Citations sur Comment je suis devenu stupide (90)
Le soleil brillait enfin sur Paris. Les pots d'échappement diffusaient leurs polluants comme les pollens d'une nouvelle ère, ensemençant dans les poumons des Parisiens et des touristes la future flore d'une civilisation malade.
... je pense qu'être intelligent est pire que d'être bête, parce que quelqu'un de bête ne s'en rend pas compte, tandis que quelqu'un d'intelligent, même humble et modeste, le sait forcément.
Il n'avait que trop souvent constaté que l'intelligence est le mot qui désigne des sottises bien construites et joliment prononcées, qu'elle est si dévoyée que l'on a souvent plus avantage à être bête qu'intellectuel assermenté.
"…pur produit du système éducatif Rodolphe pouvait espérer obtenir un poste de maître de conférence d'ici à deux ans, passer professeur d'université dans 7 ans et mourir complètement oublié une soixante d'années plus tard en laissant une œuvre qui influencera des générations de termites."
On ne pourrait pas enlever une partie de mes neurones ? Il y a les banques d'organes, les banques du sang, les banques du sperme, ça doit bien exister, les banques de neurones, non ? Comme ça, ceux qui ont trop de neurones peuvent en donner à tous ceux qui en ont une carence. En plus, ce serait un geste humanitaire.
Il avait peu d'amis, car il souffrait de cette sorte d'asocialité qui vient de trop de tolérance et de compréhension. Ses goûts sans exclusive, disparates, le bannissaient des groupes qui se forment sur des dégoûts. [...] Etre pour un contre était pour lui une insupportable limitation de questions complexes. En plus de cela, il possédait une timidité à laquelle il tenait comme à un vestige enfantin. Il lui semblait qu'un être humain était si vaste et si riche qu'il n'y avait pas plus grande vanité en ce monde que d'être trop sûr de soi face aux autres, face à l'inconnu et aux incertitudes que représentaient chacun. [...] Enfin, si, raisonnablement, il croyait en lui-même, il s'efforçait de ne pas trop croire à ce qu'il pensait, car il savait combien les mots de notre esprit aiment à nous rendre service et à nous réconforter en nous dupant.
Il avait toujours semblé à Antoine avoir l'âge des chiens. Quand il avait sept ans, il se sentait usé comme un homme de quarante-neuf ans; à onze, il avait les désillusions d'un vieillard de soixante-dix-sept ans. Aujourd'hui, à vingt-cinq ans, espérant une vie un peu douce, Antoine avait pris la résolution de couvrir son cerveau du suaire de la stupidité. Il n’avait que trop souvent constaté que l’intelligence est le mot qui désigne des sottises bien construites et joliment prononcées, qu’elle est si dévoyée que l’on a souvent plus avantage à être bête qu’intellectuel assermenté. L’intelligence rend malheureux, solitaire, pauvre, quand le déguisement de l’intelligence offre une immortalité de papier journal et l’admiration de ceux qui croient ce qu’ils lisent.
Je n'arrive pas à arrêter mon cerveau, à ralentir sa cadence. Je me sens comme une locomotive, une vieille locomotive qui fonce sur les rails, et qui ne pourra jamais s'arrêter, car le carburant qui lui donne sa puissance vertigineuse, son charbon, est le monde.
-- ... quand tu vas acheter du pain, tu cites du Shakespeare à la boulangère? "Acheter des croissants au beurre ou des pains au chocolat, là est la question." Je préfèrerais que tu parles, toi, pas que tu convoques un foutu grand écrivain. Si tu veux mon avis, c'est trop facile, les citations, parce qu'il y a tellement de grands écrivains qui ont dit tellement de choses qu'on aurait même plus besoin d'exprimer une opinion personnelle.
Ce sont les insectes qui, en âge, en nombre et en territoire occupé, sont les véritables maîtres de la planète. L'organisation sociale des fourmis, par exemple est bien plus performante que ne le sera jamais la nôtre, et aucune fourmi n'a de chaire à la Sorbonne.