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sur 141 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mona Ozouf est historienne de la Révolution française. Pourtant, dans ce récit, elle se fait d'abord historienne de sa famille et de son enfance, notamment des liens de celles-ci avec la Bretagne et avec la langue bretonne. La charmante polysémie du titre nous invite à découvrir à la fois les particularités d'une composante de la France, en sa partie la plus occidentale,et, dans ses chapitres plus historiques, un exercice plus universitaire, dans lequel l'autrice expose ses idées face à celles d'autres historiens. Si les noms de ces derniers m'étaient généralement connus, je ne suis pas toujours assez familière de leurs thèses et j'ai pu apprécier des les voir ainsi mises en perspective. La partie centrale de cette "composition" fait la part belle aux souvenirs personnels de cette fille d'instituteur breton militant dans la première moitié du XXe siècle et de la difficulté à concilier les enseignements souvent contradictoires de l'église, de l'école et de la maison.
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C'est l'histoire d'une enfance bretonne, et c'est bien plus.
Mona Ozouf est issue d'une famille bretonne modeste ayant accédé à une petite aisance, famille "demi pieuse" et "semi bourgeoise" selon ses termes : sa mère est institutrice, son père enseignant également. Disparu très tôt, il fut un militant très actif de la cause bretonne. C'est dans cette ambiance que la petite Mona vécut : la présence forte du père disparu et la cause régionaliste prégnante. Mais, contrairement à de nombreuses familles bretonnes, elle fut scolarisée dans l'école laïque, celle de la République. Là son horizon s'élargit aux valeurs universalistes des hommes de la Révolution française.
D'où le débat ouvert dans la deuxième partie du livre, celui qui oppose particularismes et universalisme, Girondins et Jacobins, tradition et modernité, un débat toujours actuel. En définitive, elle parvint à montrer que les uns et les autres ne sont pas inconciliables.
Passionnant.
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Pour ceux qui chercheraient à s'interroger sur la notion d'identité de manière simple et concrète, je leur conseille alors "Composition française. Retour sur une enfance bretonne", de Mona Ozouf. C'est un livre qui apparaît, à travers son titre, traiter du passé, mais qui touche vraiment au coeur de notre actualité sociale et politique. Ce qui est particulièrement original dans cette oeuvre, est l'évocation personnelle de l'historienne comme support à une étude historique et philosophique. Si elle ne respecte pas la sacro-sainte règle d'objectivité scientifique, son analyse ne souffre en aucun cas d'un manque d'honnêteté ni de rigueur. L'histoire de ses proches, ses parents et sa grand-mère maternelle, et l'histoire de sa formation, dévoilent ainsi toute la complexité de la notion d'identité et surtout témoignent des difficultés à faire coexister les multiples cercles d'appartenances, allant de la cellule familiale à l'universel, à une époque où les références se sont modifiées en accordant la primauté à l'individu.
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Mona Ozouf fait un retour sur son enfance bretonne. Elle évoque son père trop vite disparu, militant breton, sa mère institutrice, sa grand-mère fervente catholique. Bien des contradictions rendent sa vie de petite fille et d'adolescente difficile : parler la langue bretonne à la maison mais interdite à l'école ; des valeurs véhiculées par des parents enseignants à l'école laïque et une morale religieuse inculquée par l'aïeule… Devenue historienne et philosophe française, elle s'intéresse particulièrement à la révolution française. A travers cet ouvrage, elle mène une réflexion, souvent ardue, sur les dilemmes entre particularisme et État central, entre communautarisme et République. Comment combiner spécificités minoritaires ou régionales et valeurs universelles ou républicaines pour créer et vivre ensemble une France composée apaisée?
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Témoignage assez étonnant. Mona Ozouf revient sur son enfance bretonne et sa situation particulière, originale et inconfortable. Née en 1931, fille unique d'une institutrice laïque et d'un militant breton mort prématurément mais dont le combat est repris par sa mère (donc la grand mère de l'auteur).dans une Bretagne encore traditionnelle dans laquelle la langue bretonne est très présente même si elle recule. Mona grandit partagée entre l'universalisme français et le particularisme breton, la religion très présente et la laïcité, les légendes celtiques et la République, le français et le breton. Puis elle s'interroge : elle qui est devenue une historienne spécialiste de la Révolution Française combattue en Bretagne et symbole du centralisme jacobin n'a t'elle pas trahi son père?
