructrice et jamais irrespectueuse capable de nous faire glisser dans la vie des autres.
La ligne à peine aperçue des sous-vêtements d'une serveuse, une personne touchée dans la journée, un visage photographié par hasard dans le public, un ricanement, une grosse cuisse, une veine gonflée, un visage grêlé, un mot flou et d'innombrables autres éléments deviennent utilisables. des prétextes pour jouer et décrocher le billet d'entrée au Festival des Hypothèses. Qui est? Qu'est ce qu'il va faire? Où vit-il? Qu'en penses-tu? Par quoi est-il opprimé ? Exercices d'imagination pour les écrivains qui n'aiment pas les légendes pratiques fournies par d'autres.
L'auteur ne nous laisse pas en dehors de ce jeu merveilleux et fascinant mais nous invite avec insistance à y participer en parsemant tout le roman de grappes de questions, nous permettant ainsi d'être témoins directement des processus mentaux de l'écrivain. Donner au lecteur la possibilité de choisir avec lui et d'ajouter d'autres questions : les siennes.
L'empathie imaginative de l'écrivain ne connaît pas de frontières de caractère ni même de différence de sexe : il devient une femme, un vieil homme, un jeune homme immature, stupide, trompé, intelligent, un tyran, un infirmier, un insecte... Il devient sueur, pisse, l'humidité, la cigarette, l'obscurité, le présent, le passé… Il trace des angoisses, rationalise l'inexistant et rumine pour les autres des syllogismes jamais vraiment pensés ;il envahit l'intimité, les territoires et les temps sans invitation.Il décrit les jalousies et les questions d'un chat, la vie et les bruits dans des appartements jamais visités et, il nous fait même participer aux pensées et aux décisions les plus sérieuses de Dieu.
Fragments de vie juxtaposés ou superposés : noms, dates, lieux deviennent des détails négligeables, parfois tirés du passé et parfois non, et si l'auteur décide de les utiliser c'est uniquement pour éviter de créer une confusion chez le lecteur et pour officialiser ses propres fantasmes.
Nous, lecteurs, «solitaires qui nous consumons entre les pages du livre...», mais lecteurs de Amos Oz en français, nous ajoutons un autre plaisir à le lire, celui de remarqiuables traductions, ici Sylvie Cohen.




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Connu sous son pseudonyme d'Amos Oz (« force » en hébreu) Amos Klausner, né à Jérusalem en 1939 et mort le 28 décembre 2018 à Tel-Aviv, est un poète, romancier et essayiste israélien. Professeur de littérature à l'université Ben Gourion de Beer-Sheva, Amos Oz était le cofondateur du mouvement La Paix maintenant et un fervent partisan de la solution d'un double Etat au conflit israélo-palestinien. Son oeuvre compte plusieurs recueils de nouvelles, des essais et une petite vingtaine de romans. Vie et mort en quatre rimes date de 2008.
Un écrivain connu est convié à une soirée donnée en son honneur dans un centre culturel. Très vite il s'ennuie, las de ces réunions où l'on discute de son oeuvre et où il doit répondre aux questions du public sur son dernier roman. Cette routine promotionnelle laisse le champ libre à son imagination…
Quel astucieux petit roman ! le héros du livre, écrivain célèbre mais anonyme pour nous lecteurs, va tromper son ennui en imaginant des vies fictives aux spectateurs venus l'interroger ou le voir par simple curiosité. de telle ou tel, Amos Oz, oups ! pardon, l'écrivain célèbre héros du roman, va dresser d'improbables portraits plus ou moins farfelus ou drôles et les placer dans des situations ne l'étant pas moins le plus souvent. Vous l'aurez compris, nous sommes au coeur de la création littéraire. Quasiment en direct grâce à un tour de passe-passe de ce magicien d'Oz. Amos Oz l'écrivain réel a créé un écrivain sans nom qui lui-même créé les personnages d'un éventuel roman à écrire…
Du coup tout se mêle, la réalité (néanmoins fictive puisque nous sommes dans un roman !) de la réunion culturelle et les histoires nées de l'imagination de l'écrivain sans nom. Par exemple, Rochale Reznik, comédienne chargée de lire des extraits du roman de l'écrivain lors de cette soirée, va devenir un personnage central du bouquin que nous lisons (Et de Rochale devenir Rachel) par le biais d'une aventure sentimentale/sexuelle entre elle et l'écrivain. Un coup d'une soirée dont on ne saura jamais vraiment s'il a bien existé ou s'il est sorti de l'imagination de chacun des deux protagonistes par ailleurs hésitants et timides ; en tout cas, une dizaine de pages d'une très grande qualité littéraire où la scène de sexe nous est livrée d'une écriture délicate toute de tendresse et de drôlerie mêlée. du grand art.