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Un roman fort bien écrit, dans lequel s'exprime non seulement l'amour du "pays" mais aussi celui de la langue qui peut faire l'unité, le français et non le dialecte du terroir. Y ai-je trouvé un écho de mon enfance liée au terroir- non pas breton mais poitevin- moins singulier mais loin quand même de l'ouverture à " l'étranger" ? En tout cas, il m'a fortement interpellée.
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Comme dans les meilleures recettes de cuisine, qui réussissent un met délicieux avec l'assemblage de produits disparates, Mona Ozouf écrit un beau livre dans lequel chacun trouvera ce qu'il aime : La Bretagne traditionnelle de l'enfance, avec sa langue, ses militants et leur histoire, et toute la beauté de cette Province. Mais aussi l'histoire de la République jacobine et de son effort pour rassembler et dissoudre les particularités des pays, ceci sur plusieurs siècles. le rôle de l'École et des instituteurs, si familiers à l'auteur, y sont magnifiquement traités, comme la dialectique, plus philosophique, de l'unité et de la diversité, qui se retrouve aujourd'hui dans l'affaire du voile. Ce qui séduit, dans le ton de cet essai, c'est cette manière familière, à travers des souvenirs d'enfance vivaces, d'embrasser l'histoire d'un pays et l'émergence de la République, dans le mouvement naturel d'un récit national familier qui mêle le particulier à l'universel. Cette "composition française" mérite vraiment une très bonne note !
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Une lecture que je découvre trop tard pour pouvoir en parler avec mon grand-père qui l'aurait beaucoup appréciée... Il était de la même génération que Mona Ozouf, et, s'il était berrichon et non breton, il professait un même respect pour l'école républicaine, l'Ecole, qui lui avait permis de s'élever socialement et de se cultiver grâce à la méritocratie républicaine. Il était lui aussi un farouche partisan de la laïcité.
Mona Ozouf ne livre pas ici une autobiographie classique, mais elle se sert plutôt de son parcours pour revenir sur des thèmes qu'elle a exploré durant toute sa carrière de chercheuse sur la Révolution française, l'identité, le communautarisme, le particularisme, la place des femmes, le rôle des croyances et des prêtres.
Mais comme elle revient sur son enfance, c'est aussi un hommage à la culture, à la littérature et à la langue bretonnes - j'ai d'ailleurs pensé plusieurs fois au Cheval d'orgueil de Pierre Jakez Elias, à la force des femmes de sa famille. C'est aussi une déclaration d'amour à son père qu'elle a peu connu et qu'elle essaye de retrouver, mêlant ses souvenirs personnels et la démarche historique ; son père qui lui a fait découvrir l'amour de la littérature, quelque soit la langue finalement.
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Une composition fignolée, pimpante, comme dirait Mona Ozouf, que cet ouvrage où la biographie est au service d'un propos plus large, le rapport quasi schizophrène que nous entretenons entre le général et le particulier, l'intime et le public.
Alors que je lisais les chroniques de Mona Ozouf depuis toujours dans le Nouvel Obs, oui ça date, j'ai découvert a l'occasion de son titre de "Bretonne de l'année" 2023, son origine bretonne et même bretonnante. Son nom de famille, en réalité celui de son mari, avait pour moi des consonances d'ailleurs.
Mona Ozouf part donc de son cas particulier, bretonnante et fille de militants de la cause bretonne, mais aussi fille d'instituteurs de la République et par la agents du centralisme français, pour nous tracer une analyse historique de ce creuset égalitaire.
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Livre acheté en Bretagne lors d'une rando à Audierne. Fille de deux instituteurs bretonnants et militants de la cause bretonne. Sa mère et sa grand-mère, toutes deux bretonnantes, communiquent en breton, et son père lui apprend à lire en breton. Orpheline de père à 4 ans, elle est élevée par sa mère (institutrice) et sa grand-mère. Historienne et philosophe de formation, son analyse ne souffre pas d'un manque d'honnêteté ni de rigueur. Elle indique l'histoire de ses proches et de sa formation, dévoilant ainsi toute la complexité de la notion d'identité, dans un territoire exigu entre école, église et maison où il fallait vivre avec trois lots de croyances disparates. A la maison, tout parlait de l'appartenance à la Bretagne. L'école professait l'indifférence aux identités locales (comme si la pluralité était une menace). Quant à l'église, la foi enseignée contredisait celle de l'école et celle de la maison. Difficile de s'y retrouver. Elle évoque, Louis Guilloux (auteur le sang noir) mari de son enseignante en 3ème. C'est un essai érudit, fourmillant de références historiques et philosophiques, j'ai eu parfois du mal à suivre, et pour les longueurs aussi !


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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