Avec ce roman Amos Oz s'interroge sur le rôle ou le but de l'écrivain et de l'écriture : « Qu'est-ce qui te pousse à écrire ? Et pourquoi de cette manière ? (…) Quel rôle joue tes récits, si rôle il y a ? » Questions qui resteront sans réponses précises mais qu'importe puisque le lecteur aura passé un bon moment à jubiler in petto.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Et même le dialogue caustique, jonché de débris de verre sous ta plume, déborde d'humanité et d'émotion dans sa bouche.
(p. 42 de l'édition folio n° 4847)
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Un bourgeon, une feuille morte, la mort et la vie
Le fruit du hasard, non, un principe établi,
(p. 55 de l'édition folio n° 4847)
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On dit que, dans sa vie privée, c’est un homme simple, humainement parlant, quelqu’un d’ordinaire comme vous et moi, et voyez les histoires alambiquées qu’il invente. Il a sûrement eu une enfance difficile. Ce serait intéressant de connaître sa vie de couple. En tout cas, d’après ses livres, ça ne doit pas être rose tous les jours. Il est divorcé ? Non ! Deux fois ? Pas étonnant quand on lit ses bouquins : il n’y a pas de fumée sans feu. En tout cas, il ne ressemble pas à ses photos. Il a pris un coup de vieux, le bonhomme. Quel âge peut-il avoir ? Dans les quarante-cinq, non ? Au maximum. Vous savez quoi, j’étais sûre et certaine qu’il était beaucoup plus grand.
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Ici tout est vert, calme et désert.
Un corbeau sur un poteau figé.
Poussant presque de front deux cyprès.
Et un troisième en retrait.
(p. 124 de l'édition folio n° 4847)
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Le visage de l'auteur s'empreint de solitude, de spiritualité et de tristesse, tandis qu'il débite mensonge sur mensonge. Aux questions de la salle : "pourquoi écrivez-vous, etc.", il donne des réponses subtiles, drôles ou évasives, les stéréotypes habituels. Comme son petit diplomate de père le lui
a enseigné.
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Vidéo de Amos Oz
1/10 Amos Oz : Ailleurs peut-être (France Culture - Adaptation radiophonique). Diffusion sur France Culture du 20 juin au 1er juillet 2016. Photographie : Arad. Amos Oz. 2004 © MICHA BAR AM / MAGNUM PHOTOS. La vie de tous les jours dans un kibboutz imaginaire des années 60, décrite par un des plus grands écrivains israéliens contemporains. Roman traduit de l’hébreu par Judith Kauffmann. Adaptation : Victoria Kaario. Réalisation : Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière. Ce feuilleton en dix épisodes est l’adaptation du premier roman d’Amos Oz, « Ailleurs peut-être », publié aux Éditions Gallimard. Amos Oz y dépeint la vie des membres d’un kibboutz imaginaire, celui de Metsoudat-Ram, dans les années soixante. Sur le fil d’une année, Ezra, Reouven, Bronka, Noga et les autres, s’aiment, se trompent, se quittent, font des enfants, légitimes ou pas. Et ces drames intimes qui jalonnent le récit n’entravent en rien la marche de la vie collective, rythmée tant par les célébrations communistes que par les rumeurs qui empoisonnent la vie des villageois. 1er épisode : Un village idyllique, Messieurs-dames 2ème épisode : Le charme de la banalité quotidienne 3ème épisode : Le Premier Mai 4ème épisode : Puissance du mal 5ème épisode : Deux femmes 6ème épisode : Soirées poétiques 7ème épisode : Un personnage diabolique 8ème épisode : Tu es à nous 9ème épisode : Idylle familiale 10ème épisode : Tableau final Avec : Violaine Schwartz, Quentin Baillot, Jean-Gabriel Nordmann, Evelyne Guimmara, Mohamed Rouabhi, Christine Culerier, Rebecca Stella, Nicolas Lê Quang et bien d’autres Bruitage : Sophie Bissantz Equipe de réalisation : Bernard Lagnel et Anil Bhosle Assistante de réalisation : Julie Gainet Source : France Culture
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